LA FAMILLE, LES ANCÊTRES, LES AMIS SPIRITUELS

Orienter mon esprit vers l’Eveil

Je m’appelle Samantha et je pratique à Gap depuis plus de vingt ans. Voici ce que j’ai envie de partager avec vous.

’année dernière, à la même période, j’avais le souhait de développer un cœur beaucoup plus acceptant, un cœur de bodhisattva. Ce vœu m’avait été inspiré par la pratique avec mes compagnons. Je voyais que c’était la guerre dans les familles et ce constat m’a incitée à lâcher mon pouvoir. C’est ce que je vais essayer d’illustrer.

Je souhaitais que mes compagnons aient le cœur de recevoir des amis spirituels et devenir animateurs. « Tambour battant », j’ai mis en place une réunion découverte en mars, à Gap. Cela a fait apparaître certains de mes conditionnements négatifs, car mon esprit ordinaire a pris le dessus. J’ai fait le programme, ce qui a créé chez moi beaucoup d’attentes et de jugements vis-à-vis de mes compagnons car ils n’ont pas du tout suivi, évidemment. J’ai vu tout cela, j’ai regretté et j’ai appelé mon aîné de pratique pour lui faire part de ce regret d’être encore comme cela.

 

Cultiver un esprit clair

Le jour de cette réunion découverte s’est abattu sur moi un brouillard mental extrêmement épais. J’étais dans une confusion totale, et cet état a créé un peu de déception et de souffrance en moi. Cependant, il m’a éclairée sur le fait que je n’avais pas de doute et que je trouvais cette pratique absolument merveilleuse, non seulement parce qu’elle avait changé ma vie, mais aussi parce qu’elle continue constamment d’ouvrir mon esprit et mon cœur. Certes, j’avais aussi un souhait sincère de la partager, mais je manquais beaucoup de clarté.

Je fais partie de différentes équipes de préparation d’événements. J’ai pu ainsi tout de suite participer à des réunions où j’ai exprimé mon désarroi d’être encore comme cela. J’ai entendu que prendre un rôle ou se mettre en action faisaient apparaître nos conditionnements négatifs et que ce n’était pas grave. En fait, c’était parfait que je voie aussi nettement ma confusion : cela allait pouvoir se transformer. J’ai aussi entendu des paroles très encourageantes de la part d’une de mes aînées : « Bien sûr, tu es conditionnée, mais cela ne t’a pas empêchée de faire tout un chemin de libération et de transformer ta vie. »
Je me suis alors demandé comment agir et que faire de cela ? Dans une autre réunion j’ai entendu : « Tu vas pratiquer plus justement, pour que tu saches quel sens ont tes actions et pourquoi tu les fais ».

J’ai confié ces informations au monde de l’Éveil lors de mes lectures du Soûtra. J’ai souhaité trouver un sens juste à chaque fois que je me mettais en action. Concrètement, je suis allée sur le site internet de l’association et j’ai relu toute la documentation : « Pourquoi on pratique ? », « Comment on pratique ? », etc. Comme une débutante. J’ai aussi été beaucoup en lien avec mon aîné, avec le souhait d’apprendre. Je déposais ce même souhait devant le monde de l’Éveil avant chaque réunion à laquelle je participais. Je me suis souvenue que ma fille, il y a un an ou deux, avait été touchée en entendant qu’il est important de prendre un esprit humble. Elle avait constaté qu’elle se posait comme quelqu’un qui savait déjà tout. Oui, prendre un esprit humble, un esprit de gratitude. J’ai porté attention à ce qui pouvait sortir de la bouche de mes compagnons. J’ai aussi entendu ma fille exprimer qu’à un moment donné il lui a été difficile de pratiquer, parce qu’elle pensait qu’il fallait déjà tout faire bien. Cela a résonné en moi.

Rechercher avec mon aîné a ouvert ma conscience sur le fait que mon esprit ordinaire retourne tout le temps vers ce qu’il connaît. A chaque fois que je l’appelle, je peux sortir de mes rails et entendre quelque chose de différent, qui me permet de développer un esprit curieux et apprenant.

