« Afin que naisse l’harmonie, les hommes ne doivent pas être froids et insensibles », écrit la Fondatrice Kimi Kotani dans son journal Musique céleste. C’est grâce à une compagne que Jean-Benoît mesure aujourd’hui la vérité de ces propos…
Un cœur dépourvu d’intérêt pour les autres
J’ai découvert l’Enseignement du Reiyukai il y a neuf ans. Assez vite, j’ai eu la chance d’accueillir des compagnons qui ont eux-mêmes reçu des personnes pour progresser. J’étais bien entouré mais je manifestais peu d’intérêt pour mes compagnons, préférant instaurer avec eux une certaine distance plutôt que de m’intéresser à leurs vies. Par ailleurs, j’étais un bon élève dans la pratique Reiyukai : je récitais le Soutra, je me rendais souvent aux réunions, je proposais l’Enseignement, j’essayais de suivre les conseils de mes aînés. Malgré cela, l’intérêt sincère pour le progrès des autres n’existait pas, si bien que nombre de compagnons ont arrêté ce chemin, malgré les expériences encourageantes qu’ils faisaient.
Comme je suis orgueilleux, le départ de ces compagnons m’a piqué et j’ai commencé à poser des questions à mes aînés. J’ai entendu que je pouvais aspirer à développer du cœur pour les gens autour de moi, notamment ceux qui partageaient la pratique avec moi.
Une nouvelle compagne et un nouveau terrain d’expérimentation
Cela m’a encouragé à entamer une pratique plus profonde, en demandant devant l’autel à être inspiré par le monde spirituel pour agir, et en acceptant que cela prendrait du temps avant que la qualité de mon cœur ne se transforme. A ma grande surprise, une compagne dont l’aînée n’était plus membre du Reiyukai s’est reliée à nouveau. J’ai essayé de l’accompagner d’une manière plus proche, et l’occasion m’a été donnée d’entrer véritablement en relation avec elle. Je dois avouer qu’elle me faisait profondément réagir. J’en avais honte, quelque chose en elle m’inspirait du dégoût et du mépris, et bien sûr, je ne voyais pas du tout quel rapport elle avait avec moi !
Mais comme j’avais pris une détermination, j’ai continué à aller réciter le Soutra chez elle. Plus nous avancions, plus je me rendais compte qu’elle ne faisait rien comme je le désirais. Elle récitait le soutra quand elle le voulait, elle ne venait aux réunions qu’à certaines conditions, elle n’avait pas vraiment envie d’avoir des compagnons de pratique… Quand nous discutions ensemble, je ne voyais que ses limites, sa passivité, sa négativité, son découragement, et je ne voyais jamais sa franchise, sa spontanéité, sa joie d’être en relation avec des personnes différentes.
La naissance d’une coeur chaleureux
Il y a deux ans sont survenus deux événements sérieux dans sa vie. Un séjour en maison de santé et la remise en cause de la garde de ses enfants. Ces deux coups durs l’ont beaucoup affectée, et j’ai recherché auprès de mes aînés comment l’accompagner. Je commençais aussi à mieux percevoir quels héritages nous avions en commun, notamment la difficulté des liens entre parents et enfants. J’ai entendu qu’il était important que ses ancêtres entendent le Soutra, et que je pouvais le réciter avec elle, où qu’elle soit. J’ai donc récité le Soutra à ses côtés régulièrement ce qui me demandait un gros effort et j’ai constaté que son état de santé changeait de manière surprenante. Les conflits que cristallisaient la question de ses enfants se sont également apaisés, et j’ai surtout entendu pour la première fois cette compagne exprimer qu’elle voulait enfin prendre sa vie en main. Malgré ses expériences surprenantes, sa pratique restait fragile, et nos liens délicats. Combien de fois ai-je dû remettre en cause mon esprit, faire taire mes attentes et repousser ma négativité ! Petit à petit s’est fait jour en moi une chaleur et une attention à son égard que je ne connaissais pas. En dépit de nombreux obstacles rencontrés, j’ai continué cette pratique d’accompagnement jusqu’au mois dernier.
Une compagne précieuse
Cette compagne de pratique est décédée depuis peu. Malgré la tristesse de son départ prématuré (elle avait 46 ans), je goûte une joie profonde à observer le chemin que nous avons parcouru ensemble. Il y a huit ans, nous étions des étrangers sans considération, mais cette relation s’est changée en une amitié profonde, faite de chaleur, d’acceptation, d’encouragements mutuels. Quand je me plaignais de ne pas voir le sens de notre relation, je ne voyais pas en effet combien j’avais besoin de cette compagne pour changer mon cœur, pour me contraindre à me transformer. Je ressens une immense gratitude à l’égard de cette compagne et de l’Enseignement que nous avons essayé de réaliser ensemble. Je ressens aujourd’hui que notre lien n’est pas rompu, cette compagne a laissé des enfants et un ex-compagnon et son esprit est très vivant en eux. Je souhaite continuer à apprendre auprès d’eux, à rechercher quel est mon rôle pour nous permettre de progresser ensemble. Je comprends aujourd’hui le sens profond de cette phrase entendue il y a des années : « Nos compagnons de pratique sont de véritables trésors ».