Participer à un séminaire de groupe n’est pas un acte anodin. Annick en a fait l’expérience cet été…
Depuis trois ans, nous nous retrouvons pour un séminaire de notre groupe et ce rassemblement est un moment important pour notre progrès commun. Cet été, à l’approche du week-end, je faisais un constat un peu douloureux : plus de relation proche avec mes sœurs jumelles depuis 6 ans, des relations au travail et avec mon aînée de pratique parfois houleuses et plus de compagnons de pratique. J’avais donc toutes les raisons d’être motivée par ce séminaire et pourtant…
Je bougonne, je bougonne….
Une semaine avant le séminaire, à mon grand mécontentement, je n’ai aucune information précise sur l’organisation, notamment pour le covoiturage et je grogne intérieurement. Cette insatisfaction doublée de jugements négatifs se manifeste alors dans tous les domaines de ma vie. Au travail, par exemple, je fais appel à une secrétaire et notre court échange s’achève par un « tu me casses les pieds ». Au centre Reiyukai, alors qu’on m’invite à organiser moi-même le covoiturage que je souhaite et à créer du lien avec les autres membres du groupe, je dis « non ». De retour chez moi, je récite le Soutra et exprime le souhait d’aller au-delà de mes limites. Juste après cette récitation, une compagne me propose de covoiturer pour nous rendre ensemble au séminaire. Encouragée, je repasse au Centre le lendemain et récite le Soutra avec l’esprit d’apprendre et de partager l’Enseignement. A table, je relate mon expérience avec la secrétaire, indiquant la part de moi-même qui dit « il te reste à présenter sincèrement tes excuses. » et l’autre qui dit « oui mais ». Comment faire coïncider mon envie d’évoluer et ma réalité ? C’est en m’ancrant dans l’Enseignement par la récitation du Soutra, que naît un cœur sincère pour m’excuser…pas par politesse… mais parce que j’adhère totalement à cette action et c’est léger !
Mais une conscience nouvelle naît…
A mon arrivée au séminaire, je suis surprise de voir si nettement les états des membres du groupe. J’ai l’impression de voir autrement, pas seulement avec les yeux : je suis présente avec l’envie que chacun goûte au merveilleux de l’Enseignement ; cela s’impose à moi dans la joie. Lors d’une réunion, spontanément je souhaite que nous clarifiions ce que l’on entend par « pratique » et, tout au long du séminaire, les échanges contribuent à répondre à cette question. A la fin du weekend, je vois les esprits dégagés, allégés. J’écris à une amie : « Ce soir les ancêtres ont à se raconter et nous, nous sommes le cœur plein d’envie, de détermination, de curiosité à aller plus loin, ensemble, pour tous ! » Je constate que le tremblement qui m’habitait avant le séminaire a fait place à un esprit calme et à une grande force intérieure. Ce que j’attendais de l’extérieur, se trouve maintenant en moi simplement et je vais en faire l’expérience concrète…
…et les liens familiaux se resserrent
Mon père, malade depuis quelque temps, est mourant. A ma sœur qui me dit :« C’est le moment pour toi d’invoquer les éveillés ! » je réponds simplement : « je récite le Soutra avec le cœur que papa parte en paix ». Insatisfaite de ma réponse, je questionne une ainée qui m’encourage à lui proposer de réciter le Soutra ensemble. Cette idée me réjouit profondément mais là encore arrivent au galop les « oui, mais », elle est à cent mille lieu de ça… » Mais ils disparaissent très vite et, de retour à la maison, devant l’autel familial, j’exprime le souhait sincère que mes sœurs et moi récitions le Soutra pour nos parents. Quelques jours plus tard, elles me rendent visite. Pour répondre à leur invitation à déjeuner à l’extérieur, je les invite à m’accompagner au Centre Reiyukai pour y manger et réciter ensemble le Soutra. Et c’est ce que nous faisons avant d’aller voir toutes les trois nos parents ; c’est la première fois que nous sommes réunis depuis 6 ans.
En arrivant auprès de mon père inconscient, je l’assure que tout va bien, que nous sommes là ensemble avec maman et que nous prendrons soin les uns des autres. J’avertis maman que papa va nous quitter très bientôt. « Tout a une fin, la vie n’est pas toujours comme on voudrait qu’elle soit, c’est triste mais il faut apprendre à l’accepter, répond-elle » A ce moment- là, ma sœur qui cire les chaussures de mon père, plaisante : « Tu te rends compte, je suis en train de te cirer les pompes ! » Nous regardons papa qui, dans ce sourire, rend son dernier souffle.
Depuis 10 ans, je mesure le chemin parcouru et tout particulièrement depuis qu’Isabelle, mon aînée, ouvre sa maison pour nous accueillir. L’Enseignement est transmis et de nouveaux compagnons nous rejoignent. Le temps de l’ouverture, de la recherche, de la confiance, de l’amitié spirituelle est, et c’est bon !
Je comprends davantage le sens de ces paroles de la fondatrice « L’Enseignement nous apprend comment, par l’action, changer notre vie, notre réalité. C’est le terrain de la pratique. Seule notre réalité est le miroir exact de notre état. La réalité est plus importante que la pensée. Pour découvrir vraiment qui nous sommes, il suffit de voir notre vie : elle est le reflet de notre qualité d’être humain. Devenir un être humain évolué n’est pas une abstraction : cela doit se matérialiser par une vie différente. Pour arriver à cela, on accomplit les actions de la pratique grâce auxquelles on réalise l’Enseignement et on développe des qualités nouvelles. »
Annick