Un sens nouveau à mon existence
Eliane souffre d’une maladie invalidante depuis l’âge de 22 ans. Membre du bouddhisme de l’Amitié Spirituelle, elle joue un rôle actif au sein de l’Association des Paralysés de France.
Dans quelle mesure le bouddhisme de l’Amitié Spirituelle a-t-il modifié le regard que tu portais sur ta maladie ?
Quand j’ai commencé à pratiquer le bouddhisme de l’Amitié Spirituelle, je marchais avec des cannes. Puis la maladie a évolué jusqu’à ce que je me retrouve dans un fauteuil roulant. J’ai eu le sentiment, là, que tout s’arrêtait. Je me suis posée la question : «Pourquoi est-ce comme ça ?». J’ai alors entendu qu’il existe des causes que l’on ne voit pas et que l’on ne connaît pas, à tout ce qui nous arrive. J’ai entendu aussi qu’il était possible, par la pratique de bodhisattva et le souhait de notre Éveil et de celui des autres, selon l’Enseignement, de découvrir ces causes. J’ai entendu également que, quelles que soient nos conditions d’existence, on peut créer son destin de manière différente, grâce à nos actions inspirées par l’Enseignement. J’ai commencé à goûter à une qualité de liens et de cœur nouvelle. Cela m’a rendue curieuse et m’a en quelque sorte redonné de l’espoir, celui d’un progrès dans mon humanité.
Quelles actions concrètes as-tu accomplies ?
Parallèlement à ma lecture du Soûtra, j’ai cessé de m’apitoyer sur mon sort et de me renfermer sur moi-même. Je me suis efforcée de me surpasser, aussi bien pour des gestes de la vie quotidienne, que pour aller dans les lieux de pratique. C’est à ce moment-là que l’Association des Paralysés de France m’a proposé de devenir bénévole : sur le moment je n’étais pas du tout prête, je me suis même exclamé : «Certainement pas, vous ne me voyez pas sortir avec une bande d’handicapés !» Mon état d’esprit n’était vraiment pas terrible... Mes aînés de pratique m’ont encouragée à accepter cette proposition et à faire l’expérience de l’importance du lien avec les autres.
En quoi t’es-tu inspirée des enseignements du bouddhisme de l’Amitié Spirituelle dans tes nouvelles fonctions ?
J’ai commencé à véhiculer à l’intérieur de l’Association les vertus du cœur pour les autres : la bienveillance, la considération, le souhait du bonheur des autres, ce qui a fait que, rapidement, je suis devenue le porte-parole de l’association auprès des responsables politiques de la Ville où j’habite. J’ai donc appris à voir, à écouter et à exprimer ce qui est essentiel pour le bien de tous.
Au cours de ces obligations, je rencontre parfois des situations conflictuelles. Je me rappelle alors l’enseignement fondamental du bouddhisme de l’Amitié Spirituelle sur le sens profond des liens avec nos parents, avec nos ancêtres, source de notre condition d’existence, et avec tous les êtres. Cela me permet de garder un esprit bienveillant et des paroles essentielles, ce qui fait que mes interventions sont entendues. Je peux vérifier que la qualité de mon esprit fait fondre l’animosité de mes interlocuteurs.
Ainsi, malgré mon état, je sens que je contribue à l’amélioration de la société, comme nous le propose le projet du bouddhisme de l’Amitié Spirituelle. Maintenant, je souhaite réaliser la pratique de bodhisattva, c’est-à-dire rencontrer de bons amis de pratique, ce qui me permettra d’éveiller ma conscience aux causes profondes de mon handicap.
Aujourd’hui, j’accepte la réalité de ma vie. J’ai de la chance de ne pas être isolée, d’être sans arrêt en lien avec des gens et de développer une conscience et un cœur qui donnent un sens nouveau à mon existence.
Eliane