La naissance du Reiyukai
Convaincu que la prospérité de toute société est liée au niveau de conscience et d’humanité des individus qui la composent, Kakutaro Kubo n’a de cesse de trouver comment aider les êtres humains à édifier un monde en paix et à répondre aux problèmes causés par une société en expansion industrielle vertigineuse. Nous sommes au Japon, après la première guerre mondiale. Il écoute avec intérêt les idées nouvelles venues du monde occidental et reconnaît les bienfaits de l’amélioration du système éducatif. Mais il ne pense pas que les réformes sociales proposées suffisent à apporter le soulagement dont ses compatriotes ont besoin.
Il s’intéresse alors tout particulièrement à la Trilogie du Soutra du Lotus et, à l’automne de 1919, commence à l’étudier et à en pratiquer quotidiennement la récitation. Il découvre ainsi que l’enseignement du bouddha Shakyamuni qui y est exposé diffère profondément du bouddhisme rituel traditionnel. Il comprend qu’une idée maîtresse de cet enseignement est que les êtres humains doivent donner une dimension essentielle à leur vie par leur propre volonté et leurs propres efforts. Grâce au progrès du système éducatif, presque tous ses compatriotes savent lire et écrire. Il réalise que, pour la première fois dans l’histoire, les conditions sont réunies pour que tous les citoyens aient directement accès à l’enseignement du Bouddha et s’engagent pleinement dans la pratique de cet enseignement. Il fonde alors le bouddhisme laïque qui met ainsi à la portée de tous l’enseignement du bouddha Shakyamuni et les pratiques qui sont exposées dans la Trilogie du Soutra du Lotus.
Des êtres d’exception : les Fondateurs
Kakutaro Kubo
Un homme sensible à l’état du monde
Kakutaro Kubo naît le 7 janvier 1892 à Kominato au Japon. Orphelin à l’âge de douze ans, il s’interroge très jeune sur le sens de l’existence. A quinze ans, il part poursuivre ses études à Tokyo. Devenu ingénieur, il est engagé comme architecte au Ministère du Palais Impérial.
Le monde est alors en plein bouleversement : préoccupé et touché par les problèmes sociaux et humains dont il est le témoin, il étudie les sciences humaines et recherche des solutions authentiques à la déshumanisation et à la dégradation du monde. Les propositions des différents partis politiques tant au Japon qu’en Occident, les réflexions menées par les philosophes, les sociologues, les savants, les perspectives offertes par les religions traditionnelles ne lui semblent pas aptes à offrir aux êtres humains les moyens de réaliser une vie honorable, essentielle et profondément satisfaisante.
Le Soutra du Lotus : une révélation
Sa découverte du Soutra du Lotus est une révélation : il voit dans les valeurs et les pratiques bouddhistes qui y sont exposées la clé d’une société meilleure. Il est convaincu que le progrès de chaque être humain est indispensable à l’amélioration de la société. Selon lui, le niveau d’éducation permet alors à chacun de mettre en pratique et de réaliser l’enseignement du bouddha Shakyamuni dans sa vie, sans se soustraire à une participation active à la vie de la société. Pour la première fois dans l’histoire, il fonde, en 1928, une pratique laïque du bouddhisme à l’image de la pratique des bodhisattvas du Soutra du Lotus. Avec Kimi Kotani, sa belle-sœur, co-fondatrice et première présidente du Reiyukai, il guide les membres du Reiyukai sur ce chemin de progrès et d’éveil jusqu’à sa mort, en 1944.
Kimi Kotani
Un début d’existence difficile
Née en 1901, à Miura, au Japon, dans une famille de paysans totalement démunis (comme la plupart des paysans à l’époque), Kimi doit, dès son plus jeune âge, travailler pour survivre, comme tout le reste de la famille. A l’âge de onze ans, elle quitte l’école pour travailler chez sa tante, comme bonne à tout faire. A dix-sept ans, elle trouve un emploi de domestique à Tokyo. A vingt-quatre ans, elle épouse Yasukichi Kotani, un veuf de vingt et un ans son aîné, frère de Kakutaro Kubo. Il dirige une pension de famille.
