Lors d’un échange, une de mes compagnes me confie que son entourage lui renvoie son manque de considération et d’attention pour les autres.
Elle-même souffre d’un manque de considération de la part de sa mère qui ne fait pas assez attention à elle. Nous déposons ce sujet sur l’autel et demandons à être éclairées par rapport à cette problématique. Dans les jours qui suivent, mon compagnon de vie et de pratique, et moi-même, entrons dans une phase de difficultés relationnelles : il me reproche mon manque de considération vis-à-vis de ses actions. De mon côté, je sens que je souffre aussi d’un manque de reconnaissance de sa part dans ce que je suis et ce que j’exprime.
J’en parle à mes aînées, Claire et Valérie. Le lendemain je m’aperçois que j’ai omis de noter sur mon agenda un stage que Claire et moi devions faire ensemble. J’ai pris d’autres engagements professionnels et ne pourrai pas y assister. Je préviens donc Claire qui est très déçue par ma défection, peut-être même irritée. Lorsque nous abordons le sujet, elle me dit ressentir un manque de considération à son égard et me reproche de ne penser qu’à moi. Je suis blessée et me sens incomprise. Je dépose cet état sur l’autel pour être éclairée et guidée.
Un faisceau d’informations
Durant les jours suivants, je m’aperçois que le lien que j’ai avec certains de mes compagnons est peu nourri ; je constate leur difficulté à être en relation avec moi, et ma difficulté à prendre des nouvelles de chacun, à m’intéresser sincèrement à eux. De même, dans mon travail, il m’apparait que je peux être discriminante dans ma manière de penser aux autres. J’ai peu de relations profondes et je ne suis que très peu au courant de la vie de mes collègues. Je vois qu’ils ne m’intéressent pas plus que ça. Je laisse en suspens les textos qu’on m’envoie, une fois l’information qui m’intéresse obtenue ; je donne peu de nouvelles. Et je n’ai aucune conscience de l’effet que cela peut produire sur autrui.
Préoccupée par ma vie et mon travail, je manque de disponibilité ou de régularité dans les relations. Elles sont donc minimalistes, basées sur une certaine instrumentalisation de l’autre à mes propres fins. Par exemple, mes compagnons de pratique sont au service de mon développement personnel, et nourrissent mon projet de Cercle pour ma propre satisfaction… En bref, je suis tournée vers moi plutôt que vers les autres. Je vois donc nettement mon manque de considération pour ce que sont les gens, ce qu’ils font et vivent. Je décide de me rapprocher de mes compagnons et de les accompagner vraiment. Je me déplace notamment chez une compagne chez qui je vois beaucoup de peurs et de fragilité. Je crois percevoir alors que cette peur de l’autre, cette peur de la relation est à l’origine de ce manque de considération, et aussi d’un auto centrage lié à une grande sensibilité émotionnelle. Comme cette compagne, ma sensibilité me conduit à me protéger des autres, elle produit de la souffrance et des préoccupations qui prennent toute la place. Quand je récite le Soutra, je regrette ces peurs et demande au Monde spirituel de développer de la confiance.
J’entends aussi mon compagnon de vie souhaiter recevoir de la gratitude et des remerciements de ma part. Je vois donc mon manque de douceur, de cœur vis-à-vis de l’autre et je me détermine à me consacrer à la transmission de l’Enseignement pour le bonheur des autres plutôt que pour mon développement personnel.
Accompagner ses amis spirituels, c’est entrer en relation avec eux, se déplacer chez eux, leur proposer des rôles et ne pas se positionner en « sachant » mais en « apprenant », avec humilité. Aujourd’hui mon compagnon de vie prend un rôle important dans notre Famille de pratique, ce que je ne croyais pas possible il y a encore peu, et mes compagnons se transforment profondément et changent de qualité d’être.
Laure