Le bouddhisme de l’Amitié Spirituelle peut changer le monde. En effet, il ne propose pas un système de croyances mais un chemin d’actions. Ces actions, basées sur l’enseignement de la sagesse et de la compassion, sont capables de nous transformer fondamentalement et de permettre aux autres de se transformer.

Afin d'arriver concrètement à cet objectif, les Fondateurs, au Japon, ont conçu une pratique accessible au plus grand nombre, telle que l’expose le Soûtra du Lotus. Bien évidemment, le terme "action" ne doit pas être pris dans un sens ordinaire car il s'agit d'actions conscientes, fondées sur l'Enseignement et accomplies dans une intention d'Éveil, pour soi et pour les autres, comme cela est exprimé dans le Soûtra que nous récitons quotidiennement.

C'est ce sens, pourtant fondamental, qui est souvent absent. Dans cette perspective, il convient, au cours de notre pratique, de regarder la qualité de notre esprit, la nature de nos aspirations, d'ouvrir notre esprit à la curiosité et à l'écoute de l'Enseignement. Ouvrir notre esprit à l'écoute de l'Enseignement représente une étape importante, beaucoup plus longue que l'on ne le pense, tant nous sommes ignorants et portés à croire que nous entendons le sens de ce qui est transmis alors que nous y mettons nos propres interprétations ; tant, selon l'expression du Soûtra lui-même, nous "croyons avoir compris ce que nous n'avons pas encore compris".

Le Chemin se réalisera, non en réfléchissant, mais grâce à la pratique de bodhisattva, celle du « maître de l’Enseignement », comme le présente le chapitre IX du Soûtra du Lotus. Cet effort de conscience est fondamental et la pratique de bodhisattva le moyen de le réaliser. C'est pourquoi les aînés de pratique insistent tant - lors de notre pratique d'accompagnement des autres - sur la nécessité d'observer en tout premier lieu la qualité de leurs aspirations, de les interroger sur ce qu'ils entendent de l'Enseignement, et de prendre ces informations pour nous-même, alors que nous serions peut-être portés plus naturellement à regarder des aspects de leur personnalité ou de leurs conditionnements à travers notre conscience ordinaire ».

Laisser pénétrer l’Enseignement dans nos cœurs

Inévitablement, dès que je commence à réfléchir au sens « principal » de l'enseignement du bouddhisme de l’Amitié Spirituelle, me viennent toujours spontanément à l'esprit deux phrases, qui contiennent ces aspects dont je viens de parler. L'une est tirée du Soûtra des Sens Innombrables : « L'enseignement provient de la demeure des Bouddhas, il pénètre dans le cœur des êtres qui aspirent à l'Éveil et prend vie dans les pratiques des bodhisattvas. » L'autre résume le thème essentiel du Soûtra du Lotus : « Tous les êtres vivants peuvent atteindre l'Éveil du Bouddha et la Voie qui y mène est celle des bodhisattvas qui transmettent l'Enseignement et accompagnent les autres sur ce chemin. » C'est l'Enseignement qui nous guide, il faut donc l'entendre, le mettre en pratique et c'est lui que l'on doit transmettre ; l'Enseignement pénètre dans le cœur des êtres qui aspirent à l'Éveil et i faut donc ouvrir notre esprit et corriger nos aspirations trop modestes, trop personnelles ; la pratique de bodhisattva est la Voie du Bouddha.

Vient alors dans mon cœur cette affirmation du Bouddha Sakyamuni dans le chapitre II du Soûtra du Lotus, éloge de la Voie de l' « Unique Véhicule des Bouddhas » : « Les Bouddhas apparaissent dans ce monde afin que les êtres vivants atteignent la sagesse et la clairvoyance propres à l'état suprême de Bouddha. Ils apparaissent dans ce monde afin que les êtres vivants entrent dans la Voie qui mène à la sagesse et à la clairvoyance des Bouddhas », cette Voie, décrite ensuite, étant celle des bodhisattvas. Ces phrases peuvent sembler très énigmatiques aux personnes qui viennent de rencontrer la pratique du bouddhisme de l’Amitié Spirituelle. Mais, si c'est le cas, comme ils bénéficieront d'expériences étonnantes s'ils décident de partir à la découverte de cet Enseignement au moyen d'actions très simples, ils pourront, curieux, interroger leurs aînés sur l'Enseignement contenu dans ces expériences. Éclairés sur la pratique de bodhisattva, ils pourront alors continuer le Chemin, faire de nouvelles expériences et progresser petit à petit dans l'Enseignement.

Ces actions qui améliorent la qualité de notre humanité

J'ai commencé cet article en parlant de la nature particulière des actions, réalisées avec l'aspiration de développer notre humanité jusqu'à son faîte ultime. Que nous en soyons conscients ou non, toutes les actions que nous accomplissons sont précédées d'intentions. Elles visent souvent notre bien-être ou la satisfaction de désirs plus ou moins personnels. Il s'agit maintenant, d'une part, de devenir plus conscients de la nature de notre projet de vie et, dans tous les cas, de lui donner une possibilité d'ouverture immense, telle qu'on ne peut le concevoir. Quels que soient le degré de notre évolution et l'épaisseur de nos obstacles, la sincérité de notre intention permettra, au sein de notre pratique avec les autres, de progresser et dans notre conscience et dans les « perfections », ce qui améliorera la qualité de notre humanité.

Nul besoin d'analyser les raisons de nos souffrances, ou de notre manque de compassion ou  notre absence de reconnaissance ou de bienveillance par exemple ; pas de temps pour s'apitoyer sur nos problèmes. Si nous nous engageons dans la pratique de bodhisattva avec la confiance en ce potentiel révélé par le Bouddha, si nous corrigeons notre esprit des conceptions erronées sur la réalité et changeons notre cœur, nous traverserons nos limites et accéderons sans faute à une humanité plus compatissante et éveillée. Et tout au long de  ce processus de purification et de transformation, nous résoudrons un grand nombre de conditionnements. Le chemin est sûr mais notre aveuglement est grand. C'est pourquoi je vous encourage à rester à proximité des aînés qui transmettent l'Enseignement, à vérifier sans cesse la nature de votre aspiration et à soutenir votre pratique d'actions quotidiennes accomplies pour l'Éveil des personnes qui vous entourent.

Claudine Carayol