une profonde reconnaissance

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J’ai entendu : « Tu vas traverser si tu as une pratique remarquable ».

Je venais d’apprendre que j’avais un cancer qu’on devrait soigner au moyen d’une chimiothérapie lourde et d’une opération lourde ! Que de lourdeur n’est-ce pas ! Devant mon autel, j’ai demandé au monde spirituel : « Qu’est-ce qu’une pratique remarquable ? » Immédiatement, j’ai pris conscience que je n’avais pas invité de personne nouvelle depuis très longtemps et, comme par hasard, j’ai tout de suite pensé à trois personnes dont deux ont accepté́ mon invitation à notre réunion mensuelle. Mon esprit s’est alors tourné vers leur progrès et le souhait qu’elles entendent quelque chose d’intéressant pour leur vie. J’ai été́ complètement dégagée des émotions qui me submergeaient depuis l’annonce de ma maladie.

Après la réunion, je suis partie me promener. La nature était très belle et j’ai eu la surprise de ressentir une immense et profonde joie. C’était incroyable et inespéré. J’ai alors fait le vœu de garder en moi ce sentiment pour les moments plus difficiles. C’était déjà̀ une attitude extraordinaire au regard de la façon dont je fonctionne habituellement. Je suis quelqu’un que la peur traverse presque sans arrêt car mon esprit produit des schémas négatifs. J’ai hérité ces peurs de différents membres des deux branches de ma famille, et je n’ai pas été́ élevée dans un cadre sécurisant. Je ne fais donc pas confiance facilement. Face à la maladie, je me suis mise à faire des crises d’angoisse. L’idée de remettre ma vie entre les mains de personnes que je ne connaissais pas n’entrait pas dans mes conceptions, mais j’ai vu que si je ne lâchais pas l’illusion de contrôle que j’avais jusqu’alors pour laisser les médecins me soigner, ça allait être compliqué et encore plus douloureux.

En attendant le début du traitement, je récitais tous les jours le Soutra bleu et le Soutra de Maitreya et comme me l’avaient proposé́ mes aînés, je demandais au monde spirituel de prendre en charge mes peurs et mes souffrances. Mon souhait était d’être capable de m’occuper de mes compagnons et je me suis mise à rechercher ce que je pouvais faire pour eux. Pendant cette période, je me suis rendu compte que je les écoutais vraiment, que je m’intéressais beaucoup plus profondément à eux, à ce qui les faisait souffrir, à leur qualités aussi. Je me sentais plus humble, et plus curieuse. Je demandais à être guidée sur les actions de pratique à leur proposer pour qu’ils s’éveillent, traversent leurs souffrances et je me rendais chez eux autant que je le pouvais pour réciter le Soutra. Je remerciais tous les jours pour ce précieux cadeau qu’était le fait d’avoir rencontré cet enseignement et reçu des compagnons de pratique. J’étais toujours pleine de peur et d’incertitude, mais j’étais profondément réjouie et encouragée par ces changements.

Le trésor des compagnons

J’avais aussi demandé́ tous les jours à pouvoir me rendre au séminaire régional qui avait lieu à Dijon. Je devais y emmener certains de mes compagnons. Je venais alors de commencer mon traitement. La veille du séminaire, je ne me sentais pas bien ça va être l’enfer, me suis-je dit, mais devant mon autel j’ai réaffirmé cette détermination : « Je dois emmener mes compagnons ». Le lendemain, j’allais très bien. J’ai fait 500 kilomètres dont une partie dans la montagne sans aucune nausée, c’était impressionnant. La confiance s’installait. Je remerciais à nouveau de tout mon cœur car j’étais honorée et très étonnée d’être ainsi accompagnée. J’ai alors entendu Claudine me dire qu’un être qui récite le Soutra est un être précieux.

Le trésor des compagnons

Par la suite, lorsque je n’étais plus en capacité de me lever pour réciter le Soutra, je me traînais devant mon autel et j’essayais de saluer. Parfois je n’arrivais qu’à joindre les mains et à m’excuser de mon incapacité puis je retournais me coucher. Combien de fois alors j’ai reçu un message d’un de mes compagnons m’annonçant sa venue pour réciter le Soutra ! À nouveau, c’était incroyable et, grâce à eux, je me levais.

Jérôme, mon compagnon de vie et de pratique, était aux petits soins, il s’occupait des besoins de la vie quotidienne. Et il a aussi entamé une pratique de 21 jours à la suite du séminaire. Ça m’a vraiment remplie de joie ! J’essayais de l’accompagner dans sa récitation, ou de l’écouter seulement quand j’allais trop mal. Ça m’apaisait car j’étais heureuse pour lui qu’il accomplisse une telle pratique. Pendant cette période, lorsqu’un de ses comportements me heurtait, il m’arrivait de me plaindre : « Quand même il pourrait faire attention, je suis malade », mais rapidement après avoir échangé avec Patrick, mon aîné, je voyais que c’était une conception, qu’il faisait tout ce qu’il pouvait pour m’aider et que je devais plutôt le remercier.

J’ai ainsi pu voir le trésor des compagnons se manifester bien au-delà de ce que j’aurais cru.