Une rencontre décisive
Les Kotani reçoivent fréquemment la visite de Kakutaro Kubo qui les entretient de son projet d’introduire le bouddhisme au sein de la société. Conscient des qualités de détermination et de l’énergie de Kimi Kotani, mais aussi des limites étroites de ses ambitions matérielles, il l’encourage à prendre goût à son développement spirituel. Il l’invite à découvrir le rôle important que chaque être humain peut jouer dans la construction de la société actuelle et future, en mettant en pratique les enseignements du Bouddha.
Une détermination sans faille
Poussée par des circonstances de vie malheureuses – la maladie de son mari – elle accepte. Elle doit faire confiance à Kakutaro Kubo dans une voie totalement inconnue et cela n’est pas sans difficulté. La lecture de certains passages particulièrement touchants de ses mémoires (Musique céleste) révèle les épreuves qu’il lui a fallu traverser dans cette relation, ses doutes, sa révolte, puis son changement progressif d’attitude envers Kakutaro Kubo, au fur et à mesure que son évolution lui donne accès à une compréhension de la pertinence des pratiques qu’il lui demande d’entreprendre. Convaincue par ses expériences, elle s’engage totalement au service du développement du Reiyukai.
Un engagement au service de la société
Présidente du Reiyukai en 1930, Kimi Kotani assumera, après la mort de Kakutaro Kubo, l’ensemble des fonctions de direction. Sous son influence, le mouvement accroît son développement. Après la deuxième guerre mondiale, les Japonais sont essentiellement préoccupés par la reconstruction économique du pays. Selon Kimi Kotani, il est essentiel, dans cette période de crise, d’œuvrer aussi à la construction de l’être humain : elle invite les pratiquants à redoubler d’efforts, en vue de leur évolution et de l’épanouissement de tous. A partir de 1950, le Reiyukai accorde une attention plus particulière à la jeunesse. Il crée, pour eux, des lieux de rencontres et de pratique, édifie un collège et un lycée dont l’objectif essentiel est le développement harmonieux de la personne, en dehors de tout esprit de compétition.
Elle engage le Reiyukai dans de nombreuses actions humanitaires et sociales, parfois en collaboration avec des associations internationales comme la Croix Rouge.
Grâce à ces actions, au Japon, le Reiyukai est, enregistré au Ministère de l’Education comme congrégation religieuse, déclarée d’utilité publique.
La diffusion du Reiyukai dans le monde
Avant sa mort en 1971, la fondatrice Kimi Kotani exprime le souhait que le Reiyukai puisse voir le jour dans d’autres pays, afin de contribuer à édifier ensemble la paix dans le monde. Selon son vœu, le Reiyukai se développe aux Etats-Unis (1972), au Brésil et au Canada (1975), aux Philippines (1976), au Mexique, en Italie et à Taiwan (1977), au Royaume Uni (1978), au Pérou, en Thaïlande et en France (1979), en Inde, au Népal et au Paraguay (1983), en Espagne (1984), en Corée (1988) en Bolivie (1996), au Sri Lanka (1999).
Une lignée fidèle
Tsugunari Kubo : le rayonnement intellectuel
Après la mort de la Fondatrice, Tsugunari KUBO, fils du fondateur Kakutaro KUBO, devient président. Docteur en philosophie indienne, il apporte une contribution précieuse au Reiyukai grâce à son rayonnement intellectuel. Auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’analyse de la philosophie bouddhiste et à l’étude de textes bouddhiques, en particulier du Soutra du Lotus, il offre une analyse intellectuelle des fondements philosophiques de la pratique du Reiyukai. Cette analyse, inspirée aussi par sa propre expérience de la mise en pratique des enseignements du Reiyukai, est particulièrement appropriée aux aspirations du monde contemporain. Grâce à sa participation aux grands colloques internationaux, il accompagne le développement international du Reiyukai. A son initiative, le Reiyukai se dote d’une bibliothèque d’œuvres bouddhiques rares que consultent les spécialistes du monde entier et fonde à Tokyo l’Université Internationale d’Etudes Bouddhiques. Il quitte la présidence du Reiyukai en 1996
A l’instar du docteur Tsugunari Kubo, les présidents qui se sont ensuite succédés, Madame Yae Hamaguchi (1996-2000) et Mr Ichitaro Ogata (2000-2013) ont été directement guidés par la fondatrice Kimi Kotani, dès leur jeunesse. Durant toute leur vie, ils se sont impliqués corps et âme à ses côtés afin que se réalisent concrètement les enseignements du Reiyukai dans le monde pour le bonheur de tous.
