Je m’appelle Pierre-Arthur O’Hara, j’ai 24 ans. J’ai rencontré le Reiyukai par le biais d’Armand et je souhaite partager avec vous la reconnaissance que j’ai développée ces derniers mois. Avant d’aller plus loin, j’aimerais que vous fermiez les yeux : visualisez-vous au bord d’un lac. Sur ce lac barbotte un canard. Concentrez-vous sur le sentiment que ce spectacle éveille en vous. Rouvrez les yeux et conservez cette sensation dans un coin de votre tête, nous y reviendrons plus tard…
Je suis parti au Japon durant une année pour mes études. J’y ai rencontré des membres de Reiyukai Japon et j’ai participé avec eux à deux évènements : Mirokusan et Shichimenzan. Mirokusan est l’équivalent d’un séminaire en France et Shichimenzan est une pratique dédiée à la piété filiale, un « pèlerinage » qui consiste à gravir une montagne à pied en récitant Namu myohorengue kyo. Ces deux évènements se sont déroulés à cinq mois d’intervalle. C’est cette période-là que je souhaite retracer.
Avant d’aller à Mirokusan, je recevais quotidiennement de nombreux messages de ma mère restée en France – entre cinq et quinze messages. Cela m’embêtait car, pour être honnête, j’ai tendance à ne pas répondre quand tout va bien. Je ne répondais donc quasiment jamais. Étonnamment c’est pendant Mirokusan que mon cœur a changé à ce sujet. Grâce à la qualité des liens que j’ai développés avec les autres membres du Reiyukai : des liens forts et peu ordinaires et, grâce à la récitation du Soutra, j’ai soudain éprouvé de la reconnaissance pour mes parents. En rentrant de Mirokusan, j’ai reçu un appel de mon frère : ce dernier m’a expliqué que ma mère souffrait à cause d’évènements tristes qui se déroulaient en France. J’ai ressenti alors une grande joie et de la reconnaissance à son égard car j’ai vu qu’il trouvait sa place dans la famille et qu’il me permettait de comprendre les messages de ma mère. Depuis ce jour, j’ai développé au quotidien un esprit reconnaissant envers mes proches et mes ancêtres. Mon cœur, devenu plus fort, s’est ouvert davantage ce qui m’a permis de réaliser le pèlerinage pour Shichimenzan et d’en tirer un immense bonheur qui m’habite aujourd’hui encore.
A mon retour en France, ma copine m’a quitté. J’étais triste mais ce que je ressentais le plus était la reconnaissance pour les cinq années que nous avions passées ensemble. Cet évènement ne m’a pas arrêté dans ma pratique bien au contraire. J’ai travaillé quotidiennement à rentrer en lien avec ceux qui m’entouraient et, de façon très étonnante, mon ex-copine m’a rappelé quelques jours plus tard. Nous nous sommes revus et avons discuté : elle m’a exprimé ses angoisses et j’ai vu, comme pour ma mère, à quel point le monde dans lequel elle évolue est stressant. Elle a alors souhaité reprendre la relation. J’ai accepté et depuis nous travaillons ensemble à ce qu’elle aille mieux. Cela passe par des choses ordinaires : faire plus de sport, adopter un mode de vie plus sain, apprendre à relativiser mais aussi par des choses extraordinaires pour moi : porter sur elle un regard bienveillant, ressentir de la reconnaissance et avoir une pensée pour elle à chaque fois que je lis le Soutra. Je travaille aussi aujourd’hui à pratiquer de façon plus rigoureuse car je vois à quel point ma transformation agit sur ceux qui m’entourent et cela m’aide à développer un esprit reconnaissant.
Pour conclure, revenons très brièvement au canard évoqué plus haut: souvent le Français a tendance, quand il voit un canard, à apprécier la beauté du spectacle – les reflets du soleil sur l’eau, la grâce du canard –, le japonais, lui, éprouvera plutôt de la reconnaissance pour la présence du canard devant lui sur ce lac. C’est cela que j’ai expérimenté au Japon et que je voulais transmettre : le bonheur peut émerger de la simple reconnaissance d’exister et de pouvoir être pleinement en lien.
Pierre-Arthur