L'AMITIÉ SPIRITUELLE: LE CHEMIN VERS LA TRANSFORMATION

Se transformer pour œuvrer à la paix

Je pratique le bouddhisme de l’Amitié spirituelle depuis un peu plus de seize ans, à La Rochelle. Cest une pratique qui mintéresse beaucoup parce quelle permet de se transformer, de transformer son existence, d’être profondément heureux ; d’œuvrer à la paix autour de soi et plus largement dans la société.

Depuis que je pratique, ma vie a beaucoup évolué, je me suis mariée et j’ai eu des enfants. Mais depuis mon mariage, un sentiment extrêmement négatif envers mon beau-père m’a envahie, de manière incompréhensible. C’était un sentiment tellement puissant que pendant très longtemps je n’ai pas vraiment pu mettre ce sujet dans ma pratique, afin de changer mon cœur. J’ai malgré tout continué mon chemin en essayant d’agir selon l’Enseignement.

Apprendre dans les liens de pratique

En 2024, j’ai ressenti lors d’une réunion que le moment était venu d’affronter cet état-là, car je faisais de plus en plus mien le projet de cette pratique : celui d’œuvrer, à ma mesure, à la paix, où j’habite, autour de moi et dans la société.
Or je voyais bien que mon esprit n’était pas habité par des sentiments paisibles envers le père de mon mari. Il fallait que j’accepte que cet homme était là pour me montrer que mon ambition d’œuvrer à la paix était théorique. J’ai également entendu de la part d’un ami de pratique : « Tu pourras vérifier que ton souhait sincère s’est réalisé quand tu seras en paix avec ton beau-père. » A l’occasion d’une réunion, j’ai encore fait le constat que, malgré toutes ces années de pratique mes sentiments étaient toujours très jugeants. J’ai été encouragée à me déplacer chez mes amis de pratique, avec l’envie d’apprendre dans ces liens-là. J’ai gardé précieusement à l’esprit cet encouragement toute l’année.
Quelques semaines plus tard, alors que je me déplaçais dans une réunion, une compagne a exprimé qu’elle avait une relation très compliquée avec quelqu’un. Tous les pratiquants présents à cette réunion lui ont dit : « Tu peux progresser dans cette relation avec lEnseignement. ». Ce à quoi elle a répondu : « Certainement pas, cest à cette personne de faire des efforts ! » Là, je l’ai remerciée sincèrement. Je savais enfin ce que j’avais à faire.En rentrant chez moi je suis allée devant l’autel familial et j’ai demandé : « Permettez-moi daccepter que ce soit moi qui me transforme complètement, et de ne pas attendre que mon beau-père change. » Ce qui a vraiment été étonnant c’est que dans les deux-trois jours qui ont suivi, un cœur doux pour lui s’est installé en moi. C’était merveilleux.
Ce que j’ai oublié de préciser, c’est que ça me semblait impossible, mais impossible de chez impossible de transformer mon esprit négatif. J’avais confiance mais c’était une confiance théorique.
Encore une fois, lors d’une autre réunion à la maison, une amie de pratique a exprimé beaucoup de haine à l’égard d’une personne. Je lui ai juste dit : « Tu peux incarner lEnseignement dans cette situation. ». J’ai compris que c’était trop dur pour elle quand elle m’a répondu : « Non, certainement pas, jai déjà plein dautres problèmes je ne vais pas moccuper de ça ! ». A cet instant je me suis dit : « Bon Laure, continue ! Comment peux-tu vraiment, toi, mettre lEnseignement dans ta relation compliquée avec ton beau-père ? » Il y a eu plusieurs moments de prises de conscience comme celui-ci. J’ai clairement vu que la violence des sentiments nous emprisonne de manière déraisonnée, car ce n’est pas la personne qui provoque ces émotions qui est le problème, mais nos conditionnements. Cette prise de conscience m’a donné confiance, comme s’il y avait cette année une sorte de ligne directrice pour ce sujet-là.

Un éclairage dans les liens ancestraux

Parallèlement nous avons, mon mari et moi, fait des recherches généalogiques. Nous nous sommes découvert des liens ancestraux, début du XIXe siècle, alors que nous sommes de régions différentes. Curieusement, ce sont des liens dominant/dominé d’un point de vue social, qui donnent un éclairage sur la violence de mes sentiments, sans que j’en sache plus sur ce qui s’est joué dans le passé. En tout cas, rien que de savoir qu’on a des liens familiaux vieux de deux cent cinquante ans, des relations qui peut être étaient conflictuelles, me donne une vision plus large de ce qui se joue entre mon beau-père et moi.
En poursuivant cette recherche avec mes compagnons, j’ai constaté qu’ils avaient des expériences similaires à la mienne, grâce à la remise en cause de leur pratique.

Ce que je voulais vous exprimer c’est que ce que je croyais impensable s’est réalisé. Pendant les vacances de Noël, nous nous sommes retrouvés dans la famille de mon conjoint. C’était la première fois que j’avais un esprit calme, un cœur paisible presque affectueux pour son père. Mes enfants et mon mari m’ont dit qu'effectivement l’ambiance était différente. La paix n’est pas encore arrivée partout, il y a encore du travail, moi-même j’ai encore du travail. Je voulais quand même transmettre que tout est possible si on œuvre à notre progrès et à celui des autres. En acceptant de remettre notre esprit de pratique en cause avec l’Enseignement, en ne faisant pas avec nos idées et en se reliant aux réunions, aux compagnons et à nos ainés.

Laure