Mr Masaharu Sueyoshi a été élu 5ème président du Reiyukai après le décès du président Ichitaro Ogata, survenu le 6 avril 2013. C’est l’actuel président du Reiyukai.
Du Japon à l’Europe
A la recherche d’une vie essentielle
Claudine Carayol, étudiante, recherche avec détermination les moyens de donner à sa vie un sens essentiel. La lecture de traités sur le bouddhisme et la contemplation de peintures japonaises l’inspirent. En 1975, jeune diplômée de lettres classiques, elle choisit de partir au Japon. Pendant cinq ans, elle enseigne la littérature française à l’Université de Nagoya et s’adonne à la peinture à l’encre et aux arts martiaux. Quelques mois avant son retour en France, elle y rencontre son mari et par son intermédiaire, le Reiyukai.
Le souhait d’offrir aux Français la voie d’un bouddhisme laïque
Claudine et Yasukazu Shinoda, poussés par leur motivation personnelle, s’installent en France en 1979, où le Reiyukai est enregistré comme association régie par la loi 1901 – l’adhésion au Reiyukai prend la forme d’une cotisation mensuelle (6 euros en 2013) -. En 1985, le Reiyukai acquiert un Centre, à Nantes – achat financé par les cotisations japonaises- afin d’offrir aux pratiquants français un lieu de rencontres.
Des débuts enthousiastes et dynamiques
Un groupe de pratiquants curieux de découvrir cet enseignement pragmatique se forme rapidement. Implanté à Nantes, le Reiyukai propose à ses membres de se réunir régulièrement au Centre pour entendre l’Enseigneent et partager leurs expériences.
Conjointement à leur recherche bouddhiste et dans le but de participer de manière constructive à la vie sociale, les pratiquants français organisent des manifestations sociales et culturelles.
En 1987, création de « Forum Mélinière » : association à vocation culturelle.
En 1988, création du « Cercle de Concertation » : partage d’expériences visant l’amélioration des relations humaines au sein des entreprises.
En 1989, création de « Point de Départ » : concours national et international destiné aux Jeunes, réalisant des projets positifs (sous l’égide de l’UNESCO).
Dès 1995, implication dans divers projets collectifs comme l’Université Bouddhique Européenne à Paris.
Dès 1980, organisation de séminaires nationaux qui réunissent l’ensemble des membres et sont ouverts à toute personne souhaitant découvrir le bouddhisme Reiyukai.
En 2014, création de réunions régionales trimestrielles.
Aujourd’hui, en 2018, le Reiyukai compte 1400 membres.
Une dimension européenne
Inspirée par la construction européenne et l’espoir de paix qu’elle contient, l’association Reiyukai, soucieuse d’œuvrer à l’harmonie entre les peuples d’Europe, devient membre de l’Union Bouddhiste Européenne (European Buddhist Union) en 1997. Favoriser le développement de relations amicales entre les organisations bouddhistes d’Europe et leur coopération sur des sujets d’intérêt commun, leur permettre de travailler en synergie et de faciliter ainsi la connaissance et la transmission de cet enseignement, pour le bienfait de tous les êtres, tels sont ses objectifs essentiels.
Claudine Shinoda, directrice spirituelle au sein du Reiyukai, est élue vice-présidente de l’Union Bouddhiste Européenne en 2002, et présidente en 2005. Elle quitte la présidence en 2008.
Le Reiyukai est toujours membre de l’European buddhist Union (EBU) et est présent au Conseil d’administration. Quelques-uns de ses membres ont participé à la conférence de Berlin en 2016 sur le thème : « La famille : creuset pour le développement des vertus bouddhistes, du progrès de la société et du monde. »
Ils seront également présents à la conférence de Malaga en mai 2018 dont le thème est : « la diffusion de la sagesse et de la compassion dans les sociétés européennes. »
Le bouddhisme Reiyukai essaime actuellement dans plusieurs pays d’Europe.