Armelle témoigne ici du chemin à accomplir pour devenir animatrice de Cercle.
Absolument, j’y retrouve des qualités que j’ai eues à développer et que je n’avais pas quand je suis devenue animatrice de Cercle, hormis la détermination !
En fait, j’avais des idées très précises sur ce que devaient être mes compagnons et sur ce qu’ils devaient faire. J’avais beaucoup d’attentes et je m’énervais quand ils n’y répondaient pas. Leur résistance et leurs retours, parfois rudes, m’ont clairement montré que je faisais fausse route. Une de mes compagnes en particulier, animatrice de Famille, m’a ouvert les yeux. J’insistais beaucoup pour qu’elle corrige son esprit et accompagne mieux ses compagnons. Résultat : elle a tout simplement arrêté, à cause, entre autres, de mon comportement. J’ai commencé à voir qu’une telle attitude me coupait des autres.
Qui aurait envie d’être en relation avec une telle harpie ?
Comme j’étais déterminée à me transformer, je me suis tournée vers mes aînées et j’ai commencé une pratique de remise en cause musclée pour changer mon cœur pour cette compagne (elle avait décidé de garder le lien de la cotisation), d’autant que nous travaillions ensemble. Je souhaitais profondément polir mon cœur et ne plus nourrir cette rancœur pour faire de la place à de la bienveillance et à de l’encouragement. Et là est le bonheur de pratiquer, car avec un esprit tel que celui-ci sont nés en moi des trésors de sagesse : mon cœur s’est ouvert, j’ai été capable d’être en relation de façon très chaleureuse et légère avec cette compagne, sans attente. J’ai même été invitée à son mariage ! J’ai vu aussi combien j’étais comme elle, davantage préoccupée par les cotisations et le fait que tout fonctionne au carré que par ce que vivaient ou ressentaient mes précieux compagnons. J’étais centrée sur moi, aussi… Cela s’est révélé être un chemin d’humanité et d’ouverture aux autres salutaire pour mon ego et mon progrès.
De cette recherche ont émergé une conscience nouvelle et un respect de l’autre : la conscience que tout le monde n’avance pas de la même façon, et ne doit pas être nourri de la même manière ; le respect du rythme de chacun. J’ai regretté mon intolérance, ma dureté, mes jugements. J’ai vraiment eu le souhait – et demandé – de créer des capacités nouvelles de tolérance, de patience, de gentillesse, afin de favoriser l’harmonie autour de moi. Dans les situations difficiles, j’ai fait le choix de me tourner vers l’Enseignement au lieu de rester dans mes conditionnements. Mon regard est devenu plus compréhensif sur les limites de chacun.
J’ai le souhait sincère de contribuer à l’Éveil et au bonheur de mes compagnons, en lien avec mes aînées et le Monde des éveillés. J’aspire à être guidée dans mes actions et mes encouragements pour les aider à faire un pas de plus, ou les rassurer quand c’est difficile ou qu’ils ont des doutes. J’ai adopté une discipline régulière : les récitations quotidiennes des soutras ont ouvert en moi un espace pour l’Enseignement et pour le monde des Éveillés. Je me surprends même, en dehors de ces moments, à poser des questions au Monde spirituel pour telle compagne ou tel compagnon. J’agis toujours en demandant à être inspirée par le Monde des Éveillés. Je nourris ma recherche en faisant de la place à l’Enseignement dans mon esprit et dans mon cœur. Tous les jours je demande à progresser, à m’éveiller, à m’ouvrir aux autres, à contribuer au bonheur et à l’Éveil de mes compagnons grâce à mon lien avec l’Enseignement. Je suis très en lien avec mes aînées à qui je pose des questions pour entendre plus largement avec l’esprit de l’Enseignement. Cela court-circuite les pensées ordinaires et les émotions. Je vois bien qu’alors que ce qui sort de ma bouche est tout sauf ordinaire. Émanent de moi une grande paix, des encouragements sans attente, un mot pour alléger l’état de tel compagnon. Je me sens comme eux, tout le temps, mais j’ai l’expérience qui peut les guider. Je transmets tout le temps ce que je fais et comment cela change mes états intérieurs et ma réalité…
Et je constate que mes compagnons me sollicitent davantage. La grande douceur qui s’installe entre nous les réconforte, ils entendent mieux. J’ai l’exemple d’un compagnon qui a vécu une enfance difficile, similaire à la mienne. C’est une vraie souffrance pour lui, et ses liens familiaux sont compliqués. Jusqu’à récemment, ce que ses aînées lui transmettaient n’était pas audible. Peu à peu, une qualité d’écoute différente s’est mise en place de la part de son entourage, il a pu entendre des encouragements même de ses frères et sœurs de pratique. J’ai moi-même eu une recherche plus concernée pour l’accompagner et me rendre réellement et sincèrement disponible. La dernière fois que nous avons échangé, ce que je lui ai transmis était différent : je lui ai parlé de mon expérience personnelle, de ma façon de vivre les choses et d’avancer avec cette réalité. Peu après, j’ai appris par son aînée de pratique qu’il s’était senti encouragé et qu’il avait envie d’agir, alors qu’il était souvent perdu ou en colère après un échange, même s’il acquiesçait.
A présent, j’ai une vraie recherche avec mes compagnons, qu’ils soient sympathisants ou animateurs de Famille. Si j’ai le même souhait de leur progrès et de leur bonheur, je sais que chaque compagnon ne peut être nourri de la même manière. Avec mes compagnes qui ont accueilli une dizaine de compagnons, c’est un vrai « travail » d’équipe, nous cherchons ensemble comment aider, nous sentir concernées et nous remettre en cause pour résoudre et nous transformer. Nos conversations et nos échanges cultivent ce lien d’amitié spirituelle. Je vois au fil des mois et des années à quel point j’ai développé de la douceur et de la bienveillance, sans attente, confiante dans le fait que chacun fera son chemin à son rythme. Aujourd’hui, ma recherche est basée sur le souhait que mes compagnes animatrices de Famille deviennent animatrices de Cercle, et que tous les compagnons du Cercle prennent ce sujet de transformation par la remise en cause pour leur progrès, celui de leurs ancêtres, et de leur entourage proche.
C’est un merveilleux processus que celui de nettoyer en profondeur nos obstacles karmiques et de nous en libérer.
Armelle