Ouvrir mon coeur

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« Grâce au Reiyukai, j’ai commencé à ouvrir mon cœur. »

Je m’appelle Yan, je pratique depuis cinq ans et demi. Durant cette période, j’ai commencé à prendre réellement conscience de mes tendances élitistes, arrogantes et compétitives, et de ma difficulté à être dans un lien simple, détendu, non-jugeant, bienveillant et chaleureux avec les autres. Je me souviens de mon premier séminaire : il m’était insupportable d’être en présence d’autant de gens à qui je n’avais rien à dire et qui ne m’intéressaient pas vraiment. Durant la soirée conviviale, je m’étais enfui pour marcher seul dans la campagne.

Grâce au Reiyukai, j’ai commencé à ouvrir mon cœur, à ma famille, aux compagnons que j’ai eu la chance d’accueillir et à une variété de personnes de tous horizons alors qu’auparavant je choisissais plus ou moins consciemment mes fréquentations, celles qui en apparence m’étaient utiles ou me mettaient en valeur. Je découvre petit à petit une vie de plus en plus douce, détendue et harmonieuse, qui découle de l’intérêt qui se développe pour les autres, des barrières qui tombent, même s’il y a encore du pain sur la planche !

Accepter l’inconnu

Il y a un an, j’avais décidé de monter une équipe de trois personnes pour un tournoi de Slam (forme de poésie déclamée en public). J’avais proposé à un ami dont je connaissais le talent pour l’écriture de me rejoindre, ce qui l’avait beaucoup réjoui. Nous avons cherché un troisième larron. J’ai demandé à mon association si un des slameurs que je connaissais était disponible, mais on m’a proposé d’intégrer à notre équipe un jeune homme que je connaissais à peine, Paul. Ma première réaction a été négative : je voulais choisir les membres de mon équipe, des gens que je connaissais, dans l’optique de gagner. Comme je pratique, j’ai reconnu cet état d’esprit négatif, je me suis remis en cause et j’ai accepté cette relation qui m’était offerte. Lors de notre préparation pour le tournoi, Paul nous a permis de faire des choses que ni mon collègue ni moi n’avions jamais essayées, comme d’improviser de la poésie, quitte à dire les âneries qui nous passait par la tête, et surtout de nous dérider. L’intello littéraire et un peu coincé que je suis en avait bien besoin ! Après le tournoi, je m’étais retrouvé dans le train avec Paul et avais évoqué la pratique, mais ce n’était pas allé plus loin. Et nous nous sommes perdus de vue…

Au mois de février de cette année, alors que des états négatifs se levaient en moi, je suis allé devant mon autel pour me remettre en cause et demander comment je pouvais prendre mon rôle de bodhisattva. Après la récitation, je regarde mon téléphone : un message de Paul. C’était clair pour moi ! J’ai cependant encore dû surmonter des résistances avant d’oser lui proposer la pratique, mais à ma grande joie, il a manifesté de l’intérêt pour venir découvrir. L’intérêt était là, mais ça ne se faisait pas encore, les dates des réunions ne collaient pas avec son agenda.

Prendre mon rôle de bodhisattva

Puis la pandémie de coronavirus et le confinement sont arrivés. Mon premier réflexe a été de me réjouir : être enfermé chez moi, ne voir personne, lire des livres, travailler à mes projets personnels, cela me réjouissait beaucoup dans le fond. A nouveau, comme je pratique depuis un moment, j’ai vu qu’il y avait quelque chose d’erroné dans cette attitude trop centrée sur moi, et j’ai appris à voir que vivre uniquement ainsi ne me rendait pas réellement heureux. J’ai alors demandé devant mon autel comment prendre mon rôle pour les autres durant cette période. Je dois reconnaître que ma demande n’était pas très sincère au début : j’avais peur qu’on m’envoie trop de boulot et que cela me sorte de mon petit confort. Timoré le bodhisattva ! Au bout de trois jours, quand ma demande a commencé à devenir un peu plus sincère, j’ai pu être en lien avec mon petit frère, ma nièce et mon neveu par Skype. Ça n’était jamais arrivé. Le jour-même, ma nièce m’a recontacté pour que je lui lise une histoire par téléphone. J’ai ressenti que c’était une première tâche à ma mesure qui m’était offerte pour me mettre au service des autres. Et cela m’a beaucoup réjoui. Cette semaine-là, beaucoup de compagnons se sont reliés d’eux-mêmes et deux personnes que j’avais invitées à découvrir, dont Paul, sont venues à une réunion et ont commencé à pratiquer !

Faire grandir mon cœur

Encouragé par cette expérience, j’ai continué à demander un peu plus sincèrement ce que je pouvais faire pour les autres durant cette période, et j’ai exprimé cette détermination lors de la réunion suivante. Le jour-même, on m’a contacté pour me proposer de faire des vidéos humoristiques pour des personnes âgées confinées chez elles. Ma première réaction a d’abord été négative devant le travail que cela impliquait, travail bénévole et peu utile à ma carrière artistique. Je me suis vite corrigé voyant qu’on m’offrait la possibilité, de façon très simple, à ma mesure et, dans le fond, joyeuse, de mettre mes compétences au service des autres. Je vois que cette possibilité de faire rire les autres est un excellent exercice pour mon progrès, pour dégonfler mon ego, faire grandir mon cœur, me rendre plus humain et devenir petit à petit quelqu’un dont le projet est de réjouir les autres de façon désintéressée. Le monde spirituel est très généreux.

Yan