Le bouddhisme laïc Reiyukai : une rencontre déterminante

Assemblée générale de l’Union Bouddhiste Européenne
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Quelques déterminations prises à l’issue de la session d’approfondissement (février 2017)
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 J’ai commencé à pratiquer à l’âge de dix-huit ans grâce à l’une de mes professeurs, Claudette. Elle avait pris la détermination lors d’un séjour au Japon de participer à la naissance d’un groupe des jeunes en France. Nous nous sommes rencontrées à son retour et j’ai tout de suite adhéré à ce projet.

J’avais énormément de plaisir à lire le Soutra pour mes ancêtres et je me suis impliquée au sein du groupe des jeunes  jusqu’à en devenir la présidente. A cette époque, je suis allée à mon tour au Japon et, à mon retour, mes circonstances de vie ont complètement changé. J’ai changé de domicile, de métier et j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari et le père de mes enfants, Ken et Peter.

Ce que j’ai observé, c’est que durant cette période durant laquelle je me suis impliquée avec simplicité et sincérité dans la construction du Reiyukai en France, ma vie s’est construite. Une vie très différente de celle de mes parents, de mes ancêtres, une vie heureuse…

L’apparition d’obstacles karmiques profonds

 Mon mari et moi avons accueilli de nombreux compagnons et, à ce moment-là, j’ai fait face au monde karmique, au monde de mes ancêtres et j’ai créé, sans en avoir réellement conscience, une situation conflictuelle avec Eric, mon mari. J’ai vécu alors ce que vivaient beaucoup de mes compagnons dans leur propre famille et Eric et moi avions décidé au début de l’année dernière de nous séparer. Mais, à ce moment-là, la santé d’Eric s’est détériorée et les médecins ont diagnostiqué une maladie très grave. Nous avons immédiatement abandonné l’idée de nous séparer et nous avons passé toute l’année à nous battre ensemble contre cette maladie. Je l’ai accompagné avec les membres de notre cercle de partage, avec nos enfants, nos familles et nous avons renoué une relation empreinte de respect, de considération et d’amitié. Nous avons vécu une année extraordinaire au cours de laquelle j’ai vu mon mari se transformer. Il a développé une qualité d’esprit essentielle, acceptant cette épreuve et continuant à être présent pour chacun, à transmettre l’Enseignement, à rechercher et à exprimer sa reconnaissance pour ce merveilleux chemin d’évolution. Eric est décédé il y a un peu plus d’un an. Entre son décès et le voyage au Japon de l’été dernier  auquel on m’a proposé de participer – ce que j’ai d’abord refusé, révoltée par cet évènement-, j’ai cessé de me déplacer chez mes compagnons mais j’ai continué à lire le Soutra et à l’offrir à Eric et à nos ancêtres.

Le voyage au Japon : des expériences spirituelles étonnantes…

 Je suis finalement partie au Japon avec 42 animateurs de cercle. Dès le début du séjour, j’ai pris conscience de mon état : un état de tristesse, d’incompréhension, de colère, de dureté qui m’isolait du groupe. Mais, petit à petit, j’ai senti le lien d’amitié spirituelle qui nous reliait les uns aux autres et j’ai eu des expériences…

Je suis insomniaque et, à la fin d’une nuit blanche où s’étaient succédé à mes côtés de nombreux animateurs, nous nous sommes retrouvés pour lire le Soutra dans une chambre. Une animatrice m’a proposé de guider cette lecture et j’ai senti, à deux reprises, posée sur mon épaule, la main d’Éric. Il me disait : « Ne t’inquiète pas, je suis là. »

Ça a été extraordinaire !

La deuxième expérience a eu lieu à Mirokusan, le Centre construit à l’intention des jeunes par Madame Kotani, la Fondatrice du Reiyukai. Alors que nous montions les marches, en psalmodiant « Namu myohorengue kyo », pour aller saluer le tombeau de la Fondatrice, j’ai entendu clairement dans mon esprit : « Sylvie, tu n’as pas accompli ton rôle. A partir de maintenant, c’est possible et j’ai confiance en toi. » Pour la première fois depuis le départ d’Éric, j’ai pleuré de joie.

