Fin 2012, lorsque j’ai rencontré mon aîné direct, j’ai tout de suite remarqué sa ferveur lorsqu’il récitait le Soutra. Je cherchais alors une voie spirituelle à partager avec d’autres et j’ai demandé très vite à découvrir cette pratique. Ce qui m’a le plus attirée c’est l’amitié spirituelle, l’esprit de bienveillance que je percevais et le lien aux ancêtres qui me touchait déjà. Avide de découvrir ce que l’enseignement du Reiyukai proposait, j’ai demandé à installer chez moi une plaquette familiale ainsi qu’un registre des ancêtres. Juste après, mon fils aîné est allé revoir sa grand-mère paternelle qu’il ne fréquentait plus depuis 34 ans !
Aidée par une lecture assidue du Soutra et un lien proche avec les aînés, j’ai rapidement expérimenté ce que produisaient la bienveillance et le respect dans les relations. Lors d’un voyage de groupe, cela m’a permis d’accueillir sans jugement une personne assez envahissante. Il me revenait « ouvrir son cœur de bodhisattva » et chaque fois que je me sentais critique à l’égard de cette personne, une forme de cœur apparaissait dans un caillou, une pliure de rideau, comme un encouragement.
Grâce au lien chaleureux et éclairé avec une aînée qui vient chaque année en soin dans la ville où je vis, j’ai entendu » on ne sait pas », « ne pas mettre d’idées, » « découvrir sans comparer ». J’ai pu remettre en cause mes peurs, mes conceptions et ainsi ouvrir avec confiance mon lieu de vie à de nombreuses personnes pour des lectures de Soutra et découverte de la pratique. Ces actions ont nourri ma détermination à progresser et permettre à d’autres de le faire. L’esprit curieux que je développais m’a permis de voir mes attentes lorsque j’invitais et j’ai commencé à recevoir des compagnes. Grâce à elles, j’ai eu conscience de ce que j’avais à faire évoluer : acceptation des autres, patience, bienveillance mais aussi confiance en moi-même, conscience de mon ignorance. Avec un souhait profond d’apprendre, j’ai participé à de nombreuses réunions, pris des rôles dans l’organisation des événements de pratique. J’ai reçu de nouveaux compagnons, dont une personne très motivée à découvrir et je suis devenue, avec grande joie, animatrice.
Le projet du séminaire 2017 était d’y participer accompagnée une nouvelle personne. J’ai vraiment pris ce souhait à mon compte et je m’y suis rendue avec un nouveau compagnon. Le témoignage d’une aînée m’a fait prendre conscience du rôle de « soleil » que j’avais dans ma famille et que je rejetais. J’ai été poussée à en témoigner devant l’assemblée. Je me suis sentie apaisée et très déterminée à découvrir et à mettre l’Enseignement dans ma vie. L’occasion m’en a été une nouvelle fois donnée : il y a quelques jours, ma fille, en pleurs au téléphone, m’a demandé de l’aide. Elle n’osait pas se présenter devant un employeur potentiel. Je me suis présentée devant l’autel, ai demandé à être guidée et je l’ai l’écoutée calmement sans me charger de ses difficultés, comme je l’ai souvent fait. Je lui ai dit que je n’avais pas le pouvoir de l’aider dans sa réalité mais que je pouvais lui proposer la pratique. J’ai ajouté que j’allais réciter le Soutra pour nos familles, pour que les influences karmiques se nettoient. Elle a souhaité rester au téléphone pour entendre la récitation. J’ai alors proposé à mes compagnons et à mon aîné direct de réciter en même temps, à l’endroit où ils se trouvaient. Ma fille a été émue par « Namu Myo Ho Renge Kyo » qu’elle psalmodiait en même temps que moi et a retenu en particulier l’expression « sans arrogance » au chapitre « jamais Méprisant ». Elle m’a rappelée le soir, disant qu’elle était allée à son entretien « le cœur ouvert » et « sans arrogance » et qu’une embauche lui avait été tout de suite proposée.
Tout récemment, consciente de l’impermanence des phénomènes, je constatais avec gratitude la bonne santé de mes proches. Or, ce jour-là, j’apprends que ma sœur aînée vient de déclarer un cancer au poumon. Me reviennent immédiatement à l’esprit les propos d’un aîné sur le « potentiel » commun à tous les êtres, ses encouragements à ne pas faire intervenir le mental pour le définir, à voir plus large. Je me suis présentée devant mon autel avec cette question : Qu’est-ce que c’est ce potentiel ? Immédiatement j’ai senti le besoin d’amplifier ma pratique, d’évoluer, de pratiquer pour ma famille, mes ancêtres, consciente que je peux agir, reliée à l’Enseignement. J’ai appelé une aînée pour partager ce que je vivais, ai entendu une nouvelle fois qu’il existe des causes à nos circonstances de vie. J’ai très vite téléphoné à des cousines et leur ai rendu visite pour rechercher les noms et dates de nos ancêtres communs afin de compléter mon registre. J’en ai obtenu une dizaine (en deux jours !). J’ai récité le Soutra avec reconnaissance. Le jour-même où j’ai mis en route ce mouvement, deux personnes à qui j’avais proposé de découvrir la pratique m’ont relancée ! Je les ai réinvitées, ainsi qu’une troisième personne.
Je dirais qu’à l’annonce de la maladie de ma sœur, je ne me suis pas laissé entraîner par mes tendances émotionnelles habituelles, je m’en suis remise à l’Enseignement et j’ai remarqué que, dans le même temps, mon aîné direct agissait de même dans ses propres circonstances de vie.
Marie-Noëlle