Mon chemin de progrès au sein du Reiyukai, je l’ai commencé avec ma mère. J’avais 20 ans, elle fut ma première compagne de pratique. Elle possédait une énergie forte. Elle était rebelle, indomptable, vive, intuitive, curieuse et aimante et longtemps sujette à la dépression …
Elle se décrivait comme une fleur poussant au milieu de la roche. Sa vie fut un combat !
Quand elle lisait le soutra, c’était avec sincérité et les expériences de changement suivaient … mais seulement quand les doutes et les colères ne l’assaillaient pas. Elle a accepté ce chemin comme moi en un clin d’œil, mais l’a parcouru de nombreuses années en dilettante.
Nous nous aimions de manière inconditionnelle. C’était une relation fusionnelle, complice, mais aussi pleine de reproches et d’incompréhension de part et d’autre. Comme des jumelles, nous ressentions nos états mutuels à distance et elle.
Quelle pratique puissante ! L’amour inconditionnel ne suffisant pas, j’aurais pu la perdre bien avant. Grâce à notre engagement mutuel sur ce chemin de progrès via des actions de pratique tel que la naissance d’un cercle de partage, la remise en cause de notre esprit, nous avons évolué toutes les 2 vers une conscience différente du lien qui nous unissait. Je mesure à présent les nombreux progrès réalisés ensemble : douceur, acceptation et compréhension ont vu, petit à petit, le jour et poli nos cœurs si prisonniers d’états émotifs et affectifs puissants. Elle a progressivement trouvé sa place de mère puis de grand-mère… elle est devenue autonome. Elle me disait que j’étais la seule à pouvoir dompter son esprit. Je ne l’ai jamais lâchée, j’ai toujours sollicité le monde spirituel puissamment pour m’aider à l’accompagner. Grâce à elle, j’ai vu grandir mon cœur de bodhisattva … Entière et sensible, elle savait me remettre à ma place quand mon égo parlait et non mon cœur de progrès. Elle me faisait taire et ne se pliait pas à sa « colonel de fille ». De cette nouvelle conscience est né un cœur plus acceptant sur la nature différente de chaque être. Cela m’a déterminé à tisser davantage le lien avec le monde spirituel dans ma recherche de progrès avec les autres.
Il y a 5 ans, elle s’est engagée vraiment, est devenue constante et s’est investie dans les actions de pratique (participation aux réunions trimestrielles, de cercle, ses lectures de soutra et déplacements au séminaire d’Ambroise), en corrélation avec ma propre évolution. Cela lui a permis, chaque année, de gravir une marche supplémentaire vers le changement dans son lien au monde et aux autres. Elle s’est aussi réengagée dans le monde associatif, a retrouvé un lien proche avec sa sœur devenue sa compagne de pratique, a retrouvé sa famille italienne dont elle n’avait plus de nouvelles depuis 20 ans. Par ailleurs, une nouvelle conscience est née dans sa relation à certains états ancestraux créant en elle du regret.
Quand elle apprit sa maladie, une conscience profonde, bien au-delà des mots, s’est installée en elle…Un lien direct avec le monde des Éveillés a pu la guider. Les membres du cercle relatent facilement comme il était bon de l’entendre et d’être près d’elle. Des coussins dorés ont parsemé son chemin. je ne l’ai jamais entendu se plaindre, je l’ai vu se réjouir de son lien à la vie et aux autres, au monde des éveillés et exprimé la confiance profonde que son chemin de progrès allait continuer dans le monde invisible.
J’ai toujours ressenti que mon rôle était de l’accompagner. Ce souhait profond qu’elle puisse, comme moi, réaliser cet enseignement merveilleux peu importe les obstacles à franchir. Je lui ai tenu la main jusqu’à son dernier souffle et à ce moment-là, la phrase « transcendera la vieillesse et la mort » a pris tout son sens. J’ai ressenti une grande reconnaissance d’être sa fille dans cette existence. Un cœur de remerciement est né en moi. Depuis mon souhait de revêtir mon rôle de bodhisattva ne cesse de grandir. Je garderai en moi, tout au long de mon existence, comme une trace indélébile, mon cœur de progrès pour elle. Je l’ai vu partir dans le monde invisible avec un réel changement. Je ressens sa joie et sa paix depuis son départ.
Merci Maman d’avoir partagé un bout de chemin avec toi.
Julie