Ma mère est décédée il y a un an aujourd’hui. Lors de sa sépulture, de nombreuses personnes m’ont témoigné de toutes les qualités qu’elles avaient perçues chez ma mère : sa sociabilité, son attention aux autres, son énergie et sa joie d’échanger.
Les gens dans le village la connaissaient ainsi. Mais à la maison elle était différente, assez triste, peu sûre d’elle, très inquiète de ne pas réussir à faire face à la charge de ses onze enfants. Elle était soucieuse du regard des autres qui, selon elle, réussissaient toujours mieux que nous. Elle n’était pas consciente de ses qualités. Aucun doute ! Je suis bien la fille de ma mère.
Être actrice de ma transformation
J’expérimente aujourd’hui avec détermination une pratique de bodhisattva, une pratique de transformation que j’ai longtemps refusée car souhaiter me transformer me semblait égoïste. Cela m’empêchait d’entrer dans cette forme de recherche. Mais dès que j’ai pu entendre l’importance de se transformer et tout particulièrement dans les liens avec les compagnons, j’ai corrigé mon esprit. Je suis devenue actrice de ce changement et cela a pris sens. Aujourd’hui je réalise cette transformation grâce à mes compagnons. Je mets ma pratique au service de mes compagnons, des gens qui m’entourent, de ma famille, de mes collègues et c’est mon moteur. Accomplir son rôle de bodhisattva, c’est nettoyer en profondeur de nombreux aspects. J’ai pris des rôles dans mon Cercle de pratique. Dernièrement, lors de la Session d’approfondissement, une de mes compagnes a émis le souhait que je l’accompagne au Séminaire régional de Dijon. J’avoue que je ne l’avais absolument pas envisagé : je sentais cette compagne suffisamment autonome et je ne voyais pas l’utilité d’être à ses côtés. Elle pratique en Suisse et participe aux réunions organisées à Lausanne. Mais pendant la session, j’ai entendu combien il était important d’accompagner les membres de notre Cercle, d’être là pour les écouter, entendre leurs besoins. J’ai donc décidé d’être à ses côtés et j’ai vu combien mon implication la soulageait. Très peu de temps après, elle m’a appelée pour m’annoncer que deux personnes nouvelles l’accompagneraient à ce séminaire.
Je me suis rendue à Dijon, tournée vers le progrès de cette compagne et animée du souhait de voir ce que nous avions à apprendre. C’était un très beau séminaire dans lequel je me suis impliquée auprès des personnes nouvelles accueillies par ma compagne. Toutes deux ont décidé d’expérimenter ce chemin. Quant à moi, je me suis déterminée à développer un groupe de pratique. Étonnamment, à peine rentrée à Nantes auprès de ma famille, j’ai senti les obstacles karmiques familiaux bien connus refaire surface. Je me sentais incapable d’y faire face. De nouveau des pensées négatives envahissaient mon esprit : « Je ne savais pas communiquer, je n’avais pas intéressée les autres personnes… » Heureusement à la maison l’ambiance était chaleureuse et cela m’a permis de mettre temporairement tout cela de côté. Mais le lendemain matin les obstacles karmiques étaient toujours présents. J’ai tout de suite appelé mon aînée, j’ai récité le Soutra et je me suis tournée vers mes compagnons. J’ai recherché ce que j’avais à faire pour eux. Cet état s’est estompé rapidement. J’ai expérimenté à nouveau, le fait qu’agir ainsi permet de s’extraire du monde karmique dans lequel nous baignons souvent. Cela nécessite de la persévérance, de la confiance, de l’authenticité et le souhait sincère d’apprendre.
Créer un cœur de progrès qui unit
La compagne que j’avais accompagnée à Dijon s’est exprimée peu après, lors de la Réunion régionale en Suisse et elle a fait face aux mêmes limites karmiques que moi. Désormais nous savons ce qui nous lie. Mon fils a commencé à pratiquer récemment et quand il fait face à des difficultés qui l’alourdissent, je suis capable d’être présente en m’appuyant sur les bases de l’Enseignement. Je fais face à son esprit qui se bloque, qui n’accepte pas la réalité telle qu’elle est et je l’aide à prendre son destin en main en étant un acteur positif de sa vie, même si je vois que je suis encore bousculée par mes peurs de mère. Il y a tant à apprendre et à construire ! Ce qui me motive c’est ce lien avec les compagnons, la proximité de cœur qui nous unit et tisse une cordée d’êtres qui apprennent ensemble les uns des autres. Il m’est arrivé de me présenter à mes compagnons la tête de travers, le cœur froid. Nous sommes égaux dans nos limites et dans notre potentiel. Je me sens tout aussi impliquée à l’égard de la transformation de mon aînée. Je mesure combien elle est précieuse. Nous avons tous un chemin à accomplir ensemble vers une belle humanité. L’amitié spirituelle, c’est vraiment merveilleux ! Cet esprit, cette humanité que je développe rayonne aussi dans mon travail, auprès de familles et de jeunes en situation de handicap. Je les accompagne dans leurs souffrances et je me sens à ma juste place !
Catherine