Troisième expérience à Shichimenzan, montagne où se trouve la Tour de la paix, édifiée par le Fondateur du Reiyukai, M. Kubo. On se rend au sommet en psalmodiant «Namu myohorengue kyo », avec le souhait de développer la piété filiale et de se transformer. Arrivée au pied de cette montagne, quand j’ai commencé l’ascension, j’ai vu clairement la vérité de l’interdépendance des liens et j’ai vu que la maladie qui avait emporté Eric était présente dans nos familles et dans celles de nos compagnons. Mon arrière-grand-mère et l’une de mes grands-mères se sont retrouvées veuves jeunes, deux compagnons d’Eric sont décédés d’un cancer… Je ne peux pas actuellement expliquer quelles causes, quels comportements sont à l’origine de ces karmas. Mais ce que je vois aujourd’hui, que mon aînée m’a souvent répété, c’est que nous n’avons pas conscience de la négativité qui nous habite ; des jugements que nous portons sur les autres, des effets que notre manque de considération à leur égard engendre. Tout cela nous empoisonne.

A Tokyo, j’ai demandé à mes aînés pourquoi j’étais insomniaque. J’ai entendu que nos conditions d’existence étaient étroitement liées aux conditions d’existence qui avaient été celles de nos ancêtres durant leur vie. Mon arrière-grand-mère qui s’est retrouvée veuve avec cinq enfants à élever était couturière. Elle a travaillé jour et nuit pour subvenir aux besoins de sa famille et elle est morte jeune d’épuisement. Durant tout le séjour au Japon, sa présence m’a accompagnée :  j’ai senti un lien fort avec elle et je me suis remémorée le fait que la maman d’Éric avait, elle aussi, été orpheline très tôt. J’ai réalisé que cet état de veuvage existait dans nos deux familles.

…à l’origine des transformations

A mon retour en France, j’ai cherché quelles actions accomplir pour résoudre ces souffrances et quelles transformations opérer :

Lire le Soutra bien sûr mais avec tout mon cœur, avec le souhait que nos ancêtres l’entendent et la conscience que je suis la première auditrice de cet Enseignement et qu’il m’incombe d’ouvrir mes oreilles.

Me relier à mes aînés. J’avais un très mauvais cœur pour un de mes aînés. J’ai fait l’effort de corriger mon attitude.

Me déplacer chez nos compagnons, installer une plaquette familiale et constater que des liens se renouent avec d’anciens compagnons et que la maison reprend vie.

De ces actions sont nées de nouvelles expériences et la conscience des transformations nécessaires.

Mon fils Ken travaillait cet été dans un centre bouddhiste en Angleterre et il avait décidé d’interrompre ses études. Cela m’agaçait et j’essayais sans succès de le convaincre de changer d’avis. Enfin je me suis adressée à Eric devant l’autel en lui demandant conseil et ce que j’ai entendu c’est : « Quelle que soit la décision de notre fils, il est important de la respecter car un bodhisattva s’engage à manifester du respect à l’égard de tous et bien évidemment à l’égard de ses enfants. » J’ai alors changé d’attitude et un cœur nouveau, confiant, est apparu pour Ken.

Peter, mon second fils, m’a souvent reproché de ne pas prendre de temps pour lui, contrairement à son père. Pendant les dernières vacances scolaires, j’ai décidé de lui faire une surprise pour son anniversaire. Je l’ai réveillé, invité à s’habiller et à me suivre sans poser de question… Nous sommes allés chercher sa petite amie qui a passé toute la journée avec nous et il était très heureux. Durant toutes ces vacances, j’ai eu le cœur d’être présente pour Peter et pour la première fois cette année, il a assisté au séminaire national du Reiyukai.

J’ai pris la détermination au Japon de contribuer au développement et à la réalisation du groupe des jeunes en France. J’ai le souhait que bientôt des jeunes se rendent à leur tour au Japon. Dans la lignée de mon aînée Claudette, je sens que mon rôle se situe là, inspirée par le bodhisattva Maitreya, amour bienveillant.

Les jeunes sont l’avenir, transmettons-leur ce trésor qu’est l’Enseignement pour qu’ils le réalisent et contribuent à établir la paix dans les familles, dans la société et dans notre pays.

Sylvie