Quitter les illusions
Mon aînée, m’a proposé la pratique du Reiyukai, il y a un peu plus de deux ans, peu de temps après m’avoir retrouvée, après 35 années de silence. Au début, je récitais le Soutra deux fois par jour, sans trop savoir pourquoi, sans demander quoi que ce soit, car je baignais dans le bonheur, toujours satisfaite de ma condition, de ma situation, tant professionnelle qu’affective : aucun tourment ne venait obscurcir ma vie paisible et enthousiaste !
Seulement, après quelques mois de lecture du Soutra, j’ai appris que ma fille » fraîchement » enceinte, vivait de grosses difficultés depuis deux ans pour l’être…Peu de temps après, j’ai appris, alors que j’assistais à une réunion de Cercle, l’hospitalisation de mon fils pour une durée de deux semaines. J’ai réalisé que je n’avais pas vu ou voulu voir leur souffrance ! J’ai alors commencé à réaliser que la réalité n’était pas celle que je croyais : j’ignorais, bien inconsciemment, la souffrance des autres, et cela me convenait !
Un apprentissage quotidien
C’est grâce aux liens avec mon aînée, à ce que j’entends aux diverses réunions que j’apprends peu à peu à vérifier à quel point nos conditionnements ancestraux guident notre quotidien et j’aspire à corriger mon esprit, à ne pas juger, à ne pas vouloir que les autres répondent à mes attentes, à ne pas laisser le mental tenir les rênes. Quel challenge pour moi qui n’ai fait que cela depuis bien longtemps ! Néanmoins, je ressens que la pratique influe sur ma façon d’enseigner : je suis beaucoup plus tolérante, attentive et à l’écoute des élèves. Je ressens que mes paroles et mon attitude sont plus aptes à les aider. Pourtant, lorsque, dernièrement, j’ai été nommée pour un remplacement de deux semaines dans une classe ULIS, en collège, avec des jeunes à profils lourdement chargés de handicaps, médicaux, psychologiques et sociaux, j’ai eu peur d’affronter une situation face à laquelle je me sentais impuissante. J’en ai fait part à mon aînée : « Tout ce qui nous arrive est ce que l’on est capable de dépasser grâce à l’Enseignement » m’a-t-elle dit. J’ai vu la souffrance de tous ces élèves et j’ai souhaité que quelque chose » bouge » dans cette classe ingérable. J’ai vraiment demandé au Monde Spirituel d’être guidée. Deux jours plus tard, en arrivant au collège, j’ai chuté sur une plaque de verglas, chute qui m’a contrainte à m’arrêter. Le jour même, je rencontrais le proviseur ainsi que mon inspectrice, et mon absence a effectivement fait bouger la réalité, car de nouvelles propositions ont été faites pour que les conditions d’apprentissage soient facilitées pour les élèves. Cette expérience, quoiqu’un peu brutale et douloureuse pour moi, m’a fait prendre conscience que la réalité était juste.
Depuis mon arrêt, j’ai repris la lecture quotidienne du Soutra Maitreya avec plus de profondeur, convaincue que nous avons tous un rôle à jouer, et déterminée à recevoir de nouveaux compagnons. Lâcher les idées, le pouvoir, agir avec le cœur et m’en remettre avec confiance au Monde Spirituel, c’est mon apprentissage quotidien.
Isabelle