Un esprit qui s’incline devant l’Enseignement

J’ai aussi été accompagnée dans le protocole de soins. J’aurais dû aller à Marseille pour la chimiothérapie, et j’ai miraculeusement, à la demande d’un oncologue spécialisé dans ma maladie, été prise en charge à Gap où je vis. On m’a parlé d’un acupuncteur qui agissait sur les effets secondaires de la chimiothérapie, mais le délai pour obtenir un rendez-vous était de trois mois. Là aussi, étonnamment, j’ai eu un rendez-vous dans le mois. Cette rencontre a été très importante pour toute la suite de mon traitement. Un jour, alors que je souffrais beaucoup des effets secondaires du traitement, j’ai sollicité l’aide du monde spirituel. Puis, j’ai ressenti qu’il fallait que je me mette en action par rapport à cette demande. Je me suis rappelé qu’on m’avait procuré des numéros à appeler si ça n’allait pas. Mon esprit ordinaire s’est tout de suite manifesté : « Ça ne sert à rien, ils ne pourront rien faire pour toi ». J’ai lutté contre cet esprit négatif car j’ai vu qu’en réalité l’obstacle était que je n’aimais pas demander de l’aide. J’avais été éduquée avec des phrases telles que : « Apprends à te débrouiller toute seule ! » Encore une fois, au-delà de mes conceptions, j’ai appelé et reçu toute l’aide dont j’avais besoin. J’ai vu l’importance de ne pas écouter l’esprit qui croit savoir mais plutôt celui qui est humble et qui s’incline devant l’Enseignement : « Je ne sais pas, je vais essayer et apprendre ».

Une profonde gratitude

C’est pourquoi, lorsque mes aînés ont décidé de venir chez moi pour une journée Découverte dans un délai très court, contre toute attente j’ai accepté. J’ai dit non aux peurs, oui à l’esprit de découverte et de gratitude et j’ai invité six personnes. Nous avons vécu un moment joyeux. J’ai vu les belles qualités de logistique et d’organisation de Jérôme, et d’une compagne qui a remué ciel et terre pour ne pas travailler ce week-end-là et j’ai été touchée par le courage de mes aînés qui ont fait des dizaines d’heures de voyage pour passer une demi-journée chez moi. Ces expériences on fait naître en moi beaucoup de gratitude, cette gratitude devenait au fur et à mesure plus large et plus profonde.

L’acceptation de la réalité

J’ai continué à me rendre chez mes compagnons de pratique pour réciter le Soutra. Je posais des questions au monde spirituel sur leurs états et leurs réactions. J’ai eu des réponses très claires à ces demandes, ce qui a eu pour effet de faire tomber quelques conceptions et d’ouvrir mon cœur. Cela m’a aussi permis de prendre connaissance d’une réalité violente présente dans la famille de plusieurs de mes compagnes comme elle l’avait été dans ma propre famille. Alors que j’aurais dû être dévastée par le poids de cette nouvelle, à ma grande surprise, je l’ai reçue avec calme. J’étais entrée dans un autre monde, celui de l’acceptation, et j’ai fait le vœu pour moi et mes compagnons que nous puissions nettoyer cette réalité karmique.

J’ai enfin revu le chirurgien pour parler de l’opération finale et j’ai souri pendant tout le rendez-vous. Je suis sortie pleine de joie et d’entrain et, quand j’ai essayé de comprendre ce qui m’arrivait, où était passée ma peur, je ressentais tellement de gratitude dans mon cœur pour toutes les personnes qui s’étaient occupées de moi (compagnons, aînés, personnels soignants, collègues de bureau et amis). J’avais conscience de la chance que j’avais de vivre dans un pays où il m’était possible de recevoir un traitement coûteux et l’attention de médecins aux pratiques très pointues. Il n’y avait donc plus de place pour la peur. Si on m’avait dit que mon esprit tournerait comme ça, je ne l’aurais jamais cru.

La compassion et la puissance du monde de l’Éveil

Cela fait des années, malgré mes efforts, qu’il ne se passait plus rien dans ma famille de pratique. Aujourd’hui, j’ai une nouvelle compagne, et je vois chez mes compagnons le cœur se polir et leur souhait d’en recevoir eux-mêmes devenir plus présent. Il est devenu évident que la clé de notre transformation passe par la transmission de l’Enseignement aux autres et par le lien car, tout seul, on n’est rien. Aujourd’hui, je ne vais plus vers mes compagnons parce qu’on me dit de le faire mais avec curiosité et plaisir. Je souhaite expérimenter avec eux une dimension beaucoup plus large de l’Enseignement, grâce à des actions très concrètes, accomplies avec un esprit curieux, libéré de nos conceptions comme j’ai commencé à le réaliser. J’ai maintenant la conviction que chacun, là où il se trouve, peut accomplir des choses extraordinaires pour l’harmonie sociale et pour la paix.

J’ai entendu un jour Claudine dire : « C’est une merveille de découvrir la compassion et la puissance du monde de l’Éveil, toujours présent quand on le sollicite avec humilité ». Je n’ai plus aucun doute sur ce sujet.

Samantha