LA FAMILLE, LES ANCÊTRES, LES AMIS SPIRITUELS

Un esprit de curiosité et de gratitude

Dans cet enseignement, on entend souvent que nos conditionnements produisent toujours les mêmes résultats et nous amènent malgré nous à revivre les mêmes situations.

J’ai commencé à pratiquer le bouddhisme de l’Amitié Spirituelle grâce à une collègue de travail en qui j’avais une grande confiance, ce qui m’a permis d’accepter d’expérimenter ce chemin d’Éveil, malgré mon naturel plus que prudent.

 

Un esprit humble et souple

Pour illustrer ce sujet, je vais tout d’abord vous parler de ma relation à mes parents. Quand je suis devenue membre du bouddhisme de l’Amitié Spirituelle, on m’a proposé de réciter le Soûtra devant une plaquette familiale qui représente les branches paternelle et maternelle de nos ancêtres.

J’avais alors 29 ans, mais je m’inquiétais de la réaction de mes parents. Un jour, ils sont venus me voir, et ils sont entrés dans la pièce où se trouvait mon petit autel familial. Étonnamment, ils ne m’ont posé aucune question. Je me suis alors demandé quel était l’état de notre relation. Ils n’étaient pas du tout curieux de ce que je faisais et découvrais dans ma vie !! Comme dans cette pratique on nous propose de nous remettre en cause, je me suis tout de suite « renvoyé la balle ». Je me suis alors demandé concrètement si dans le ce lien à mes parents j’étais curieuse d’apprendre ?

J’ai réalisé à ce moment-là que ma relation avec eux était uniquement basée sur ce qu’ils pouvaient m’apporter, et donc très égocentrée. J’étais très fusionnelle avec ma mère et très jugeante envers mon père. J’avais un cœur dur pour lui. Comme j’entendais régulièrement parler de la gratitude envers les parents, les ancêtres - tous ces êtres à l’origine de notre existence -, j’ai commencé à développer de la curiosité à leur égard.

 

« La profondeur du lien avec mon père. »

Les années ont passé et mes parents sont venus une fois au Centre pour découvrir en quoi consistait ce chemin d’évolution. Là, j’ai entendu d’eux : « Ce n’est pas à notre âge qu’on va progresser… ». Encore une information intéressante pour moi qui viens de ce monde-là. En quoi cela me concernait-il ? En effet la remise en cause n’est pas mon terrain naturel.

Cette année ma mère a eu des problèmes de santé qui ont provoqué chez elle des accès de colère et de violence vis-à-vis de mon père, et j’ai vu mon ce dernier complètement perdu face à cette violence. J’ai mieux vu la nature des liens affectifs qui les reliaient. La dépendance affective et la confusion qui en découle ne me sont pas inconnues. J’ai souvent traversé ces états dans ma vie. Cela m’a rapproché de mon père, les souffrances qu’il traversait étaient aussi les miennes. Mon cœur pour lui a commencé à s’ouvrir, et j’ai pu voir et accepter que j’étais bien sa fille. Notre relation a évolué dans le bon sens de la compréhension et de l’acceptation réciproque.

Cette année il a perdu son frère et je lui ai proposé d’offrir la récitation du Soûtra à ce dernier. Il a accepté et nous avons lu le Soûtra chez mes parents. Mon père, qui n’est habituellement pas concentré, l’était tout particulièrement. Je ressens encore des frissons en repensant à ce moment merveilleux, hors du temps et des conditionnements ! On a maintenant des liens profonds, on a des conversations essentielles sur la vie et la mort au-delà de tout ce que j’aurais pu imaginer, en tous cas au-delà de mes idées, et c’est pour moi un vrai bonheur !

 

Accéder à une autre vision du monde.

Avant de rencontrer le bouddhisme de l’Amitié Spirituelle, j’avais un esprit très sélectif et mon cœur devenait très vite dur et jugeant. Or des connaissances ont souhaité découvrir l’enseignement du Bouddha à mes côtés. Ce n’était pas des personnes que j’avais choisies, et elles n’avaient rien à voir avec les gens qui m’attiraient auparavant. Nous avons cependant développé ensemble une Famille de pratique, puis un Cercle. Je vois progressivement se lever des qualités de cœur chez chacun d’entre nous, au-delà de nos différences. On a le même projet, celui de mieux entendre l’enseignement du Bouddha pour notre progrès et notre évolution.

Malgré mes résistances à accepter l’idée d’un monde d’Éveil, j’ai pu grâce à mes amis spirituels être témoin d’expériences merveilleuses, qui nous ont permis de percevoir la puissance de cet enseignement. Le fait par exemple que quand un membre d’une famille commence à lire le Soûtra pour son progrès et celui de ses ancêtres, des événements inattendus se passent dans les familles et des liens coupés se remettent en mouvement. Au-delà de notre transformation personnelle, d’autres dimensions sont à l’œuvre. Chaque fois que des certaines personnes ont arrêté de pratiquer, elles m’ont montré les empêchements du mental qui nous coupent de l’Enseignement.

J’ai encore beaucoup de résistances, parce que mon mental est très fort et m’empêche d’avoir un cœur pur et humble pour demander de l’aide et de m’en remettre au monde de l’Éveil. Je suis dans le pouvoir personnel la plupart du temps - c’est ce que me montrent mes amis spirituels, en particulier ceux qui n’ont pas pu continuer le Chemin. Cela m’attriste, je l’avoue ! 

Mais je sais qu’il faut que je traverse moi-même, en fréquentant assidûment les lieux de pratique, en cultivant un lien de recherche avec mes aînés, avec celles et ceux qui m’ont fait confiance, et les membres de l’Assemblée. C’est ainsi que je vais pouvoir me dégager de mes conditionnements et progresser.

Quelle belle équipe nous formons, mes amis spirituels et moi. Grâce à ces liens, j’ai accès à une autre vision du monde, plus juste et plus douce.

 

Frédérique