Le bouddhisme de l’Amitié Spirituelle, dans la lignée du Soûtra du Lotus

Les textes de référence

« Vous deviendrez tous des Bouddhas. »

Le bouddhisme de l’Amitié Spirituelle repose essentiellement sur l’enseignement du Soûtra du lotus du merveilleux Dharma. C’est dans ce texte, enseignement ultime du Bouddha Shakyamuni, que le fondateur du Reiyukai (association de l’Amitié Spirituelle), Kakutaro Kubo, décèle la clé de l’amélioration du monde et de la résolution des souffrances humaines. Quelle est cette clé ? C’est le rôle qu’ont les laïcs, hommes et femmes, de transmettre et de réaliser l’Enseignement. À de multiples reprises, dans le Soûtra du Lotus, le Bouddha insiste sur la présence des laïcs dans l’assemblée et sur leur fonction. À eux incombe le rôle de remplacer, après son extinction, le Bouddha sur terre et d’œuvrer, comme lui, à l’élaboration d’un monde en paix.

La Trilogie du Soûtra du Lotus

La Trilogie du Soûtra du Lotus est l’appellation donnée à trois soutras traditionnellement réunis en Asie : le Soûtra des Sens Innombrables, le Soûtra du lotus du merveilleux Dharma et le Soûtra de la méthode de contemplation du bodhisattva Excellence Universelle. Transmis d’abord oralement, ces trois soutras, ainsi que toute la collection des soûtras du Grand Véhicule, furent retranscrits par écrit par des disciples du Bouddha Shakyamuni quatre siècles environ après sa mort. Ils contiennent des paraboles et des allégories qui visent à expliquer, selon la compréhension de leurs auteurs, le sens de l’aspiration du Bouddha Shakyamuni : son souhait d’Éveil pour tous les êtres. Les membres du bouddhisme de l’Amitié Spirituelle récitent quotidiennement le Soûtra Bleu, composé d’extraits de la Trilogie, et, s’ils le souhaitent, la Trilogie du Soûtra du Lotus dans son intégralité.

Le Soûtra du lotus du merveilleux Dharma

Enseignement ultime du Bouddha Shakyamuni, le Soûtra du lotus du merveilleux Dharma (Myo Ho Renge Kyo) est l’un des grands classiques de la littérature mondiale et un des textes les plus influents du bouddhisme du Grand Véhicule. Aujourd’hui, le Soûtra du Lotus continue à s’imposer de lui-même, poussé par la force qu’il contient. Il a plus de lecteurs dans le monde qu’il n’en eut jamais.

La porte du cœur

Le Soûtra du Lotus n’est pas comme les autres livres et ne peut pas être lu comme tel. Lu avec l’œil intérieur, ce soûtra ne vise pas à transmettre un savoir intellectuel à son lecteur mais à lui ouvrir le cœur de façon à ce qu’il puisse expérimenter et découvrir la vérité par lui-même. C’est pourquoi les membres sont invités à le lire à haute voix, laissant les mots résonner dans leur cœur.

La révélation d’un potentiel illimité et commun à tous les êtres

Le Soûtra du Lotus est d’abord et avant tout une réponse à toutes les religions et les systèmes organisés qui proclament : « Nous avons raison et vous avez tort ». Contre eux tous, le Soûtra du Lotus proclame la délivrance universelle de toutes les choses vivantes. Son message est révolutionnaire : « Vous deviendrez tous des Bouddhas », déclare-t-il encore et encore. Ce soûtra met l’accent sur le fait que tous les êtres vivants sont fondamentalement égaux. Le Soûtra du Lotus est destiné à tous, aux hommes ou aux femmes, à l’ignorant comme à l’intellectuel.

Le message universel 

Le message essentiel du Soûtra du Lotus est que tous les êtres humains peuvent accéder au même éveil que le Bouddha. L’unique raison de sa venue sur terre est de leur révéler cette vérité et de leur montrer le chemin qui conduit à l’Éveil. Seuls les bodhisattvas qui nourrissent le souhait d’Éveil pour tous les êtres et les guident sur le chemin, suivant l’exemple et la tâche du Bouddha, atteindront finalement cet Éveil suprême. Le thème principal du Soûtra – et qui en constitue la trame – est donc l’enseignement de la pratique des bodhisattvas.

Le pouvoir subtil du Soûtra

Le principe de base du bouddhisme du Grand Véhicule est que tous les êtres ont le potentiel d’atteindre le plus haut état d’existence. Le premier rôle assigné à un soûtra du Grand Véhicule est qu’émerge, de sa lecture, la conscience universelle du changement. À cet égard, le Soûtra du Lotus est extraordinaire par son dynamisme et sa portée universelle. Il traduit le souhait le plus cher du Bouddha, qui est de permettre aux autres de parvenir à l’état de conscience qu’il a lui-même atteint. Il est à la fois le véhicule du message et le moyen de le réaliser. C’est-à-dire qu’au moment même où il exprime le souhait profond du Bouddha, il nous propose le Chemin que nous devons nous-mêmes emprunter : celui de transmettre l’Enseignement.

