A la découverte d’une réalité familiale

Le Reiyukai, un enseignement qui prône l’action et qui procure de la joie
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Le Reiyukai est un chemin et c’est pas à pas que, nourris de l’Enseignement, la conscience et le cœur se développent. Petit à petit, Isabelle a vu se dessiner les liens profonds avec ses compagnons et a réalisé la nécessité de créer en elle des qualités nouvelles pour transformer la réalité, la sienne et celle des membres de son cercle de pratique.

J’ai rencontré le Reiyukai à l’âge de 20 ans. Un couple d’amis venait d’accueillir un enfant trisomique quand il m’a proposé de découvrir cet enseignement. Quoique bouleversée par leur circonstance de vie, j’ai tout de suite souhaité commencer tant j’ai ressenti une joie profonde et inhabituelle dès la première réunion à laquelle j’ai assisté. Les compagnons de pratique qui se sont reliés petit à petit à moi, directement ou indirectement, affrontaient eux-mêmes ou dans leur famille la même réalité – un enfant handicapé ou un enfant mort-né – ou ne pouvaient avoir d’enfant. J’ai donc constaté avec étonnement combien les personnes qui me rejoignaient sur ce chemin étaient reliées à mes aînés de pratique par des circonstances de vie similaires. Plus tard, au cours de mes recherches généalogiques, j’ai aussi découvert de façon très concrète et à chaque génération, qu’il en était de même dans ma famille du côté paternel.
J’ai pratiqué ces premières années du mieux que je pouvais, en récitant le soutra, en me mettant en lien avec mes compagnons, mais sans le projet pour eux qu’ils résolvent ce problème karmique, sans conscience – malgré toutes les informations que j’avais sous les yeux – que cette réalité m’appartenait aussi. Enfin, il y a une dizaine d’années le lien avec mes compagnons et ma famille est apparu aussi dans ma vie lorsque j’ai appris que j’étais enceinte d’un enfant trisomique.
Mon esprit de recherche et ma confiance dans le monde de l’Enseignement, le souhait de résoudre cet aspect karmique m’ont permis de traverser ces circonstances avec une énergie, une clairvoyance peu ordinaires. Je me suis alors sentie concernée par les compagnons et leur avenir, et une vision profonde de ce qu’ils étaient s’est éveillée. Grâce à cet évènement, les portes de mon cœur pour les autres se sont ouvertes. La période où nous avons traversé cet évènement fut ponctuée d’expériences étonnantes. Je me suis sentie accompagnée par une dimension spirituelle large. Ce qui se passait n’était pas lié à mes qualités personnelles mais au lien qui s’était tissé avec le monde spirituel.
À ce moment-là, j’ai pris la détermination d’accueillir une grande famille de pratique, de mieux écouter l’Enseignement du Reiyukai et de l’appliquer concrètement dans ma vie.
Petit à petit, j’ai compris que mes récitations intensives du soutra et mes efforts pour organiser des réunions étaient vains si je ne me transformais pas dans le lien avec les autres et, en particulier, si je n’aspirais pas à accompagner avec bienveillance mes compagnons directs. Bien sûr, c’était le plus difficile.
Une compagne directe notamment me mettait hors de moi chaque fois que nous étions en présence l’une de l’autre. Mon aîné de pratique m’encourageait à changer mon cœur dans cette relation, à développer de la chaleur, de l’encouragement et le souhait sincère de son progrès.
Petit à petit, j’ai laissé de côté mes jugements. Déterminée à changer cette relation et habitée par un nouvel esprit, j’ai vu clairement combien cette compagne, comme moi, était le jouet de ses influences ancestrales. Je me suis souvenue combien elle s’était souvent plainte des maladresses et des critiques qui sortaient de la bouche de sa mère, comme moi je me plaignais de la mienne ! A partir de ce jour, j’ai vu combien j’avais souvent des paroles critiques à l’égard d’autres personnes. Cette compagne et moi étions bien humainement faites de la même matière ! Nous allions pouvoir avancer ensemble main dans la main. Depuis, il se construit un lien d’amitié spirituelle qui me remplit de joie, un lien fait de recherche et de curiosité, de bienveillance et de fermeté. Tous nos compagnons développent à leur tour confiance, implication et qualité dans leurs relations.
Parallèlement, et de la même manière, la relation avec mon fils a changé. J’ai arrêté de me battre avec lui. Je l’ai vu tel qu’il était, avec ses défauts sans doute mais aussi ses qualités, et avec ce qu’il avait reçu de nous, ses parents. Cette vision a rendu possible les encouragements, l’affection et la tendresse. Mon garçon s’est ouvert aux autres. Il est plus attentionné avec moi, avec son frère et sa sœur. Il arrive même à s’excuser pour ses propos désobligeants.
Ensuite, la méthode est toujours la même. Nourrie d’une récitation régulière du soutra afin de concentrer mon esprit sur l’enseignement et de me relier au monde de l’Éveil, j’agis avec mes compagnons animée du souhait sincère qu’ils puissent progresser. Grâce à cet esprit, je perçois à chaque fois un nouvel aspect à corriger pour moi-même. Mon rapport aux autres change : je suis plus indulgente, plus reconnaissante. Ma conscience s’ouvre au-delà de tout ce que j’aurais pu imaginer.
Lors d’une réunion de cercle, je me demandais sincèrement pourquoi la pratique n’était pas plus vivante et pourquoi les personnes nouvelles régulièrement invitées n’avaient pas le souhait de commencer. Une chose incroyable s’est produite à la fin de la réunion. Tous les anciens se sont mis entre eux, délaissant les nouvelles personnes. L’information était très claire. Or quelques jours plus tard, je me suis vue adopter exactement la même attitude avec des amis parents accompagnés de leurs enfants. Je ne voyais pas les enfants, ils étaient transparents à mes yeux. Ils ne m’intéressaient pas. Je me suis alors appliquée consciencieusement durant un certain temps à prendre les enfants en considération dans toutes mes relations.
Ça a fait grandir mon cœur, mon respect envers eux, et cela a créé beaucoup de joie. Cela m’a permis aussi d’entendre ce que me disait ma fille, avec qui s’installait une relation distante et un peu froide, sur la brusquerie de mon comportement à son égard. Là encore, avec une conscience différente, les efforts de douceur et de respect envers elle ont permis une plus grande confiance et la distance qui s’installait a disparu.

