LA FAMILLE, LES ANCÊTRES, LES AMIS SPIRITUELS

Tout est source de progrès

En lisant le Soûtra ce matin, j’ai ressenti beaucoup de reconnaissance envers les Fondateurs et les premiers pratiquants en France.

Je suis originaire du Sud de la Loire d’une famille de paysans. Mon père est né en 1919, marqué par la Seconde Guerre mondiale.

Benjamine de toute une ribambelle de frères et sœurs qui sont nés après-guerre. Je suis arrivée dans la famille juste après un frère décédé, sans être désirée.

Mon enfance, je l’ai passée à regarder ce monde et à me dire : « Mais qu’est-ce que je fais là ? ».

 

Mes copines d’école partaient en vacances. Moi je ne partais jamais. L’été je plantais les choux, je ramassais le blé, je travaillais… Elles avaient des cadeaux à Noël, moi je n’en avais pas, alors je mentais. Au retour des vacances de Noël, j’écoutais bien comment étaient leurs poupées et je disais que j’avais eu les mêmes.

Ce qui est né alors dans mon cœur de petite fille, c’est l’envie, la jalousie, l’incapacité de se réjouir du bonheur des autres. Parce que je souffrais, que j’avais la sensation d’être tombée dans la mauvaise famille.

 

« On peut tous grandir. » « On peut tous changer notre vie. »

A 20 ans, l’âge où l’on est supposé être adulte, me voilà mère d’une petite fille. Je fais avec mes petits bras et je me lance à corps perdu dans ce lien si doux, qui me renvoie tant d’amour ! Tout va bien…, sauf que la vie n’est pas si simple et qu’avec le papa, ça s’arrête.

Mon deuxième mari est le copain d’un pratiquant qui lui dit un jour : « Il y a un séminaire bouddhiste, viens donc découvrir. » Il y est allé et, intéressé, a commencé à pratiquer. Je l’ai découvert beaucoup plus attentif que d’habitude à mes enfants, alors qu’avant il ne les regardait pas. Je trouvais cela étonnant et, quand il m’a invitée à venir à une réunion, j’y suis allée et j’ai commencé à pratiquer.

Mais rapidement, j’ai eu le sentiment que les gens qui étaient présents comprenaient tout alors que moi je ne comprenais rien... Au bout de trois mois j’ai décidé de rencontrer un aîné, déterminée à lui dire que je souhaitais arrêter. Dans sa grande sagesse, il m’a dit : « Ce n’est pas parce que tu ne veux pas manger le même plat que ton mari que tu vas arrêter de manger ! » Alors ça c’était imparable… j’ai ressenti la profondeur de ses paroles, mais qu’est-ce qu’il voulait dire au juste ? Que l’on est tous des êtres uniques, tous différents. Mais on peut tous se nourrir, on peut tous grandir, on peut tous changer notre vie. Moi y compris. Finalement, j’ai décidé de continuer. De façon surprenante, des amis de pratique sont arrivés de façon spontanée : des gens de mon entourage, qui me disaient que cette pratique les intéressait.

 

« Se réjouir du bonheur des autres chez un jaloux. »

A commencé alors le gros travail d’évolution. De la même manière que j’aime mes enfants et que j’aime m’occuper d’eux, j’aime être avec mes amis de pratique. Je suis proche d’eux, je me déplace chez eux, je les encourage. Je suis ravie de voir comment ils se transforment, et comment leur réalité change. Car il n’y a pas de plus grand bonheur que de voir ses amis spirituels évoluer et traverser des réalités de vie, quelles qu’elles soient. Mais moi, dans tout cela…

Je menais à côté une vie tout à fait ordinaire, avec ce que j’étais. Ma vie sentimentale était compliquée. Mes enfants grandissaient et je prenais conscience de la façon dont je les avais élevés. J’aurais aimé qu’ils soient plus proches de moi, pour guérir mon petit cœur qui souffrait depuis mon enfance. Mais mes enfants avaient grandi, ils menaient leur vie et moi j’étais dans la peine ! 

 

Je me sentais abandonnée par mes parents de pratique, comme je l’avais été par mes parents biologiques. En revanche, j’ai toujours eu à cœur d’aider mes amis spirituels à grandir.

En 2019, j’avais beau pratiquer et essayer d’entendre l’Enseignement, je me suis sentie envahie par un grand désespoir et tout a explosé. Je ne pouvais plus me leurrer sur qui j’étais. J’ai clairement vu l’un de mes grands obstacles.

Dans le Soûtra, il y a une phrase qui me parle depuis que je le lis : « […] Se réjouir du bonheur des autres chez un jaloux […] ». Je suis atteinte de cette grave maladie, la jalousie. » On ne peut pas se réjouir du bonheur des autres quand on a ce sentiment en soi !

Grâce à ma remise en cause et à mon lien avec l’Enseignement, j’ai vu plus clairement ce conditionnement, et comment cette jalousie altère mes liens avec les autres.

 

Tout est source de progrès

Et j’ai eu la chance de me rendre au Japon pour accomplir des pratiques spécifiques au bouddhisme de l’Amitié Spirituelle.

Dans un temple en montagne, lorsque je suis allée saluer le Bouddha de la piété filiale, j’avais un nœud à l’estomac sans comprendre pourquoi. En redescendant, j’ai fait une expérience spirituelle fondamentale. J’ai vu défiler ma vie depuis ma petite enfance et j’ai entendu : « Marie-Christine, tu es tombée dans la bonne famille ! Dans une autre vie tu as été tellement orgueilleuse, qu’il est normal que tu sois tombée dans cette famille où on t’a laissée un peu de côté. Tu as à apprendre l’humilité. » Je n’en ai pas compris tout de suite le sens.

A présent, je découvre que la sévérité de mes aînés de pratique était nécessaire pour résoudre ma jalousie.

 

J’ai enfin pris conscience que rien ne nous arrive par hasard et que tout est source de progrès. J’ai beaucoup de gratitude envers toutes les épreuves qui m’ont été envoyées dans cette vie, parce que cela a poli mon cœur.

Je me réjouis d’œuvrer à l’Éveil et au bonheur de toutes les personnes qui croisent mon chemin de pratique, et de réaliser ainsi le grand vœu de paix des Fondateurs.

Marie-Christine