L’ouverture aux autres

J’ai commencé à pratiquer parce que j’ai constaté la transformation de mon aînée et je la remercie du chemin de remise en cause qui a été le sien et qui m’a ouvert la voie. J’ai commencé sans projet très défini. Je voyais plein d’aspects négatifs dans ma famille, aspects que je portais moi aussi. C’est quelque chose que j’avais envie de nettoyer car ils étaient la cause de schémas répétitifs dans ma vie. A ce moment-là de ma vie, je vivais dans un état de grande confusion. Principalement préoccupée par ma vie affective, j’étais obsédée par l’idée de construire un couple et de fonder une famille. Je me questionnais sur mon lieu de vie car j’étais partagée entre deux pays. J’étais essentiellement centrée sur moi-même.

J’ai commencé à participer aux réunions et je me suis beaucoup reliée à mon aînée, d’abord en posant des questions sur un sujet très personnel. J’attendais sans doute qu’elle me dise quel choix je devais faire dans ma vie mais j’ai toujours entendu « ce n’est pas le sujet, le sujet c’est de partager l’Enseignement et d’aspirer à se transformer ». Je n’ai vraiment entendu ce sujet d’une aînée que le jour où j’ai eu le dos au mur. « Aspire à recevoir des compagnons », m’a-t-elle dit. Etonnamment, j’ai reçu un appel d’une ancienne amie dont j’avais très peu de nouvelles depuis des années. Je lui ai proposé ce chemin et elle a commencé à pratiquer. A partir de ce jour-là, j’ai accueilli mes premiers compagnons et j’ai commencé à poser d’autres questions, non centrées sur moi-même.

Une recherche commune

Petit à petit, le sujet du progrès des autres est devenu le sujet de mes appels à mes aînés et parallèlement, j’ai pris différents rôles que l’on m’a proposés. En Suisse, il y avait tout à créer : avec des frères et sœurs de pratique, nous étions les premiers. Il nous fallait avoir une pratique de pionniers. Nous avons recherché ensemble comment partager cet enseignement. Parallèlement à cela, ma vie a commencé à bouger et j’ai débuté une nouvelle relation affective. Mais elle se passait mal, à l’image des précédentes et, j’adoptais la position habituelle de la victime, comme je pensais être victime des héritages familiaux : c’était la faute de mon conjoint, je n’étais pas tombée sur la bonne personne, quand allais-je enfin trouver le bon, avoir un enfant etc… Je me suis quand même déterminée à pratiquer pour résoudre les karmas familiaux puisque j’entendais que c’était ça le vrai sujet. J’ai proposé à ce conjoint de pratiquer. Cela a été très difficile mais je crois que lui et moi avons conçu à ce moment-là le projet d’aller au-delà de ce qui se passait dans notre relation karmique. Donc, malgré tous ces obstacles, nous avons continué à pratiquer pour progresser et nous avons reçu l’un et l’autre de nombreux compagnons.

La construction d’un Cercle de pratique

Nous avons cependant pris la décision de nous séparer. Cette fois, je n’ai pas vécu cette séparation comme un échec. Chacun de nous avait planté le sujet de résoudre notre relation karmique avec le souhait sincère de nous transformer, sans trop regarder les détails de notre vie personnelle, et aujourd’hui, grâce à la remise en cause de chacun et de beaucoup de nos compagnons, nous avons construit ensemble un Cercle de pratique et notre relation se purifie. A chaque fois que je ne sais plus trop pourquoi je pratique ou que je ne me sens pas capable (c’est aussi dans mes héritages de penser que ce n’est pas pour moi, le progrès), je regarde vers ce compagnon. J’apprends de lui, de la façon dont il s’est remis en cause vis-à-vis de moi dans notre relation. Et, moi qui ai une relation difficile à mon aînée, j’accepte que cette relation, si difficile soit-elle, a un sens profond. Je vois vraiment à quel point c’est précieux d’avoir un compagnon qui montre aussi le chemin. C’est vraiment à moi de me remettre en cause, j’ai posé des questions récemment à d’autres aînés et j’ai entendu : « Si tu vois que tu génères des réactions auprès de ton aînée, aspire vraiment à ne plus les générer. » Cela va venir, j’espère.

J’avais toujours entendu : « Ne t’occupe pas de ta vie personnelle, aspire à fonder une Famille de pratique puis un Cercle. » Lorsque j’entendais cela, je me disais : « c’est bien joli mais les années passent et ce n’est pas comme ça que j’aurai des gamins ! » Finalement, un Cercle s’est créé et le mois où il a été déclaré, je suis tombée enceinte. Mes aînés avaient raison ! Au même moment, ma mère a failli mourir d’un AVC ce qui m’a permis de voir que les karmas familiaux n’étaient pas nettoyés. J’ai alors entamé une pratique de reconnaissance pour le fait que ma mère soit en vie, que des gens prennent soin d’elle… J’ai aussi remercié pour le fait de l’avoir connue jusque-là, d’avoir bénéficié, grâce à elle, de tout ce que j’avais, d’avoir eu assez d’argent pour prendre un billet pour aller la voir, tout ce qui m’était offert dans cette situation. Mes sœurs, qui pratiquent, ont œuvré elles aussi. Notre mère s’en est sortie d’une manière miraculeuse. C’était étonnant : je voyais les fruits des actions de pratique posées durant toutes ces années.

L’aspiration à devenir un bodhisattva

Si la vie ne me fait pas des piqûres de rappel, mon esprit d’éveil s’endort. D’ailleurs, depuis que ma mère va mieux, j’ai lâché ma pratique de reconnaissance. Je vois que c’est à nourrir constamment et j’aspire à développer un esprit plus large. Me mettre au service de quelque chose de plus grand que moi, cela m’est inconnu, ce n’est pas dans mon programme et cela me fait peur mais j’aspire vraiment à être un canal pur qui permette à l’Enseignement de circuler. Je souhaite apprendre à devenir un bodhisattva, à partager l’Enseignement afin de permettre à d’autres personnes de transformer leur vie comme j’ai moi-même commencé à le faire. Je fais le vœu que chacun puisse goûter à cela.

Mélanie