« Le but du Reiyukai […] est de rendre le sourire aux gens et vivre des moments de joies ensemble. » Un pratiquant du Groupe des jeunes au Japon
Après mes études, j’ai eu l’impression de ne plus savoir comment agir dans le monde. J’aspirais à ce que les actions de ma vie soient vertueuses, mais je ne savais pas dans quelle direction m’aventurer. Alors j’ai souhaité être guidée pour réaliser ce vœu. C’est ainsi que la pratique du Soutra du lotus du merveilleux Dharma s’est présentée à moi.
Comme j’avais laissé vivre en moi ce vœu, j’ai su que cette coïncidence m’apportait une réponse. J’ai commencé à lire le Soutra et à participer aux réunions en laissant mes doutes et mes a-priori de côté. De plus, je ressortais très joyeuse de nos moments d’échanges.
Puis mes aînés m’ont proposé de demander à recevoir « des compagnons ». N’en comprenant pas le sens, j’ai d’abord refusé et mis du temps à lâcher mon entêtement. Peu à peu, grâce à l’encouragement de mes aînés et à ma confiance en la pratique, j’ai souhaité que mon espace de pratique personnel devienne un lieu de partage de l’Enseignement. Cet été-là, j’ai récité le Soutra avec plusieurs personnes et accueilli une compagne de pratique, Marie. Au début elle remettait en question les actions de pratique que je lui proposais, comme par exemple le fait de s’acquitter de la cotisation mensuelle. Cela m’a demandé de questionner mes aînées sur le sens de cette cotisation et d’approfondir ma propre pratique. Aujourd’hui elle est ma compagne depuis cinq ans, est Animatrice*, et nous sommes huit à pratiquer ensemble. Le lien profond qui nous unit apparaît peu à peu et je vois que mes compagnons sont des clés pour ma transformation. Deux expériences en témoignent.
En janvier 2020 nous participons, Marie et moi, à la Session d’approfondissement. J’y entends deux directions de pratique importantes : « Souhaiter voir les obstacles de nos compagnons » et « Nous les approprier et nous en repentir lors de nos récitations afin d’apprendre du monde pur et large de l’Enseignement ». Deux jours après ce séminaire Marie me fait part de souffrances personnelles. Je l’écoute avec bienveillance et attention. Puis je me tourne vers mes aînées qui m’invitent à ne pas m’attacher aux états qui apparaissent, mais à souhaiter voir les causes profondes de ses souffrances, c’est-à-dire les obstacles de son esprit. Je dépose ces paroles lors des récitations du Soutra et Marie me rappelle dans le courant de la semaine. Elle me confie qu’elle prend conscience de sa manière de s’analyser constamment, de son mental, avide de recherche, qui la fait souffrir et qui l’épuise. Désirant reposer sur les bases de l’Enseignement et nous éviter des explications ordinaires et émotionnelles, je lui propose de se centrer sur sa réunion de pratique qu’elle a du mal à organiser et l’encourage à fixer une date. De mon côté, je demande lors d’une récitation en quoi mon mental, comme Marie, fait obstacle à mon apprentissage de l’Enseignement. Plus tard, je reçois un appel de Régine, ma grande aînée : elle me demande comment je vis l’organisation du séminaire de Saint-Malo. J’entends alors un encouragement à demander au monde des éveillés, lors de mes récitations, d’accompagner mes actions du cœur de partager l’Enseignement avec de nouvelles personnes. J’invite Marie à agir de même en vue de sa réunion qui a lieu la semaine suivante. Nous sommes quatre et Marie m’exprime que ma transmission lui a permis de faire une réunion plus légère que d’habitude.
En juin dernier, j’invite une compagne de pratique atteinte d’une maladie psychiatrique, que je n’ai pas vue depuis longtemps à participer au Séminaire des jeunes. À ce séminaire une aînée me demande : « Crois-tu qu’il soit juste de l’avoir conviée à ce séminaire ? » J’entends également de notre invité au Séminaire, un pratiquant du Groupe des jeunes au Japon : « Le but du Reiyukai n’est pas de rassembler des gens qui ont des problèmes, mais de rendre le sourire aux gens et vivre des moments de joie ensemble ».
Suite à ce séminaire les situations où cette compagne me demande mon aide s’enchaînent et je me rends compte que, quoique je fasse ou dise, elle reste bloquée dans ses schémas habituels. Mon aide est inefficace et cette relation devient trop lourde à porter pour moi.
Je réalise alors que je l’ai accompagnée avec mes idées, mon « bon cœur », mais que je n’ai pas recherché en reposant sur l’Enseignement. Je prends conscience qu’elle pratique seulement pour ne pas se sentir seule devant ses difficultés et pas du tout avec le souhait d’être autonome dans sa transformation et la résolution de ses obstacles. Ainsi, j’apprends à être ferme et bienveillante dans la relation avec elle. Il est clair pour moi désormais qu’une détermination personnelle est nécessaire pour entrer dans le monde de l’Enseignement. C’est pour cela que cela fonctionne avec Marie, car elle porte en elle le souhait profond de résoudre ses obstacles ainsi que ceux de ses ancêtres et de ses compagnons.
Barbara