C’est dans le cadre de son travail en particulier que Marie expérimente les effets positifs de la conscience des liens qu’elle a découverte depuis qu’elle est membre du Reiyukai.
Peux-tu nous décrire en quelques mots ta vie avant ta rencontre avec le Reiyukai ?
J’avais 30 ans, je vivais seule, je travaillais seule, sans collègues, je voyais peu les gens de ma famille… Bref, plus je pouvais éviter d’être avec des gens et mieux je me portais ! En même temps, je ne comprenais pas à quoi pouvait bien servir la vie ni quel était son sens et je n’étais pas très satisfaite.
Quand cela a-t-il changé ?
Un jour, lors d’une réunion professionnelle, j’ai rencontré une femme qui n’avait pas du tout le même discours que les autres personnes : elle exprimait que nous ne sommes pas des victimes condamnées à subir ce qui nous arrive mais qu’à l’inverse tout ce qui se produit dans nos vies a des racines en nous. J’ai tout de suite perçu que ces propos étaient importants et je lui ai demandé comment elle pouvait tenir ce discours que je n’avais jamais entendu. Elle m’a alors parlé du chemin qui était le sien et, à partir de ce jour, j’ai commencé à partager la pratique du Reiyukai avec elle. Depuis ce moment-là, depuis 8 ans donc, je me suis efforcée d’écouter l’Enseignement transmis par mes aînés : on réalise le progrès décrit dans le soutra grâce aux actions précises que l’on accomplit avec persévérance. Ainsi, combien de fois ai-je offert le soutra à mes ancêtres pour sortir de ma confusion ? Combien de fois me suis-je déplacée, faisant souvent beaucoup de kilomètres pour me rendre dans les lieux de pratique quand tout me poussait à rester au chaud à la maison ? Combien de fois ai-je fait l’effort de prendre des nouvelles de mes amis de pratique plutôt que de me regarder le nombril ?
Quelles répercussions ces efforts ont-ils eues ?
Aujourd’hui, ma vie a pris une tournure complètement différente : je vis avec quelqu’un, j’ai des relations beaucoup plus adoucies avec les gens de ma famille et, il y a 2 ans, j’ai pris la direction d’une structure de 80 salariés. Il s’agit d’un organisme d’insertion pour des personnes en grandes difficultés. Lorsque j’ai commencé ce travail, j’ai vite réalisé que je n’avais ni les compétences, ni les qualités humaines pour une telle entreprise. Je pouvais agir comme à mon habitude, n’en faire qu’à ma tête et suivre uniquement mes idées ce qui me conduirait à la démission, comme je l’ai toujours fait auparavant dès que ça « sentait le roussi » ; ou me relier à cet enseignement et développer ma capacité à apprendre dans la relation avec les amis qui m’ont rejointe sur ce chemin. Grâce aux efforts concrets réalisés auprès de mes compagnons, j’ai acquis des capacités nouvelles et développé un cœur différent à l’égard de mes collègues. J’ai fait preuve de patience, de respect, de solidité aussi lorsque des conflits survenaient…
Comment ces capacités se sont-elles créées ?
Quelles que soient les situations auxquelles je dois faire face, je me remémore quelques éléments fondamentaux de l’Enseignement : le potentiel commun à tous, l’héritage ancestral parfois lourd, l’interdépendance… Par exemple, face aux difficultés relationnelles, plutôt que de céder au jugement, à l’impatience, voire à la colère, je perçois combien chaque personne ne fait pas exprès, mais aussi a un potentiel de progrès et, surtout, qu’elle m’est reliée. Je découvre chaque jour à quel point je me sens reliée à chacun d’entre eux, dans leurs difficultés et aussi dans leurs qualités ! Je constate aussi avec beaucoup de joie que les relations qu’ils ont entre eux changent : petit à petit des solidarités se créent, les gens s’entre-aident. Cette remise en cause dénoue clairement des tensions. De même, face aux situations matérielles difficiles parfois, je m’efforce de ne pas céder à mon angoisse et de ne pas me perdre dans la recherche de solutions intellectuelles ordinaires mais de demander en récitant le soutra à être guidée, à voir clair dans ce que j’ai à faire : ainsi s’ouvrent des solutions auxquelles je n’avais pas songé. Grâce à mon souhait d’aider chacun, à son niveau, à progresser, grâce à ma remise en cause, j’acquiers petit à petit de nouvelles capacités pour remplir différemment ce rôle professionnel. En même temps, une de mes collègues m’a rejointe dans cette pratique et je me réjouis des expériences très concrètes qu’elle peut faire dans la sphère professionnelle. Elle a toujours été sociable et avait l’habitude que les gens se confient à elle. Pleine de bonne volonté, elle leur prodiguait des conseils, cherchait des solutions à leurs problèmes mais souvent cela ne fonctionnait pas. Aujourd’hui, elle sait que les situations que les gens vivent ont des causes, des causes ancestrales parfois, des causes liées à leurs propres actes aussi. Elle a aussi confiance dans leur capacité à progresser grâce à leurs propres efforts. Récemment nous nous interrogions toutes deux sur les raisons pour lesquelles un des salariés ne faisait pas le travail que nous lui demandions. Plutôt que de le lui reprocher, nous étions soucieuses de lui permettre d’être plus heureux durant sa journée de travail et d’exploiter ses capacités. A notre grande surprise, il a demandé à nous rencontrer le lendemain pour évoquer ses difficultés et nous a proposé qu’on lui attribue de nouvelles tâches. C’était exactement ce à quoi nous avions pensé la veille ! De telles attitudes, conscientes et bienveillantes, multipliées métamorphosent la qualité des relations au sein de notre structure !
J’étais vraiment loin d’imaginer les ponts qui existent entre nos efforts à accompagner nos amis sur ce chemin et les effets que cela produisait dans tous les domaines de notre vie quotidienne. Je l’expérimente avec un grand bonheur !