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Une relation envoyée par le monde spirituel

Lorsque j’ai commencé à pratiquer, j’étais âgée de 20 ans et je vivais encore chez mes parents. Je démarrais une formation professionnelle pour devenir institutrice…J’ai fait la connaissance à cette occasion, par l’intermédiaire d’une de mes meilleures amies partie vivre à Cherbourg, de Cécile, une cherbourgeoise avec qui elle s’était liée d’amitié. Malheureusement, avant même que nous fassions connaissance, le monde des jugements s’est mis en route. En bref, nous ne pouvions pas nous voir en peinture !

Un jour une amie que j’avais invité à venir découvrir le Reiyukai est venue à la maison accompagnée de Cécile sans me prévenir. Je venais tout juste d’emménager et mon autel était caché derrière une porte. A peine Cécile était-elle entrée à la maison qu’elle a été comme téléguidée vers mon autel.   « C’est quoi ce truc ! », m’a-t-elle demandé. J’ai répondu quelque chose comme « une pratique pour progresser ». Cécile a tout suite répliqué : « Ça ne me ferait pas de mal ! » J’étais totalement d’accord !

Je l’ai invitée peu après ainsi que ma sœur et d’autres amis à une conférence à laquelle le président du Reiyukai Japon participait. Les retours de Cécile et de ma sœur étaient vraiment positifs. Quelque temps après, j’ai recroisé Cécile en ville avant un séminaire et je l’ai invitée. Elle était très contente de ce séminaire sauf lorsqu’elle a entendu que la pratique passait par le développement de notre relation.

Mes aînés à ce moment m’ont encouragée à passer lire le soutra tous les matins chez elle pendant une dizaine de jours. Nous étions jeunes et pleines d’énergie et, malgré nos jugements respectifs, prêtes à faire l’expérience ! Nous avons à ce moment-là effectué une pratique magnifique dans notre persévérance, notre simplicité à goûter cette expérience. Cécile vivait avec enthousiasme le lien qu’elle créait avec l’enseignement du Soutra du lotus. Je la voyais transformer le lien avec ses parents, s’excuser après d’un vieux copain qu’elle avait blessé. C’était très vivant pour moi de l’accompagner car je bénéficiais directement de ses expériences.

Si je précise ces détails c’est pour 2 raisons.

La première, c’est que je vois vraiment bien maintenant que cette mise en relation a été programmée par le monde de l’Enseignement et cela en dehors de toutes nos idées ordinaires.

La deuxième, c’est que je réalise que notre jeunesse nous a permis aussi de rentrer dans l’expérience, sans avarice de notre temps, avec l’envie de découvrir au-delà de nous- mêmes et d’écouter avec docilité nos aînés. Nous avons eu bien de la chance car, grâce à cela, nous avons poursuivi notre recherche ensemble malgré toutes nos duretés et fragilités respectives l’une à l’égard de l’autre.

La naissance d’une conscience nouvelle

Nous entendons tout le temps dans l’enseignement du Reiyukai que nous pouvons résoudre nos karmas grâce à notre pratique de boddhisattvas. Il est évident que jamais nous n’aurions poursuivi cette relation si nous n’avions pas été guidée l’une et l’autre par le souhait de notre progrès selon l’Enseignement. Nous aurions, comme c’est le cas la plupart du temps lorsqu’une relation nous fait souffrir, rompu le lien.

Grâce à son lien précieux avec l’Enseignement, Cécile a développé un grand groupe qui m’a mis en relation avec des personnes que j’adore et qui poursuivent aujourd’hui ce chemin avec nous. Grâce à nos aînés et nos compagnons, nous avons continué tant bien que mal à être en relation. J’ai mis un temps extrêmement long à entendre que ce qui sortait de la bouche de Cécile et qui, à chaque fois me mettait dans tous mes états, était l’expression de son monde karmique et n’était pas tourné contre moi. A chaque fois, j’étais blessée et je devenais négative et rancunière. Ma négativité empoisonnait tous nos liens de pratique. J’étais dans mon monde karmique, celui qui était également en œuvre dans les liens familiaux avec ma mère, mon père et ma sœur. J’avais le sentiment d’être une victime et j’attendais des autres, et de Cécile en particulier, qu’ils se transforment. Nous avons pataugé dans cette relation assez longtemps comme ça, de colère en colère et de crise en crise.

Les étapes de la libération.

La première étape a été que mon aînée de pratique a commencé à mieux entendre l’Enseignement et à me le transmettre avec plus de justesse. Je n’avais, me disait-elle, qu’à m’appliquer l’Enseignement avec Cécile, voir son potentiel merveilleux  et l’aider à le réaliser puisque nous avions été mises en relation pour résoudre la nature de ce lien. C’était difficile à entendre mais j’ai essayé d’agir ainsi.

La seconde étape a été d’entendre et de vérifier que ma compagne était soumise à des conditionnements dont elle était prisonnière et qui la dépassaient. Concrètement, je suis passée chez elle, animée d’un esprit particulier et de la demande suivante « être prête à tout » Sans calcul, sans peur, juste présente ! Nous avons récité le Soutra et, immédiatement après, Cécile a exprimé quelque chose de blessant mais, pour la première fois, ma conscience s’est ouverte au fait qu’elle n’avait pas conscience de ce qui sortait de sa bouche et qu’elle n’avait pas l’intention de me blesser. C’était une vision très nouvelle ! Durant cette même période, j’ai fait des expériences où je me suis vue exprimer moi aussi  des jugements à l’emporte-pièce, sans contrôle comme si j’étais le jouet de mes 5 sens ainsi qu’il est écrit dans le Soutra du lotus. Cela m’a apporté une grande joie qui a allégé nos liens dans tout le groupe.