Les « maîtres du Dharma »

Ce Soûtra propose donc une conception large du bodhisattva, celle du « maître du Dharma ». Les « maîtres du Dharma », décrits dans le chapitre 10, sont les « ambassadeurs de l’Ainsi-Venu » : « envoyés par le Bouddha, ils poursuivent sa tâche ». Leurs mérites sur la Voie de l’Éveil sont largement énumérés dans le chapitre 20. Leur pratique de transmission du Dharma aux autres purifiera leurs facultés sensorielles et leur permettra d’acquérir la perfection des sens. Grâce à leurs sens ainsi purifiés, ils distingueront tous les enseignements et pénétreront tous les phénomènes. Ils n’auront pas atteint un état de pureté parfaite, mais, dénués de peur et vivant dans un état merveilleux, « ils seront capables d’éclairer et d’expliquer le Dharma à l’aide de milliers de myriades de kotis de paroles habiles ».

La transmission vivante

Ces bodhisattvas ont ainsi un rôle essentiel dans la transmission vivante de l’Enseignement. Cette responsabilité repose directement sur leur aspiration, sur leur générosité et sur leur détermination à se transformer eux-mêmes. Le Soûtra du Lotus encourage à accomplir cette action en mettant l’accent sur une meilleure connaissance de la réalité dans ses dimensions humaine et essentielle. Le Soûtra du Lotus est humaniste car il place au centre de la pratique les actions qui visent à l’amélioration de l’humanité et à la transformation des circonstances de vie des êtres humains, même si elles dépendent du progrès dans la réalisation de l’esprit d’Éveil. Les êtres humains sont invités à transmettre l’enseignement du Soûtra du Lotus aux autres êtres humains et à soulager ainsi chaque vie humaine de la misère et de la souffrance. C’est le rôle des hommes d’améliorer ce monde et d’en faire un endroit où règnent la paix et l’harmonie.

La méthode de transmission

S’il est l’un des textes les plus importants du bouddhisme du Grand Véhicule, il en est aussi le plus long, avec les vingt-huit chapitres que comporte la version chinoise. Ces chapitres sont souvent composés de la manière suivante. Le Bouddha délivre un enseignement. Des membres de l’assemblée, de grands pratiquants, réunis pour écouter la prédication du Bouddha, posent ensuite des questions ou dialoguent entre eux afin de présenter leurs propres expériences de cet enseignement et d’en faciliter ainsi sa compréhension. Puis une parabole qui met en scène des personnages et des situations concrètes illustre cet enseignement . L’introduction de ces paraboles manifeste le souhait que chaque pratiquant, quelque soit son niveau d’instruction, puisse comprendre un enseignement profond dont le Bouddha dit lui-même qu’il est « difficile à comprendre ».

Le pouvoir subtil du Soûtra

Le principe de base du bouddhisme du Grand Véhicule est que tous les êtres ont le potentiel d’atteindre le plus haut état d’existence. Le premier rôle assigné à un soûtra du Grand Véhicule est qu’émerge, de sa lecture, la conscience universelle du changement. À cet égard, le Soûtra du Lotus est extraordinaire par son dynamisme et sa portée universelle. Il traduit le souhait le plus cher du Bouddha, qui est de permettre aux autres de parvenir à l’état de conscience qu’il a lui-même atteint. Il est à la fois le véhicule du message et le moyen de le réaliser. C’est-à-dire qu’au moment même où il exprime le souhait profond du Bouddha, il nous propose le chemin que nous devons nous-mêmes emprunter : celui de transmettre l’Enseignement.

Des Bouddhas potentiels

La plupart des pratiquants ont tendance à croire qu’il existe une grande différence entre eux et le Bouddha, perçu comme un idéal. En d’autres termes, ils ressentent qu’il existe un fossé entre le Bouddha et eux-mêmes. Ce sentiment persiste tant qu’ils restent fermés à l’enseignement transmis dans le Soûtra du Lotus, mais dès qu’ils prennent refuge dans l’enseignement de ce soutra, ce sentiment de séparation disparaît. Le Soûtra du Lotus révèle l’absence totale de fossé. Tous les soûtras du Grand Véhicule transmettent cette idée, mais le Soûtra du Lotus expose avec plus de clarté encore que tous les êtres vivants peuvent prendre la voie des bodhisattvas et ont le potentiel de devenir des Bouddhas.

