« Développez votre être intérieur ! Éduquez votre esprit ! Balayez les poussières qui recouvrent votre âme ! Débarrassez-vous du carcan des obstacles karmiques et purifiez votre cœur ! Tel est l’Enseignement du Bouddha. »
Voici comment Kimi Kotani encourageait les membres du Reiyukai conscients de leur héritage karmique et désireux d’en résoudre les conséquences. L’expérience de Cécile en est une illustration…
Je m’appelle Cécile, je suis née il y a 53 ans. A ma naissance, mes grands-parents et mes parents m’ont offert le grand livre des conceptions et illusions familiales. Ils me l’ont lu puis j’ai pris le relai et l’ai gardé précieusement. Comme j’étais un « garçon manqué », toujours très énervée, mon grand-père m’a donné pour me défendre « son bazouka de la parole ». Je me suis entraînée sur ma famille puis dans les relations extérieures. J’étais donc bizarrement équipée pour affronter la vie !
Lorsque j’ai poussé la porte du Reiyukai grâce à une amie, je me suis enthousiasmée. « J’ai envie de progresser », ai-je dit à mon amie.
Des illusions tenaces
Dès le début, j’aurais dû avoir envie de laisser tout cet équipement inadéquat mais je n’étais pas consciente d’en être armée puisqu’il faisait partie intégrante de ma constitution pour ainsi dire. A de nombreuses reprises, mes aînés de pratique m’ont fait remarquer combien je réagissais aux situations avec mes conceptions. Cela avait juste le don de m’énerver. A aucun moment je n’ai eu l’idée d’en faire un sujet de pratique. Même le fait que des compagnons de pratique arrêtent n’a pas ouvert en moi un espace de conscience. J’étais vraiment dans mes illusions mais persuadée d’être déterminée à progresser…
La prison des émotions
30 ans plus tard…
Je déjeune régulièrement au Centre et un midi j’avais à peine ouvert la bouche que Yasukasu Shinoda s’adressa en ces termes à Claudine Shinoda :
« Tu ne vois pas que ce qu’elle exprime n’est que conception ? 100% dans ses conceptions ?
– Si je le vois », fut la réponse laconique de Claudine.
Enervée est un mot faible pour exprimer mes émotions de ce jour-là ! 100% de conceptions ! Là, il n’y avait plus trop de marge de manœuvre. Soit j’arrêtais cette pratique soit il se passait quelque chose. Ma conscience profonde savait que c’était juste mais mes émotions étaient plus fortes. J’ai ruminé pendant deux mois et je suis revenue déjeuner au Centre « bazooka chargé » Yasukasu Shinoda en a fait les frais et sa réponse fut :
« Tu ne vois pas mon cœur pour ton progrès…
et l’un des pratiquants, présent ce jour-là, d’ajouter :
-Quand ça nous touche profondément on ne veut pas entendre… »
Un nouvel état d’esprit…
Quelques jours après cette rencontre, j’ai baissé les armes. Alors s’est levée la détermination de sortir de mes conceptions et de voir quelle conception principale gênait mon progrès. J’ai fait cette demande à chaque récitation du Soutra, j’ai continué à m’investir dans les relations avec mes compagnes et les personnes du cercle et du groupe. Des manifestations concrètes se sont alors produites dans le lien avec une compagne. Sa manière de pratiquer m’interrogeait car nous avions peu de liens. Un jour, à l’issue d’une réunion, elle me propose de passer voir son bébé. Cela ne coïncidait pas avec l’idée que j’avais d’une action de pratique mais j’y suis allée et nous avons passé un bon moment. La semaine suivante, lors d’une réunion de cercle, mon ainée m’informe que cette compagne a du mal dans la relation avec moi. Ma réaction est immédiate, j’ai juste le temps d’entendre : « c’est une vraie chance pour ta transformation » avant que les émotions ne m’envahissent. Comme d’habitude, je rumine, je hurle intérieurement sans faire le lien entre ma détermination et cette situation. Sollicitée par mon aînée, je suis peu conciliante, je la sens de mèche avec ma compagne…contre moi !
…source d’expériences nouvelles
Malgré ces manifestations peu sereines, je conserve ma détermination et, en février, pendant la session d’approfondissement, je ressens que je dois regarder cette situation avec une distance émotionnelle. La récitation du Soutra de Maitreya, bouddha qui incarne la compassion et l’amour bienveillant, m’ouvre la voie. A la fin de la session, je me résous à prononcer l’engagement suivant : « Je vais lâcher mon « bazooka de la parole » et utiliser l’arme de Maitreya. »
Durant la semaine suivante, je ne peux m’empêcher d’être sceptique quant à l’efficacité de cette nouvelle arme mais en fin de semaine je récite le soutra de Maitreya et j’appelle cette compagne. Je passe chez elle et je prends le temps de boire un café, de m’intéresser à son petit garçon avant de lire le soutra. A ce moment-là, je sens un voile tomber de mes yeux : je suis là dans l’instant et je n’interprète pas ce que je vois.
Mon aînée m’encourage à exprimer ce cheminement à la réunion régionale tout en me prévenant que je serais sollicitée par le monde de l’éveil pour m’entraîner. Ce n’est rien de le dire, il faut le vivre ! Après avoir accepté de m’exprimer, c’est une déferlante de sollicitations qui a lieu comme pour voir ce que je vais actionner, l’esprit « bazooka » ou l’esprit de Maitreya ? Eh bien « bazooka » est encore en tête et mes conceptions aussi ! Je renonce donc à prendre la parole lors de la réunion régionale car, selon moi, l’expérience n’est pas aboutie. Heureusement mes compagnes et mes ainés me poussent hors de ces résistances et j’accepte de témoigner de mon cheminement.
Tous les jours, je suis soumise à cet entraînement. C’est vraiment très difficile car, à chaque moment de notre vie, nous sommes en lien. Comment rester vigilants ? Je vois, après ces quelques semaines, que c’est en renouvelant quotidiennement mon vœu devant les éveillés que l’esprit s’éduque et que j’entre petit à petit dans une transformation qui un jour sera durable. Je voudrais remercier mes compagnes qui, je le vois maintenant, sont la source de mes éveils successifs, mes ainés pour leurs encouragements sans faille et leurs expériences.
Aujourd’hui je peux vraiment dire que Reiyukai c’est merveilleux, c’est simple dans la forme et profond dans la réalisation.