Mais rester sans cesse concentré sur cet esprit de recherche et de transformation demande souvent du courage. Courage d’affronter la réalité des compagnons, leur négativité. Parfois, c’est nous-mêmes qui sommes entraînés par des états karmiques Le courage, dans ces cas là, c’est d’aller rencontrer son aîné de pratique et de rechercher ensemble comment traverser. Cet été, j’ai traversé un moment difficile. Je ne voyais que les aspects négatifs des gens qui m’entouraient ou que je rencontrais. Cela me mettait en colère. Mon cœur était très lourd et ma vie me semblait sombre et sans intérêt. Mais je suis allée rencontrer mon aîné de pratique avec courage. Son attitude fut celle d’une écoute bienveillante. Souvent, quand des compagnons viennent me voir, j’essaie de parler beaucoup, de donner des conseils. Mon aînée, elle, m’a écoutée et accepté ma réalité intérieure. Lorsque je suis sortie de chez elle, ce poids s’était allégé. Ce fut une expérience réjouissante qui a rapidement eu des répercussions positives dans ma relation aux autres. En effet, quelques semaines plus tard, j’ai  adopté cette même attitude d’écoute bienveillante envers une compagne de pratique qui souffrait terriblement de sa réalité familiale. J’ai vu, grâce à ce cœur de l’aider, combien elle créait elle-même sa souffrance à cause du contrôle total qu’elle exerçait envers tous les membres de sa famille et dans son travail. J’ai reçu par là une information importante sur ma propre humanité. J’ai pris la détermination de me transformer, de devenir plus souple et accueillante envers tous et je lui ai proposé qu’on avance ensemble sur cet aspect. C’est ce que nous avons fait. Aujourd’hui, sa réalité de vie s’est beaucoup transformée, ses relations familiales se sont apaisées et approfondies.

En concentrant notre esprit sur le sens juste de l’Enseignement, avec le cœur d’apprendre au-delà de nos conceptions, et en nous impliquant avec générosité dans notre lien avec nos compagnons de pratique, nous aurons accès encore et encore à d’autres découvertes incroyables pour effectivement résoudre les causes profondes à l’origine de l’état de nos familles.
Quel enseignement merveilleux ! Quelle merveilleuse aventure !