Sylvie et Christelle ont partagé leur expérience commune lors d’une réunion trimestrielle à Nantes en mars dernier…
Je m’appelle Sylvie, j’ai deux garçons, j’habite dans le pays de Retz et je suis membre du Reiyukai, bouddhisme de l’amitié spirituelle, depuis trente-cinq ans. J’étais jeune quand j’ai commencé et j’ai eu la chance d’accueillir rapidement des amis qui ont pratiqué avec moi et de créer un cercle de partage. Je me suis comportée avec mes compagnons comme je me comportais dans la vie : avec charisme et autorité, décidant pour les autres. Par exemple, alors qu’une de mes compagnes était venue lire le Soutra à la maison, je l’ai interrompue pour lui demander de lire correctement et plus fort… Evidemment une telle attitude ne créait pas de bonnes choses dans la relation à mes compagnons. Mais j’ai fait beaucoup d’expériences et j’ai créé ma vie sur le plan personnel et professionnel. Ceci dit, je n’ai rien compris sur le véritable sujet, celui de ma transformation. Je n’étais pas curieuse de découvrir le sens profond de l’Enseignement, de notre existence. Ça passe vite une vie ! Aujourd’hui, je me remets en cause, je regrette cette forme de dureté, présente dans ma famille, mon inconscience, mon égoïsme. Une vie c’est compliqué et que l’on pratique ou non, chacun a ses joies et ses peines. Alors c’est quoi le merveilleux du Reiyukai ? Pour moi, de plus en plus, c’est peut-être d’envisager de sortir de soi-même, de ce moi qui se regarde le nombril et de se tourner vers les autres. Moi j’ai passé du temps à pleurer sur mon sort, à être en colère, à en vouloir à la terre entière, à penser que ce n’était pas juste et que j’étais une victime. C’est faux ! Je peux être responsable de ma vie mais une certaine faiblesse affective fait qu’on met notre bonheur dans les mains des autres, qu’il dépend des autres. Aujourd’hui, je souhaite ne plus dépendre des autres et dépendre de l’Enseignement que je pratique simplement.
J’invite Christelle, une compagne de pratique qui a pratiqué dans mon cercle il y a une quinzaine d’années à me rejoindre. Nous nous sommes retrouvées il y a un peu plus d’un an et tu as souhaité reprendre le chemin.
Christelle : Effectivement. J’ai connu le Reiyukai il y a vingt ans et j’utilisais cet enseignement quand ça me convenait et surtout quand je souffrais. La famille de pratique à laquelle j’appartenais a disparu, mon aînée a arrêté et ça m’arrangeait plutôt. J’étais mariée, heureuse et tout allait bien dans ma vie. Quelque temps plus tard j’ai divorcé et j’ai rencontré un autre compagnon de vie. Cependant, je rencontrais les mêmes difficultés que lors de ma précédente union. Suite à un évènement précis, je me suis dit que je ne pouvais pas continuer à mener ma vie avec mon pouvoir. J’avais toujours la pratique du Reiyukai en tête et j’ai d’abord remis mon autel en place. J’ai demandé à être guidée pour recommencer à pratiquer. Le lendemain je suis allée à un concert auquel vingt-deux mille personnes assistaient. Vous ne devinerez jamais qui j’ai rencontré au bar : Sylvie ! Sur le coup, je n’étais pas ravie ! Sylvie, on l’appelait « le Général » ! Mais j’ai accepté que c’était la réponse à ma demande et un cadeau. J’ai ressenti que ma pratique serait différente grâce à elle.
Sylvie : J’ai envie de préciser que l’an dernier, j’ai demandé à recevoir l’esprit protecteur du bodhisattva Maitreya. Depuis, je récite le Soutra de Maitreya, bodhisattva de l’amour bienveillant et je regrette mon comportement, mon manque de conscience des autres. Je demande à changer, à devenir quelqu’un de plus doux, de moins bulldozer. Ce sera sans doute toujours mon tempérament mais je sais que, depuis le départ de mon mari, j’ai à l’intérieur de moi, vis-à-vis de mes compagnons, une attitude extrêmement douce et bienveillante. Je m’engage à construire avec chacun d’eux une relation d’amitié spirituelle et c’est ce que je fais, je crois, avec Christelle que je connaissais très peu. Nous nous découvrons petit à petit. J’aimerais que tu nous parles de ta première expérience quand tu as recommencé.
Christelle : Comme Sylvie vient de le dire, nous ne nous connaissions pas beaucoup et je n’avais donc pas particulièrement confiance en elle. Mais on nous encourage à être en lien avec notre aînée et à progresser ensemble. Je vivais une situation très conflictuelle avec la mère des enfants de mon nouveau compagnon. Devant mon autel, j’ai demandé comment je pouvais résoudre cette situation. J’ai appelé Sylvie pour lui poser la question. « Sur la plaquette familiale, m’a-t-elle rappelé, il y a deux lignées : la tienne et celle de ton mari. Je t’invite à lire le Soutra avec le souhait du progrès de ton mari et de la mère de leurs enfants. » Cela m’a immédiatement mise en colère ! « Surtout, a-t-elle ajouté, si tu as envie de résoudre cette situation, fais confiance et agis comme l’Enseignement nous le propose et nous pourrons progresser ensemble. » J’ai donc commencé à lire le Soutra à l’intention du progrès de mon compagnon, de la mère de ses enfants, consciente que nous étions une famille. Quelques jours plus tard, la mère des enfants nous a appelés et elle s’est excusée de son attitude. Elle a reconnu qu’elle m’avait jugée sans me connaître et que nous allions essayer à l’avenir, malgré nos difficultés, d’agir en bonne entente. Cette expérience m’a vraiment donné confiance en Sylvie, en ce qu’elle transmet. Ce n’est pas du blabla. Elle m’a guidée avec l’Enseignement. Grâce à cela, ma vie change. J’essaye de ne plus être quelqu’un qui mène sa vie avec ses idées et son pouvoir mais de me laisser guider par l’Enseignement en récitant le Soutra pour mes ancêtres et accompagnée par Sylvie.
Sylvie : C’est un plaisir pour moi de pratiquer ensemble et je me rends compte que mon engagement à ne plus juger les gens, à ne plus rien attendre d’eux car ils ne m’appartiennent pas transforme notre relation. Je suis très heureuse de suivre le bel exemple de mes aînés et de pratiquer avec mes compagnons. Nous ne sommes qu’un lien avec le monde de l’Enseignement.
Sylvie et Christelle