La réalisation d’une détermination

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Devenir autonome
18 février 2020

Le point de départ de ma recherche cette année est une détermination très forte exprimée par des membres du Reiyukai, lors d’une session, celle de réaliser le projet des fondateurs au sein des relations de pratique. Pessimiste de nature, je pense immédiatement : « Toi, tu n’as pas cette détermination, et tu n’es pas résolument tourné vers le bonheur de tes compagnons ». Je prends alors la parole, et j’exprime mon souhait de faire évoluer cet esprit irrésolu et chétif. Pendant dix mois, je récite le Soutra de la méthode du bodhisattva Vertu Universelle. J’espère secrètement un résultat spectaculaire grâce à cette action. En vain ! Sans doute mes attentes sont-elles ciblées…

En parallèle, une de mes compagnes me fait part de ses difficultés de vie : elle se sent harcelée, déconsidérée et diffamée dans son travail. Tout occupé à mon propre projet, je lui dis : « Eh bien, tu n’as qu’à te remettre en cause » et, en mon for intérieur, je juge que si les choses ne bougent pas dans sa vie, c’est qu’elle refuse de s’appliquer l’Enseignement. Pour autant, je n’arrive pas à me sentir concerné par ce qu’elle vit. La situation de cette compagne empire et je me résous à poser des questions à mon aînée, qui m’encourage à chercher comment l’aider par ma pratique. Là encore, je juge intérieurement que je ne peux rien pour elle, mais je vais réciter le Soutra à son domicile. Devant son autel, je demande à être sincèrement concerné par ses conditions d’existence, et je m’excuse de mon manque d’implication. La situation évolue alors de manière imprévue…

La remise en cause du lien à ma compagne

Je reçois une sommation à comparaître devant un expert d’assurance, en lien avec un vice caché lors d’une vente de bien immobilier. On me réclame une forte somme d’argent de manière assez agressive et urgente. Sonné, je m’en ouvre à un aîné qui me confie qu’il traverse lui-même une situation similaire, et que cette circonstance éprouve sans doute notre détermination à entrer dans le monde de l’Enseignement. Par ailleurs, le lien avec ma compagne harcelée m’apparaît de manière un peu plus précise. Fort de ces deux pistes, je prends refuge, comme je peux, devant l’esprit protecteur de notre cercle, et je m’excuse d’avoir généré une situation conflictuelle. Mais ces excuses sont sans doute plus formelles que sincères puisque, quelques jours après, la colère et le sentiment d’injustice sont de retour. Une confrontation avec les plaignants est organisée et, même avec « un bouddha sur chaque épaule », je m’y rends fébrile et très en colère. Pourtant, dès la porte franchie et les premières paroles échangées avec les plaignants, ma négligence, mon indifférence, ma cupidité même m’apparaissent clairement et toute la colère, le ressentiment et la sensation d’injustice fondent d’un coup. Grâce à cette prise de conscience, je réalise que mon attitude est la même dans tous les compartiments de ma vie, avec mes compagnons bien-sûr, mais aussi dans ma famille, mon cercle d’amis, avec mes collègues de travail… Du coup, je m’excuse profondément et silencieusement, et je propose à mes interlocuteurs de réparer mes erreurs. Je sors de cette entrevue libéré, soulagé, et conscient que je dois changer. A peine ai-je le temps de rentrer chez moi que ma compagne sonne à la maison pour me dire que, les jours précédents, son lien à son autel a été plus assidu et que l’on vient de lui proposer une opportunité professionnelle inattendue. Elle souhaite également saluer l’esprit protecteur du Cercle car elle ressent que l’Enseignement est à la source de la correction de son esprit : un esprit de gratitude que je ne lui connaissais pas est en train de naître.

L’émergence d’un cœur nouveau pour la famille

Quelque temps plus tard, ma compagne de vie et moi-même décidons de nous marier. Tout va très vite et la date, très proche, est fixée. Cet empressement cache sans doute un motif peu digne : du côté de ma famille, les relations sont coupées entre mon père et ma mère, et la relation à ma sœur est difficile. En écourtant les délais, j’espère que personne ne se déplacera pour éviter les conflits le jour J. Mais, en réalité, toute ma famille nous annonce sa venue. Dès lors, avec ma compagne, nous entrons dans une pratique d’acceptation, de cœur et de souplesse l’un vis-à-vis de l’autre et à l’égard de nos familles. Beaucoup de rebondissements éprouvent notre détermination. Finalement, la journée se déroule d’une manière extraordinaire. Depuis l’âge de dix ans, je n’avais jamais vu mes parents ensemble. Mais ce jour-là, ce sont de magnifiques bodhisattvas, à l’esprit ouvert, attentif, patient et tourné vers le bonheur des autres. Loin de l’appréhension et du repli, mon cœur est plein de gratitude pour mes ancêtres et pour l’Enseignement.

Peu de temps après cet événement, je me rends chez ma compagne pour réciter le Soutra avec elle et j’ai la surprise de voir que toute sa famille est venue l’aider pour les vendanges des quelques vignes qu’elle possède, et que sa fille, avec qui les relations sont explosives et pleines d’épines, a préparé les repas et le gîte pour tout le monde. Encore une fois, je suis émerveillé que l’esprit d’une personne qui récite le Soutra pour le progrès de ses ancêtres, le sien, et celui des personnes en lien avec elle, engendre de tels changements au sein des familles.

La fondatrice Kimi Kotani écrivait dans son journal Musique Céleste que rien n’est plus puissant qu’une famille où l’on récite le Soutra du Lotus, et que l’harmonie y est garantie.

Pour ma part, je vérifie l’importance de prendre une détermination devant l’Assemblée, et de commencer la remise en cause nécessaire à sa réalisation.

 

Jean-Benoît