Pour autant ce n’était qu’un premier pas et la nature de notre relation ne tournait pas réellement. Ma compagne ne se transformait pas et moi non plus.

Il y a eu une troisième étape.

A cette époque, mon aînée a réaffirmé sa détermination à nous accompagner dans la réalisation d’un grand groupe. Elle est passée à la maison et nous avons récité le soutra ensemble. Pendant la lecture, il m’a été permis de voir ma naissance et ma difficulté à arriver sur terre. Je n’avais, semble-t-il, pas vraiment envie de m’incarner. J’ai reconnu aussi cette forme de relation au monde chez Cécile. Les manifestations en sont très simples. Nous pensons toujours que nous ne sommes pas à notre place, nous nous cachons derrière notre conjoint, nous ne pouvons pas réaliser notre rôle et notre potentiel. Nous voudrions être parfaites et nous sommes incapables d’accepter nos limites. Nous ne nous sentons pas légitimes et nous n’avons pas confiance dans l’Enseignement. Toujours le doute et l’oubli recouvrent nos magnifiques expériences. L’effort et le devoir guident notre vie. Une vie qui repose essentiellement sur le monde ordinaire ancestral, sur nos qualités, nos défauts et les efforts pour nous améliorer, efforts aux effets limités.

Ouvrir nos esprits au monde de l’Enseignement

Or s’il y a un effort à faire, c’est celui de choisir le monde dans lequel nous voulons évoluer : le monde ancestral ou le monde de l’Enseignement ? Quelle sagesse voulons-nous réaliser dans cette vie ? Comment, si nous chérissons notre tranquillité, résoudrons-nous les souffrances karmiques et développerons-nous la pratique en France ?

Il y a maintenant 3 ans, notre relation était loin de ressembler à une amitié spirituelle. Nos rapports restaient froids et contraints et cela m’attristait. Il restait encore des étapes à franchir. J’ai pris alors la détermination d’apprendre à me tourner vers l’Enseignement pour résoudre ces souffrances. A ce moment-là, une situation m’a été offerte pour traverser ce monde karmique et ouvrir le chemin à mes compagnons. Je l’avais souvent entendu et j’ai eu l’occasion de le vérifier. Mais je ne pensais pas du tout que ça prendrait forme dans le lien avec mon aînée…

Après toute ces années de pratique s’installent dans nos liens des conceptions ordinaires qui figent les relations. J’étais habituée à un certain type de relation avec mon aînée et cette relation s’est modifiée durant le voyage au Japon. Je n’ai pas eu la gentille Claudine à laquelle j’étais habituée : j’ai eu le sentiment qu’elle ne me faisait pas confiance et ça m’a rendue négative, d’abord à son égard puis vis à vis de moi-même. Mais je ne supportais pas cette négativité et me culpabilisais. Se sont ouvertes alors les portes d’un monde de dépression qui a fait apparaitre une envie de partir ou de tomber malade comme la mère de Franck, mon mari, qui est morte à l’âge que j’ai aujourd’hui avec le sentiment d’avoir gâché sa vie. Quel dommage de ne pas pouvoir considérer le caractère précieux de son existence, comme nous y encourage l’Enseignement.

J’ai réalisé à ce moment que si je n’installais pas l’Enseignement en moi avec sincérité, je ne pourrais pas sortir de cet enfer. Je mourrais sans doute d’un cancer comme la mère de Franck. Mais, quel que soit mon état, j’ai continué à faire les actions de pratique. L’une d’entre elles a consisté à rappeler mon ainé car je n’en pouvais plus de pleurer et d’avoir honte d’être dans cet état sans aucune raison « apparente ». En effet, au regard de la société, tout allait pour le mieux ! De bonnes conditions de vie, un bon mari et de beaux enfants ! n’empêche pas le karma d’advenir !

J’ai entendu alors de Claudine qu’un être humain c’était comme ça, fait de conceptions qui engendrent elles-mêmes des émotions de toutes sortes liées à notre héritage ancestral et à notre propre construction et qu’on n’avait qu’une chose à faire : demander de l’aide pour créer un lien avec le monde des éveillés et nos ainés pour apprendre et installer la sagesse dont nous parle l’Enseignement.

Un éveil mutuel, voie de la résolution karmique

Depuis, c’est comme si tout ce que j’entends depuis des années descendait dans la conscience et se vérifiait. Cela me transforme, car j’accepte d’être nulle sans m’en défendre, sans honte mais avec le souhait d’apprendre et qu’il me soit permis de me transformer. J’accepte d’avoir à apprendre à devenir un être qui construit son humanité. L’ego peut faire place à la sagesse de l’Enseignement et je peux quitter le monde ordinaire de mes conceptions.

Nous avons tout à apprendre car nous n’avons jamais appris ni entendu cette sagesse. Ça libère de la prison karmique. Je commence à pratiquer ainsi et j’en vois les effets immédiats sur mes compagnes et sur moi. Cécile est entraînée au-delà d’elle-même dans ce monde de nettoyage karmique et les éléments se sont mis aussi sur son chemin pour qu’elle sorte à son tour du monde des efforts ordinaires. Avec elle et les autres animateurs du groupe, nous allons vraiment former une belle équipe pour réaliser le monde du Reiyukai en France.

L’amitié spirituelle, prônée par le Reiyukai, n’est pas un chemin facile. C’est une vraie recherche pour nous ouvrir à la sagesse des bouddhas. Le chemin ne fait que commencer.

Isabelle