 

Un rôle pour grandir

Cette année, on m’a proposé de prendre le rôle de référente du séminaire du Sud-Est, qui avait lieu à Lyon. Dans un premier temps, pleine d’idées, j’ai ressenti que ce rôle était beaucoup trop grand pour moi. J’ai donc de nouveau confié cela au monde de l’Éveil. J’ai vu alors très clairement qu’en effet, si j’agissais comme je l’avais fait avec la journée découverte, cela allait être très compliqué. Je suis alors rentrée dans une pratique très concentrée, j’ai lu le Soûtra chaque jour avec le souhait du progrès de tous les êtres, de tous les membres et de tous les ancêtres des membres reliés à cet évènement, pour que ce dernier puisse aider à instaurer la paix dans les régions concernées. Je ne voyais pas concrètement ce que cela voulait dire. En préparant avec l’équipe d’organisation, dont les membres étaient issus de différents Cercles, j’ai entendu des histoires de tensions au sein de ces derniers. Cela m’a encouragée à continuer à avoir ce souhait de pacification dans les régions. Je demandais aussi à être légère et encourageante avec les membres du noyau d’organisation du séminaire, ce qui est venu assez rapidement. Cela a été une expérience extraordinaire. Beaucoup de personnes prenaient ce rôle-là pour la première fois et chacun a pris sa place d’une façon extrêmement naturelle, sans aucune pression. J’ai beaucoup appris grâce à eux, j’ai pu voir leurs belles qualités et leurs obstacles aussi, m’adoucir et développer un cœur acceptant.

J’ai reçu en retour beaucoup de légèreté jusqu’à ce séminaire. Et, même s’il n’était pas parfait, beaucoup de personnes ont pu bénéficier de l’Enseignement transmis.

Ce qui a été aussi extraordinaire pendant cet évènement, c’est de prendre conscience que mon cœur était différent. J’étais intéressée par chaque personne présente et c’était un sentiment très étonnant, difficile à mettre en mots. J’avais le souhait que chacun, même les personnes que je ne connaissais pas, puisse entendre quelque chose.

Pendant ce temps, j’ai « lâché un peu la grappe » à mes compagnons qui sont revenus vers moi assez naturellement pour me poser des questions. Deux anciennes compagnes indirectes, qui s’étaient éloignées, ont recommencé à pratiquer. La majorité de mes amis spirituels s’étaient assez massivement inscrits aux séminaires de Lyon ou d’Île-de-France, où j’ai pu aussi les accompagner. Je constate qu’ils se sont mis sur un chemin de recherche pour leur famille. Très récemment, une compagne est venue à une réunion de cercle avec sa maman qui voulait découvrir la pratique. Cette dernière a exprimé que le bouddhisme c’était bien parce que sa fille avait changé son cœur pour elle. Cela m’a énormément touchée.

 

Apprendre sans cesse

Je veux juste finir sur le point suivant, car un ami spirituel a parlé du fait que nos conditions de vie doivent aussi changer. J’ai en effet pu expérimenter ensuite avoir un cœur tout à fait nouveau pour le fils de mon conjoint, avec qui la relation était très très dure. Un sentiment différent à son égard est apparu et la relation a totalement changé. Dans une situation de tension très difficile au travail, j’ai ressenti d’aller voir ma cadre. Je lui ai exprimé que je ne la jugeais pas, mais qu’il fallait faire quelque chose parce que les gens souffraient dans le service. Je lui ai aussi dit que j’avais envie de l’aider à avancer sur ce sujet-là. J’hésitais à y aller parce que je trouvais que c’était un peu présomptueux de ma part, mais elle m’a énormément remerciée de ma démarche. Maintenant elle cherche comment améliorer la situation, et m’en fait part régulièrement.

En conclusion, même au bout de toutes ces années de pratique, je vois l’importance de se sentir toujours comme un débutant et de toujours rechercher, toujours remettre en cause son esprit et son cœur.

Samantha