Après la mort du bouddha Shakyamuni, ses enseignements sont d’abord transmis oralement. Ses premiers disciples refusent de consigner ses sermons par écrit, convaincus que les vérités importantes se transmettent oralement, de maître à disciple, et qu’il revient au maître de décider si le disciple est capable d’accéder à l’étape suivante. Progressivement, apparaît la nécessité de réunir ensemble les enseignements dans un ordre facilitant leur mémorisation afin de les transmettre aux générations futures. Ils les classent alors, non pas en ordre chronologique mais par groupes de longueur ou de contenu identiques, sous forme de recueils nommés soutras. Le mot sutra, en sanscrit, désigne, à l’origine, un fil comme celui qui sert à réunir les perles d’un collier. Il existerait un nombre innombrable de soutras, plus de 84000 !
« Ainsi l’ai-je entendu »
Les soutras commencent pratiquement tous par l’expression, « Ainsi l’ai-je entendu », où le « je » se réfère traditionnellement à Ananda, disciple du Bouddha, principal témoin et auditeur de ses enseignements, constamment à ses côtés. Mais on sait désormais que les soutras ne datent pas de la période où vécut Shakyamuni. Au problème de leur quantité, s’ajoute celui de leur chronologie. Quand on examine tout le corpus des soutras, on constate que certains de ces textes sont antérieurs à d’autres et que même les soutras les plus anciens contiennent un mélange de textes anciens et plus récents. De même, les différences de point de vue et de « mise en scène » divergent grandement selon les soutras. Cela tient au fait que pendant les 45 années que dure sa prédication, le Bouddha délivre un nombre immense de sermons et que sa méthode consiste à adapter ses enseignements à la capacité de ses auditeurs. C’est pourquoi les compilateurs de ses sermons essayent de noter avec soin les circonstances spécifiques à chaque soutra.
On considéra longtemps les classiques du bouddhisme Theravada ou Doctrine des Anciens, transmis en Asie du Sud-Est, comme très anciens et se rattachant directement à Shakyamuni, mais on sait maintenant que bien des ajouts ont été faits très tardivement jusqu’à ce que ces soutras prennent leur forme actuelle. Toutefois, certains de ces soutras sont, de manière certaine, contemporains de la vie du Bouddha et de ses disciples directs.
Ainsi le Bouddha enseignait-il en fonction de la capacité des êtres et selon les circonstances, comme en témoignent les soutras, innombrables. Certains soutras développent des aspects spécifiques de l’enseignement du Bouddha, d’autres sont dédiés à la présentation des grandes figures du panthéon bouddhiste. Les soutras majeurs sont devenus les textes de référence des grandes traditions et écoles bouddhistes, à travers tout l’Orient –et aujourd’hui en Occident-, suivant les routes où, à travers les siècles, ils se sont transmis.