Une transformation dynamique

Tout en aspirant à l’Éveil parfait et suprême du Bouddha, ce bodhisattva souhaite sincèrement améliorer sa situation et celles des autres. Grâce à l’acte même de communiquer avec générosité le Soûtra à quelqu’un d’autre et de l’accompagner, il entre avec cœur et conscience dans la réalité du monde karmique, et découvre celle du monde spirituel. Purifiant son propre esprit de pratique, il réalise petit à petit la nature et le sens de l’Enseignement. Conscient alors de sa propre réalité et de celles des autres, et relié au monde de l’Éveil, il demande capable de remédier à ses imperfections et de réformer sa conduite. Il développe les « perfections » et se pare petit à petit de compassion et de sagesse. En offrant aux autres cet Enseignement, il leur permet eux aussi de se libérer grâce à la même pratique. Ensemble, ils purifient le monde. Il est donc primordial de ne pas considérer le bodhisattva comme un être coupé de la réalité. Des modèles légendaires Les derniers chapitres du Soûtra racontent principalement les faits et gestes de grands bodhisattvas, comme le bodhisattva Écoute des Voix du Monde dans le chapitre XXV. La fonction principale de ces histoires est, à nouveau, de permettre aux lecteurs de réaliser que le plus important est le désir de progresser sur le Chemin juste. À l’instar des bodhisattvas, le désir d’agir inspirera à chacun un mode d’action adaptée à sa progression sur la voie. Le Soûtra du Lotus est un ouvrage dont la récitation nous accompagne et pénètre notre vie, de telle sorte qu’elle en est transformée.

Le Soûtra des Sens Innombrables

Dans la Trilogie du Soûtra du Lotus, le Soûtra des Sens Innombrables précède le Soûtra du Lotus. Bien qu’il ait toujours été placé avant le Soûtra du Lotus, l’histoire ne dit pas si ce soûtra doit être considéré comme un prologue au Soûtra du Lotus. L’ordre des trois soûtras de la Trilogie – ordre en usage de nos jours – ainsi que le rapport qui existe entre eux furent établis par Chi-i (538-597), le fondateur de l’école bouddhiste T’ien-tai (Tendai en japonais). Historiquement, on dispose de peu d’éléments sur le Soûtra des Sens Innombrables. À sa lecture, on se rend compte qu’il est complémentaire du Soûtra du Lotus. Beaucoup considèrent qu’il prépare le lecteur à l’enseignement plus vaste du Soûtra du Lotus. On dit souvent qu’il en explique le but et en ouvre l’accès.

Le Soûtra de la méthode de contemplation du bodhisattva Excellence Universelle

« Ô Honoré du monde, comment, après l’extinction complète de l’Ainsi-Venu, les êtres vivants pourront-ils cultiver l’esprit et le cœur d’un bodhisattva, mettre en pratique les soûtras universels du Grand Véhicule et méditer correctement sur l’ultime Réalité ? Comment garderont-ils vivante la pensée de l’Éveil insurpassable ? Comment pourront-ils purifier leurs facultés sensorielles et se libérer de leurs erreurs sans éteindre leurs passions illusoires et sans renoncer à leurs désirs ? Comment, sans se couper de leurs cinq désirs, les êtres vivants pourront-ils voir la Réalité au-delà des illusions au moyen des yeux qu’ils ont hérités de leurs parents à la naissance ? » Telles sont les questions auxquelles répond ce soûtra. Il a essentiellement pour thème les différentes méthodes qu’accomplit un pratiquant afin de purifier, un par un, ses six organes des sens. Il explique comment éveiller et garder la détermination de bodhisattva grâce au pouvoir obtenu par la récitation du Soûtra du Grand Véhicule. Il y est ensuite enseigné que les illusions de leur sens se dissoudront et que les souffrances, conséquences d’actions erronées dues à la pollution de leurs six sens, s’éteindront si leurs auteurs récitent le Soûtra du Grand Véhicule, méditent son enseignement et accomplissent des actes méritoires. Le Soûtra de la méthode de contemplation du bodhisattva Excellence Universelle explique le concept bouddhiste de la purification des six sens selon le Grand Véhicule, concept indispensable dans la pratique de bodhisattva. L’essence de la purification réside dans la dynamique d’amélioration et de transformation qu’elle engendre. Quand nous purifions nos six sens et apprenons à les contrôler, nous devenons capables de percevoir comment nos organes des sens, obstrués, nous trompent et nous entraînent dans de mauvaises directions. En nous enseignant le chemin de la purification de nos sens, le Soûtra nous indique le moyen de voir, sentir, goûter, entendre, comprendre la Réalité telle qu’elle est. Dans la première partie, le Soûtra explique qu’il est possible de saisir la Réalité en supprimant les obstacles à notre conscience, sans pour autant nous couper de nos désirs. Que ce soûtra encourage ses disciples à rechercher ainsi la purification des organes des sens est une raison supplémentaire de penser qu’il s’adresse en particulier à des pratiquants laïques. Si l’on compare les deux attitudes fondamentales du Soûtra des Sens Innombrables et du Soûtra de la la méthode de contemplation du bodhisattva Excellence Universelle, on remarquera que l’un dit : « Ce soutra fera lever… », tandis que l’autre dit : « Vous ferez vous-même… ». C’est ce qui rend plausible l’idée que le Soûtra des Sens Innombrables est une sorte de prologue ou de préparation au Soûtra du Lotus, plus complexe. La place et le sens du Soûtra de la méthode de contemplation du bodhisattva Excellence Universelle s’éclaire après que l’on ait saisi le contenu du Soûtra du Lotus. En effet, il présente la méthode de pratique, c’est-à-dire le moyen de rendre vivantes et concrètes les théories contenues dans le Soûtra du Lotus. C’est vraisemblablement la raison pour laquelle il est situé en épilogue de la Trilogie.