Je découvre le Reiyukai il y a presque trois ans, par l’intermédiaire de mon ami Marc qui pratique depuis de nombreuses années, lors d’une réunion du cercle. Au fil de nos échanges, j’ai envie de m’engager sur ce chemin.
Mes relations avec ma famille sont, depuis toujours, très compliquées. Je rencontre mon mari à quinze ans, me marie à dix-huit et j’ai dix-neuf ans à la naissance de mon premier fils. Je me sens revivre : j’ai fondé ma famille, celle que j’ai choisie. Les liens avec mes parents et ma sœur se dégradent de plus en plus au point que je décide de couper totalement les ponts. Cette rupture durera plus de quinze ans…
Lors d’un séminaire, j’entends ces phrases qui guident ma recherche : « Qu’avons-nous hérité de nos ancêtres ? Comment développer une conscience bienveillante pour cet héritage, ses richesses et ses faiblesses ? Comment développer les qualités dont notre famille a manqué, transformer notre réalité et influer sur celle de nos descendants ? »
Je prends alors conscience du lien qui nous relie à nos ancêtres et j’installe rapidement un autel, animée d’une forte envie de réciter le Soutra pour mes ancêtres. Je suis profondément convaincue qu’ils m’aident à me transformer et à évoluer, et ainsi je travaille à cesser de vouloir tout maîtriser, tout contrôler …
Tout commence par le souhait, il y a 2 ans, de revoir ma sœur qui vit à vingt kilomètres de chez moi. En quinze ans de rupture, pas une fois nos routes ne se sont croisées… J’exprime donc le souhait de la revoir et, quarante-huit heures après avoir émis cette demande, on vient télescoper mon chariot dans un supermarché. Devant moi, ma sœur confuse d’avoir heurté malencontreusement un chariot, mon chariot ! Nous décidons de nous revoir, elle est beaucoup plus demandeuse que moi de renouer des liens : plus elle me téléphone ou s’invite à ma porte, plus je trouve des excuses pour remettre la discussion à plus tard… Je résiste. Que c’est difficile de ne plus rien maitriser ! J’ai conscience que nos vies ont été faites de tempêtes relationnelles, issues de l’enfance. Ma sœur et moi nous avons été enfermées toutes les deux dans une prison « de silence ». Et ce silence est devenue une protection pour moi.
Pourtant je veux évoluer et j’ai fait le souhait d’abandonner la maîtrise et le contrôle … Face à ma résistance, mon aîné de pratique me conseille de confier cela au monde des Éveillés, d’accepter ma réalité et de me laisser guider par l’Enseignement. Au fil des mois, je propose à ma sœur de partager des récitations du Soutra et je constate des transformations dans notre relation ce qui a pour conséquence de m’aider à regarder ma douleur autrement. Je cesse de me cacher derrière les murs défensifs que j’ai dressés. C’est à ce moment je « vois et comprends » que la première personne à libérer, c’est moi-même.
Je reprends contact avec mes parents, seule solution pour être en paix. Il me faut pardonner l’acte impardonnable subi il y a des années lorsque j’étais enfant… Le jour où je revois mon père est un jour libérateur car quand le pardon est accordé, il rétablit le lien qu’a brisé l’offense. L’aveu et la demande de pardon rendent à l’offenseur son statut de père, mon père. Le mot pardon prend toute sa place dans mon histoire personnelle et celle de ma famille, car il est la clef de la délivrance pour moi, ma mère et ma sœur : nous retrouvons nos places de femmes au sein de notre famille.
Ce travail pour ma famille a duré deux ans, et il a été une étape importante pour mon père car, ensemble, nous avons été sur le chemin du pardon avec un cœur pur. Mon père est décédé quelque temps plus tard. Depuis, j’ai engagé des recherches généalogiques pour ma famille dans le but de mettre en place mon registre de noms posthumes, et de continuer ainsi sur la voie du Bouddha. J’ai confiance dans notre potentiel d’amélioration et d’éveil, j’ai confiance dans la capacité à nous libérer de nos conditionnements et dans notre pouvoir de transformation. L’objectif de cette pratique n’est-il pas de participer activement au progrès et à l’harmonie sociale, et de contribuer à un monde plus en paix ? ….
Barbara