Une confiance inébranlable

J’ai longtemps été insatisfaite de ma pratique. Malgré des transformations concrètes, dans ma vie et celles de mes enfants, liées à ma confiance dans cet Enseignement, je n’arrivais pas à construire des liens profonds et durables ni avec les autres ni avec des compagnons de pratique et je ne percevais pas ce qui en était la cause. Il y a 4 ans, en début d’année, je me suis déterminée à créer un cercle de partage et à me transformer jusqu’à ce que ce projet se réalise. Est monté en moi alors le souhait de pénétrer dans le monde de l’Enseignement tel que les Fondateurs l’ont proposé. Jour après jour, j’ai commencé à voir mes obstacles tel le manque de considération à l’égard des autres, à regretter ces limites lors des récitations du soutra et à corriger avec conscience mes attitudes.

Pour le séminaire du printemps, j’ai accueilli 3 compagnons. À ce séminaire, comme, lors de la lecture du soutra, je remerciais d’avoir reçu ces 3 compagnes, on m’a dit « ce n’est pas la peine de nous remercier, on compte sur toi ». Je n’avais aucune idée de ce que cela pouvait bien vouloir dire. J’ai découvert ensuite que ces compagnons avaient des histoires de vie très proches de la mienne ou de celle de ma famille. Grâce à mon souhait que nous puissions nous transformer, nous avons mes compagnes et moi-même, avec l’aide de mes ainés de pratique, fait face à des réalités parfois très difficiles. Ma conscience s’est ouverte sur ce qu’étaient mes compagnes et compagnons et ma façon de les accompagner s’est profondément modifiée, épurée. Aujourd’hui, je ne les accompagne plus avec mes idées et mon pouvoir mais avec l’Enseignement. Sept compagnons nouveaux se sont reliés à notre cercle et pour chacun la réalité a changé.

Je vous en livre ici deux exemples. Une de mes compagnes a de grandes qualités humaines mais ses fragilités psychologiques perturbent sa relation aux autres et créent parfois des tensions. Refusant d’entendre l’Enseignement de ma part, elle décide d’arrêter de pratiquer malgré de nombreuses expériences et un sentiment de reconnaissance envers la pratique. Consciente du sens de ce lien pour mon progrès, soutenue et guidée par mon ainée, j’ai récité le soutra pour elle et ses ancêtres afin d’être éclairée pour agir. J’ai vu peu à peu que j’étais comme elle, notamment dans la relation avec mes ainés, que j’avais, comme elle, beaucoup d’attentes affectives. J’ai regretté et j’ai souhaité changer. Seule ma transformation concrète et réelle lui ouvrirait de nouveau la voie de la pratique, sans que je lui dise quoique ce soit. C’est ce qui s’est passé. Quelque temps plus tard, j’ai reçu un message dans lequel elle m’annonçait sa décision de pratiquer à nouveau. À cette période, sa vie a changé, elle a quitté un travail difficile et a eu l’opportunité de reprendre des études à l’université. Elle a eu des prises de conscience essentielles sur elle-même et elle reçoit maintenant de nouveaux compagnons. Aujourd’hui nous cheminons ensemble pour lui permettre de développer les capacités d’accompagner ses compagnons avec l’Enseignement au-delà de ses qualités personnelles.

Ma fille pratique mais notre relation a toujours été difficile, elle me faisait beaucoup de reproches et se mettait souvent en colère contre moi. Et, même si elle est convaincue de la puissance de la pratique, elle refuse d’entendre l’Enseignement, tout comme ses compagnons. Comme pour mes autres compagnes, je souhaite qu’elle puisse accepter l’Enseignement afin de résoudre ses états karmiques. Récemment, elle est tombée malade et lors d’une récitation du soutra, j’ai senti que cela avait un sens pour nous, que c’était le moment de résoudre des obstacles karmiques profonds. J’ai demandé tous les jours en lisant le soutra ce que je pouvais faire et suis restée très en lien avec mes ainés pour me nourrir de l’Enseignement. Ce qui est apparu, ce sont mes propres obstacles à entendre l’Enseignement. J’ai vu mes idées, mon orgueil, mon esprit qui n’accepte pas la réalité, mon manque de confiance profond dès que la réalité est difficile… J’ai regretté et souhaité me transformer. Ma fille a agi de même. Ses compagnons se sont mis à accomplir des actions de pratique sans qu’on leur dise quoique ce soit et des personnes se sont présentées pour l’aider dans ses soins. Lors d’une récitation du Soutra j’ai eu accès à une vision de la réalité, comme si je revenais à la naissance d’Isabelle. J’ai vu toute la négativité que j’avais cultivée envers son père, et la nature de ma relation avec elle qui ne lui permettait pas de grandir par elle même. Au cours de cette lecture, mon cœur a changé et j’ai éprouvé pour la première fois de la compassion pour mon ex mari. Les différents évènements qui se sont succédé ce jour-là témoignent de la puissance du monde de l’Enseignement lorsqu’on accepte et met en pratique la méthode et la voie qu’il indique. En effet, ce jour-là, de nombreux changements ont eu lieu : la qualité de la relation avec ma seconde fille s’est modifiée, j’ai eu naturellement plus de considération pour elle ; l’une des compagnes d’Isabelle a rencontré une jeune fille qui a fait une dépression à cause de la relation avec ses parents, confirmant mes propres prises de conscience ; j’ai commencé une nouvelle relation affective et surtout, j’ai senti qu’Isabelle pouvait commencer à être soignée et qu’elle allait vivre par elle-même. Et c’est ce qui se passe en ce moment.

Depuis j’ai de nombreuses prises de conscience et je renouvelle sans cesse mon vœu de me transformer. Je m’efforce de m’impliquer dans les relations avec cœur, reconnaissance, soucieuse de permettre à mes compagnons de réaliser l’Enseignement et de résoudre leurs états d’existence. Peu à peu il m’est permis de voir ce qui est à l’origine de ma négativité et de mes attitudes et de m’en délivrer. Et, malgré les circonstances encore difficiles, j’expérimente la paix et l’harmonie liés à la confiance dans le monde vivant et éveillé de l’Enseignement. Jour après jour, la réalité bouge étonnamment, nourrissant cette confiance et le vœu de continuer à avancer sur le chemin du Bouddha.

Régine