« C’était comme si je goûtais à un nouveau bonheur, profond, intense, d’une qualité inconnue jusque-là…»
Une pratique solitaire
Il y a presque un an maintenant, j’ai vécu des événements dramatiques au sein de ma famille. Tout s’écroulait autour de moi et j’étais impuissante ! Je ne comprenais pas car je « pratiquais » ! Enfin je le croyais.
Je récitais en effet le Soutra bleu tous les jours, mais j’étais incapable de me mettre en lien avec mes aînées ou mes compagnons. J’étais totalement embarquée par ce que je vivais et je ne voyais pas en quoi ces actions précisément pourraient m’aider… J’ai donc continué à réciter, persuadée de faire ce qu’il fallait pour « traverser» cette situation et la « résoudre ».
Devant la détérioration de la situation, je me décidais enfin à rencontrer mes ainées… Et là, j’ai entendu : « Tu n’es pas en lien avec tes compagnons », et « Ce que tu fais n’est pas ce que propose l’Enseignement», et « La récitation des soutras n’a de sens que si on s’efforce d’en appliquer les enseignements au sein des liens, en particulier ceux, privilégiés, avec les compagnons. » Ces phrases ont agi comme un électrochoc… J’ai décidé de remettre totalement en cause ma pratique, de sortir de mes croyances, d’expérimenter quelque chose que je ne connaissais pas : faire avec les autres…
Le désir d’apprendre
Je me suis donc petit à petit reconnectée à mes compagnons, non pas parce qu’il le fallait, mais pour apprendre…. J’ai accueilli une nouvelle compagne : ma fille. Elle venait concrétiser notre Famille de pratique alors que notre propre vie de famille explosait. J’entendais de mes ainées : « Ne t’occupe pas de ta vie, occupe-toi de tes compagnes et compagnons, c’est tout ce que tu as à faire ». Alors je me suis mise en chemin : comment les accompagner? Je me suis déplacée pour réciter chez eux, nous avons préparé ensemble nos réunions de Famille, et j’ai proposé à chacun des actions de pratique en lien avec ce qu’ils ou elles traversaient. Je me suis mise au service de leur pratique, avec un réel souhait de progrès pour chacun.
Peu à peu, je les ai vus se transformer, accueillir de nouveaux compagnons. Leurs expériences, leurs changements de vie me remplissaient d’une joie inexplicable. C’était comme si je goûtais à un nouveau bonheur, profond, intense, d’une qualité inconnue jusque-là…Cela renforçait ma confiance dans le monde spirituel et dans l’Enseignement. Je ressentais et j’acceptais que tout ce que je vivais était juste. Il m’était proposé de rechercher avec mes compagnons. Peu importait l’issue, ce n’était plus le propos. Je n’agissais plus seulement pour moi mais pour et avec les autres…
C’est ainsi qu’au fur et à mesure de cette nouvelle pratique déterminée et confiante, s’est construit notre Cercle de pratique. Je comprends mieux maintenant, grâce à mes ainées et à mes compagnons, pourquoi j’ai expérimenté de telles souffrances il y a un an. Tout ceci était à la hauteur de ce que je devais nettoyer pour transformer ma pratique et m’engager réellement sur le chemin de bodhisattva que nous propose le Soutra du Lotus.
Marion