C’est grâce à ma conjointe que j’ai eu mes premières expériences. Elle a commencé à pratiquer 1 an avant moi. À cette époque je ne parlais presque plus à mes parents, définitivement convaincu que nous étions différents. Mais Marion a commencé à se transformer, et des aspects de notre relation que je croyais immuables ont bougé. Alors qu’elle aussi était brouillée avec mes parents, elle a recréé un lien avec eux. Je ne mettais pas encore tous ces changements sur le compte de la pratique, même si j’étais curieux, et ne la jugeais pas du tout. Je faisais énormément de théâtre, Marion du bouddhisme, chacun son association pour s’épanouir, c’était mon esprit de l’époque !
Et puis, poussé par la curiosité, je me suis rendu à un premier séminaire à Nantes. Même si les expériences entendues lors de ce rassemblement ne m’ont pas totalement convaincu, l’atmosphère chaleureuse et sincère m’a touché. Je l’ai donc accompagnée à nouveau à une réunion. Et là, je me suis étonné de me reconnaître dans chacun des témoignages. Je me disais « mais c’est moi ! ». J’ai alors adhéré au Reiyukai et à son projet.
Le Noël suivant, en me rendant dans ma famille, j’ai essayé de regarder mes parents tels qu’ils étaient, curieux de vérifier ce que j’avais entendu, sans m’attarder sur les différences que je percevais. J’ai essentiellement vu à quel point nous étions semblables dans notre quotidien et mon cœur s’est beaucoup adouci depuis. Et surtout une reconnaissance est née en moi à leur égard.
Mes premières expériences, par le biais des personnes qui se sont reliées à moi dans ce cadre, m’ont montré comment mon mental guidait ma vie. Mais qu’il était dur de faire ce que j’entendais pour mon progrès ! Mes quelques expériences fortes ont toujours commencé par un lien avec mes aînés. Brouillé avec un membre actif de mon association de théâtre, je me suis confié à elle et j’ai entendu « S’il te fait réagir, c’est qu’il appuie au bon endroit ». Le soir même, me retrouvant à converser dans un petit groupe avec lui, je le voyais n’écouter personne et ramener tout le temps le sujet de la conversation à lui-même. Aussitôt les mots de mon aîné me sont revenus et j’ai pensé « mais cet égo, c’est le mien ! ». Ce fut très réjouissant de le voir de cette manière et j’ai tout de suite pris la détermination de nettoyer cet aspect-là de moi, conscient de le retrouver chez mes ancêtres.
Tout récemment, j’ai pu voir un peu plus le lien qui me lie à mes ancêtres. Ma grand-mère est partie rejoindre nos ancêtres début décembre. Depuis quelques années elle perdait l’usage de ses membres et de la parole. À la nouvelle de son décès, j’ai été très triste. En même temps, j’ai eu la très nette impression de la sentir juste à côté de moi et j’ai ressenti une grande joie en me disant « Mamie, on reste en contact ! ». Marion m’a proposé de me relier aux aînés pour commencer la pratique des 49 jours pour l’accompagner. J’ai entendu d’eux que c’était important de l’accomplir avec sincérité, pour elle. Ayant ressenti cette sorte de connexion, je me suis déterminé à faire ce qu’on me proposait même si je ne comprenais pas trop ce que ça pouvait engendrer. Cela m’a demandé de gros efforts concrets, notamment de me lever plus tôt pendant des missions de terrain pour le travail ou les fêtes de Noël dans ma famille. Le 49ème jour, j’assistais à une réunion de membre actif et j’ai entendu une invitation à prendre un rôle de parent pour mes compagnons. Ma grand-mère n’avait cessé d’être encensée sur cet aspect-là de sa personnalité pendant son enterrement ! Elle a eu 5 enfants et même une médaille pour ça ! Je n’ai toujours pas de compagnon… mais quand des personnes se relient à moi aux réunions, j’essaye de développer un cœur de parent, actif, en recherche du besoin de l’autre, plutôt que de présenter la pratique puis de dire « Salut à la prochaine réunion si tu veux, peu m’importe ! » Ça me demande plus d’engagement !
Aujourd’hui, je me rends à peine compte qu’en accomplissant, avec le souhait d’acquérir des qualités nouvelles, les actions que mes aînés me proposent, je vis des expériences étonnantes. Et très positives ! J’essaye de garder une détermination forte, et surtout de corriger mon esprit dès que je vois le cérébral reprendre le dessus sur mon progrès. Quel boulot !