Après l’arrêt de mon aînée directe, Corine et moi avons commencé à pratiquer ensemble. La relation a toujours été difficile. Cependant, jusqu’à il y a deux ans, cela ne nous avait pas empêchées d’être en lien. Il y a deux ans donc, nous avons rompu toute relation tant elle était devenue compliquée et conflictuelle à l’image de la relation mère-fille dans nos familles respectives. Nous avons donc continué notre chemin mais séparément auprès de nos aînés respectifs . Nous étions conscientes de cet héritage karmique commun et de l’importance de le résoudre.
Nous entendions l’une et l’autre de nos aînées, Isabelle et Cécile, des encouragements à nous remettre en cause, à être dans les liens avec nos compagnons pour apprendre et nous avons essayé d’adopter cet esprit. Grâce à cette recherche, j’ai commencé à prendre conscience de la réalité de ma mère et à lui pardonner son attitude distante et ses jugements à mon égard. J’ai vu qu’elle-même avait souffert de sa relation avec une mère-enfant fragile, qui ne créait que du conflit. Cela a fait naître en moi de la compassion et de la bienveillance pour elle. Une nuit elle m’est apparue en rêve, m’a prise dans ses bras comme on prend un petit enfant et m’a dit qu’elle m’aimait. Je ne me souviens pas qu’elle me l’ait dit du temps de son vivant. À ce moment-là, j’ai été libérée d’une tristesse que je portais sans en avoir jamais été vraiment consciente. Grâce à cette libération, mon lien avec Corine a radicalement changé. Ce rêve et notre recherche sincère ont contribué à résoudre ce karma de conflit mère-fille. Aujourd’hui, je peux dire que je suis vraiment heureuse de pratiquer avec mon aînée en qui j’ai une grande confiance. Au lieu de me crisper, je garde toujours un cœur indulgeant pour nos faiblesses et le souhait de notre progrès mutuel.
Lors de la dernière session, j’ai entendu en particulier un enseignement : c’est que nous n’avons pas de pouvoir direct face au karma. Cependant, il est possible de le confier au monde des éveillés et de se déterminer face au monde spirituel à jouer notre rôle de bodhisattva, à sortir des conditionnements qui nous enferment. Et c’est ce que je fais tous les jours : je demande à sortir de mes conditionnements pour voir la réalité telle qu’elle est et non pas déformée par mes filtres personnels. Pour cela, je crée des occasions de pratiquer avec mon aînée afin d’ouvrir le chemin à mes compagnons car je sais, par expérience, combien cela est puissant. C’est donc ce que j’ai mis en place avec Corinne avec qui je développe depuis quelque temps une relation merveilleuse ainsi qu’avec mes compagnes. Nous avons instauré des rendez-vous réguliers pour faire le point et nous encourager mutuellement. Des expériences sont nées de cette pratique avec deux de mes compagnes notamment.
L’une d’elle n’était jamais en lien, n’avait pas un très bon esprit et disait tout le temps « mais je fais ce que tu me dis ! ». J’ai pu me mettre face à elle et lui dire « c’est vrai, mais tu n’as pas le bon esprit ». Je savais qu’elle allait réagir mais j’avais confiance en son potentiel, dans sa capacité à entendre et à progresser. J’avais entendu à maintes reprises « C’est dans les liens qu’on apprend de quoi on est fait ». En écoutant cette compagne me raconter ses difficultés relationnelles au travail avec son supérieur hiérarchique, j’ai pris conscience que je vivais exactement la même situation avec un ressenti identique. Je lui en ai fait part et je lui ai proposé de rechercher ensemble comment résoudre cette situation qui nous faisait souffrir l’une et l’autre. « Confions cela au monde des éveillés avec le souhait sincère de nous libérer de nos conditionnements pour voir la réalité et appliquons-nous à jouer notre rôle de bodhisattva auprès de nos compagnons. » Je lui ai donné rendez-vous quelques jours plus tard pour faire le point. C’était une vraie recherche car j’avais conscience de ne pas savoir faire cela mais j’étais déterminée à rester concentrée sur ce sujet et sur mes compagnes. Ainsi j’ai eu de multiples occasions de voir de quoi j’étais faite, de vérifier que j’étais comme mes elles… Lorsque ma compagne m’a appelée, nous avons constaté l’une et l’autre à la fois que la relation s’était améliorée et que nous voyions plus clairement ce que nous engendrions par nos attitudes. Ma compagne a vu, par exemple, qu’elle prenait la place de son responsable en intervenant auprès de ses collègues : elle a modifié ce comportement, encourageant ses collègues à se tourner vers leur responsable. Ce dernier a commencé à reconnaître ses qualités et ses compétences. Dans sa vie personnelle, c’est également très différent. Les relations avec sa mère ou son ex-mari se sont apaisées. Elle n’est plus en attente et accepte la réalité telle qu’elle apparaît. Quant à moi, j’ai vu ma responsable comme un être prisonnier de ses propres conditionnements et j’ai commencé à souhaiter développer le cœur de son progrès ce qui était inimaginable !
J’aimerais aussi vous parler de Sandrine. Elle avait arrêté de pratiquer en partie, je le vois aujourd’hui, à cause de mes attentes. Elle a repris, il y a peu, le chemin du Reiyukai et je l’ai vu s’ouvrir : elle qui avait tendance à cacher, comme on le fait souvent, ce qui n’allait pas pour préserver son image, exprime qu’aujourd’hui elle a confiance en moi, qu’elle sait que, quoi qu’elle dise, je l’accueillerai avec bienveillance. Je trouve dans cette relation la qualité du lien qui m’unit à Corine et qui profite à mes compagnes. Quelle belle expérience !