1ère étape : Réunion et détermination
En fin d’année, mon aînée, Barbara, et moi prenons la détermination d’être plus proches de mes compagnons. Nous proposons à Romain ainsi qu’à Clément de réciter le Soutra ensemble une fois par semaine pour faire vivre cette détermination. Au bout de trois semaines nous rencontrons Régine, notre aînée, avec Romain qui parle de son père et émet le souhait de commencer des recherches généalogiques. En toile de fond de ces moments de pratique, j’apprends à me faire confiance, ne pas douter de ma pratique et de mes intuitions au quotidien face à mon compagnon de vie avec qui la relation est compliquée. Peu à peu je confie la relation avec cet homme au monde de l’enseignement, désireuse de mieux voir le sens de cette relation.
Le 29 décembre 2020 j’assiste à une réunion et j’entends Claudine dire : « La vie des jeunes qui pratiquaient avec moi a complétement changé. Si on prend la détermination de partager la pratique avec le plus grand nombre, la vie change ». Ces paroles renforcent ma détermination intérieure.
Quelques heures plus tard, j’ai la douloureuse expérience de subir la violence de mon compagnon de vie. Je suis choquée et ébranlée. Le lendemain, deux jeunes du lieu où nous nous trouvons m’invitent à faire une balade en forêt. Pendant trois heures, nous échangeons sur des sujets très profonds ; nos histoires, pas toujours simples, nos questionnements, nos aspirations, etc. Je sens ces chez jeunes de quelques années de moins que moi, une profonde remise en question de leur façon d’être au monde et vis à vis des autres. Pendant la discussion, ils me disent : « On est en demande de partager notre spiritualité, mais avec nos amis, ce n’est pas simple. » Je suis très reconnaissante d’entendre une phrase pareille et de faire une rencontre aussi riche après ce qui m’est arrivé la veille. Je m’appuie sur ce moment pour me dire que, malgré cette épreuve très douloureuse, je suis bien à ma place : au bon endroit par rapport à ma détermination de partager la pratique avec les autres. Je leur propose donc de se relier aux deux pratiques spirituelles que je suis, le chamanisme et le Reiyukai. Juste avant de quitter ce lieu, j’ai aussi la magnifique opportunité de chanter devant ces jeunes. C’est un souhait que j’ai depuis longtemps, pouvoir chanter sans avoir peur du jugement, car j’ai vraiment du mal à oser être qui je suis face aux autres. Leurs retours sont extrêmement bienveillants et encourageants. Je suis ravie, reconnaissante. « En fait, me dis-je, oui, comme on l’entend souvent aux réunions, tout est juste. Hier c’était l’épreuve, mais aujourd’hui c’est un résultat, un cadeau. J’ai avancé. » Nous sommes le 30 décembre. Je suis hyper contente de mon avancée personnelle à la fin de cette année 2020. Je quitte ce lieu, décidée à rompre avec la personne avec laquelle je vis.
Quelque temps après, Mathieu, l’un des jeunes que j’ai rencontrés, participe à une réunion des jeunes de la Branche Carayol. Je suis ravie pour lui. Nous continuons d’échanger. Il assiste à une autre réunion et fait une expérience étonnante par la suite.
2ème étape : Lien aux ancêtres et aux compagnons
La situation que je traverse me permet de percevoir à quel point ce que je vis vient chercher des mémoires très profondes, liées aux femmes des deux branches familiales : des femmes qui ont protégé des maris violents, qui n’ont pas pu se choisir, parce que l’époque, parce que le devoir, parce que la dépendance financière, etc. Je ne leur en veux pas. Je comprends que ce qui m’arrive est l’occasion pour moi de sortir de ces rails tracés par mes ancêtres. Je ressens que choisir de partir, dès cette première alerte, et maintenir ma position et mes choix dans cette rupture, est un acte fondateur pour ma vie. Je marque, par ces actions, ma façon de vivre et d’être au monde, et je romps la chaîne des actions posées par mes ancêtres pour démarrer quelque chose de nouveau et pour réaliser ma vie comme je l’entends souvent en réunion. Je le fais donc pour moi, pour mes ancêtres femmes, pour le jour où elles se réincarneront, pour les générations futures et pour toutes les femmes d’aujourd’hui.
A la suite de la rupture, la situation se corse. Mon ex-ami m’envoie des messages de menaces concernant mes affaires restées dans l’appartement commun et notre venue pour le déménagement. Terrifiée, je suis alors très en lien avec mes aînées, Barbara et Régine. Celles-ci m’invitent à me concentrer sur la réunion que j’organise chez moi, et à encourager mes compagnons à être acteur de cette réunion qui est aussi la leur. Je récite le Soutra avec ce souhait durant la semaine précédant la réunion. Nous organisons un temps d’échange avec mes ainées et mon compagnon Romain pour l’aider à clarifier son expérience. Lors de la réunion, Romain, bien que très réservé, exprime des situations de sa vie où il a pu agir autrement dans les relations, et Clément guide pour la première fois la récitation du Soutra. A la suite de cette réunion, Romain reçoit d’un cousin un arbre généalogique et Clément récite le Soutra avec sa mère. Je perçois que ces « événements » nouveaux dans leur réalité de vie sont liés à leur engagement, aux rôles qu’ils ont accepté de prendre lors de la réunion, accompagnés par le Monde spirituel, et à bien des choses que j’ignore ! C’est très encourageant pour nous tous.
Enfin, la veille de mon déménagement que j’appréhendais tant, Gaspard, un nouveau compagnon en herbe vient dans mon nouvel appartement partager le son de sa guitare pour que je m’entraîne à chanter avec lui. Les meilleurs remèdes au stress, la musique et le lien avec les autres !
La pratique du Reiyukai, ça me montre que mon action a impact plus large que ce que je crois. Ce n’est pas juste pour moi-même, être heureuse. Car, d’après ce que j’ai entendu aux réunions : c’est aussi pour mes ancêtres, pour les autres femmes et pour briser les chaînes karmiques pour les générations futures. Mes choix se révèlent multidimensionnels. En être consciente me donne plus de force et de poids pour faire mes choix.